Logo

Un autre monde

3 novembre 2022

Semi-Ironman – Serge Schnegg a couru ses premiers Mondiaux sur la distance en Utah, et c’était dément.

C’est un mois d’octobre format mondial que Serge Schnegg a vécu. Le sportif du Tryverdon a enchaîné les Championnats du monde de Xterra, au tout début du mois, en Italie, puis ceux de semi-Ironman (ou 70.3), samedi dernier aux Etats-Unis.

Deux épreuves venues couronner la saison du triathlète d’Yvonand, au départ grâce à ses résultats. «En Xterra, je m’étais qualifié en 2021 pour Maui, à Hawaï. Finalement, et pour la première fois après 25 ans, les Mondiaux ont été déplacés en Italie en 2022. C’est bien aussi, mais ce n’est pas le même cadre, j’étais un peu déçu», reconnaît l’athlète de 57 ans.

Serge Schnegg en a d’autant plus profité de son expérience américaine en «70.3», samedi, lui qui a déjà foulé le sol états-unien à deux reprises pour le Marathon de New York. «C’était là aussi magnifique, les paysages sont fabuleux, les couleurs, et l’organisation est vraiment impressionnante», lance celui qui a franchi la ligne d’arrivée au 82e rang de sa catégorie d’âge.

Il faut dire que rien que pour la course des hommes, le lendemain de celle des dames, il fallait déplacer plus de 4300 concurrents, ainsi que le public, en bus scolaires durant trente minutes jusqu’au départ. Une logistique fantastique, qui marque les esprits. «Des bénévoles passent la journée à récupérer les vélos des coureurs pour aller les ranger en courant. A la fin de la natation, d’autres nous aident à enlever la combinaison le plus rapidement possible. Des choses que l’on ne voit nulle part ailleurs, s’enthousiasme le Nord-Vaudois. En plus, ils sont exubérants, joyeux, nous encouragent sans cesse. C’est génial.»

Arrivé mardi à Saint George accompagné de son épouse, après deux jours à Las Vegas, Serge Schnegg a dû composer avec un rhume et beaucoup de toux. A son étonnement, et malgré le froid inattendu, cela ne l’a pas empêché de faire une bonne course. «En sortant de l’eau, il faisait 6 degrés le matin, alors que j’en attendais 25. Heureusement, j’avais acheté des gants la veille.» Il a avalé les 1,9 km de natation, 90 de vélo et 21,1 de course à pied en 5h09. C’est mieux que ce qu’il pensait faire, en se basant sur le chrono de l’autre régionale en lice, Julie Lachat, réalisé la veille.

Une telle aventure, l’enseignant en sport et en mathématiques à Yverdon, rêve forcément d’en revivre. Et à Hawaï, si possible, où se déroulent chaque année les Mondiaux d’Ironman. «J’aimerais me qualifier une fois, mais pour avoir une chance d’y parvenir, je vais sûrement devoir attendre que je change de catégorie d’âge, en 2025», se projette Serge Schnegg.

En attendant, cet amoureux des efforts extrêmes va axer sa saison 2023 sur le vélo. Lui et son camarade d’entraînement Jean-Claude Rey ont Paris-Brest-Paris, et ses 1200 km d’aventure, dans le viseur.

 

 

Julie Lachat: une expérience de folie

Julie Lachat s’était préparée mentalement à concourir aux Championnats du monde de semi-Ironman avec une température avoisinant les 35 degrés. Il en faisait finalement… 33 de moins, lorsqu’elle s’est jetée à l’eau, vendredi dernier à Saint George. «Je me suis tout de suite dit que ça n’allait pas être une partie de plaisir pour une frileuse comme moi… Quand j’ai plongé dans l’eau, mon bras et ma main droite étaient engourdis par le froid, ce qui m’empêchait de crawler correctement.»

Après 35 minutes de natation durant lesquelles elle a serré les dents, la Chanvannaise a attaqué le vélo en ayant oublié le plus important: ses gants, achetés exprès la veille. «Mes pieds et mes mains étaient gelés. Impossible d’ouvrir ma sacoche de nutrition et ma gourde les 20 premiers kilomètres. Puis, le soleil s’est levé, et quelques belles montées m’ont réchauffée. Je me sentais bien sur le vélo, j’ai roulé à mon rythme, sans me griller. Et les paysages incroyables ont fait passer le temps plus vite.» Elle a ainsi bouclé les 90 km en moins de 3h.

«C’était mon but, donc cela m’a redonné de l’énergie. Même si, au moment d’attaquer la course, j’avais l’impression d’avoir des troncs de baobab à la place des cuisses! Mais j’étais assez sereine, car il s’agit de ma discipline forte.»

Julie Lachat a petit à petit dépassé de nombreuses participantes. «Sur la fin, ça devenait difficile, mon corps en avait marre. J’ai pensé à mes enfants, aux gens qui suivaient ma compétition. J’entendais ma maman et mes amis m’encourager. J’ai savouré ce moment, qui n’arrivera peut-être plus jamais. En atteignant le tapis rouge, j’étais remplie d’émotion et de joie», relate celle qui a terminé son semi-marathon en 1h31.

«Ces Mondiaux ont été une expérience de folie. Pouvoir se comparer aux meilleures femmes dans cette ambiance et ces paysages à couper le souffle était un vrai cadeau. Que je n’aurais pas pu m’offrir sans tous ceux qui ont cru en moi et m’ont soutenue.»

Muriel Ambühl

Manuel Gremion