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Un barrage à la douane de Vallorbe

17 décembre 2013

Les frontaliers ont bloqué les camionneurs pour lutter contre la modification du système de santé.

Certains camionneurs ont mal réagi aux retards engendrés par la manifestation.

Certains camionneurs ont mal réagi aux retards engendrés par la manifestation.

Déterminés. Voilà l’état d’esprit de plusieurs dizaines de manifestants qui ont bloqué, durant 24 heures, la douane de Vallorbe. Depuis trois heures, lundi matin, les collectifs «frontaliers et citoyens soyons solidaires» et «bonnets rouges frontaliers» bravent le froid du Haut-Doubs pour défendre les intérêts des frontaliers et des zones limitrophes. Depuis plusieurs mois, ces associations multiplient les manifestations pour faire entendre leur désaccord quant à la suppression du droit d’option en matière de santé (voir l’encadré).

Les manifestants se sont relayés pour bloquer le passage des camions.

Les manifestants se sont relayés pour bloquer le passage des camions.

L’opération de ce début de semaine a pris la forme d’un barrage à la douane de Vallorbe. Tous les camions de marchandises sortant de la Suisse étaient arrêtés sur le parking durant une heure. «Nous nous concentrons sur ceux qui alimentent la France, explique Sébastien, un manifestant de 34 ans. Nous voulons pénaliser le pays.»

Bien que la grande majorité des camionneurs se sont montrés cléments et ont accepté de boire un café en attendant de pouvoir continuer leur route, certains ont réagi plus vivement. Les gendarmeries suisses et françaises étaient présentes pour calmer les tensions éventuelles entre les camionneurs et les manifestants.

Les frontaliers recevaient quelques explications, sans être bloqués à la frontière.

Les frontaliers recevaient quelques explications, sans être bloqués à la frontière.

«Le mois de juin sera terrible pour la zone frontalière, s’indigne Stephanie Jouannard, vivant aux Rousses. La région sera désertée, le marché immobilier va prendre une claque et les ménages se retrouveront surendettés, ils n’ont pas pensé à tout ça dans leurs calculs !» Cette mère de famille, dont le mari travaille en Suisse, est prête à tout pour éviter la modification du système de santé. Si la loi est signée, 1500 euros par mois seront nécessaires à assurer la famille alors qu’aujourd’hui 170 euros suffisent. «On ne lâchera pas l’affaire», ajoute-t-elle, obstinée.

 

Suppression du droit d’option

Depuis près de 50 ans, la question de la couverture maladie des travailleurs frontaliers fait débat. Comme expliqué par le Groupement transfrontalier européen, les accords sur la libre circulation des personnes permettent aux frontaliers travaillant en Suisse de bénéficier d’un droit d’option pour les assurances de soins. Ils peuvent, actuellement, choisir de s’assurer auprès du régime fédéral d’assurance maladie (LAMal), du régime général de sécurité sociale (CMU) ou auprès d’une assurance privée. Cette dernière, qui concerne plus de 90% des cas, ne sera plus possible dès le 31 mai 2014. Les frontaliers ayant opté pour l’assurance privée basculeront dans le système de sécurité sociale français, une solution jugée insatisfaisante par les manifestants.

Muriel Aubert