Un beau cadeau pour les pompiers
22 décembre 2015Yverdon-les-Bains – Mary Besson a entrepris différentes démarches pour retrouver les pompiers qui avaient sauvé sa mère Marie-Claire, il y a près de vingt ans, lors d’un grave accident de la route, pour leur dire merci.
Il y avait de l’émotion, vendredi dernier, à la caserne du SDIS Nord vaudois, à Yverdon-les-Bains. Pour les sept anciens pompiers, les retrouvailles étaient aussi fortes qu’inattendues. «Un véritable conte de Noël», lançait l’ancien commandant Daniel Jaccaud. L’épilogue heureux d’une histoire débutée il y a près de vingt ans, le matin du 11 décembre 1996. Marie-Claire Besson rentre alors chez elle, à Yvonand, avec sa fille Mary, qui n’est alors qu’un bébé. La petite pleure. La maman se retourne. Une fraction de seconde d’inattention, la voiture qui se déporte légèrement au centre de la route, un bus qui arrive en face, au même moment. Le choc, frontal, est d’une violence extrême.
Prisonnière de la carcasse
Quand l’équipe d’intervention des pompiers arrive sur les lieux, juste après le passage à niveau de la route Yverdon-Yvonand, ils trouvent la petite Mary, qui a été éjectée de l’habitacle, miraculeusement indemne, dans les bras d’un automobiliste, témoin de l’accident. Pour Marie-Claire Besson, au contraire, la situation est critique. La femme est prisonnière de la carcasse du véhicule. Le bas de son corps a été complètement écrasé. Commence alors une course contre la montre, qui durera près de deux heures. «C’est le genre d’intervention qu’on n’oublie pas», relève Daniel Jaccaud. Même après toutes ces années, chacun des pompiers se souvient avec précision de ce qu’il a fait ce jour-là: de Michel Pittet, qui a maintenu la tête de Marie-Claire durant toute la désincarcération, à Jean-Claude Jaccard, qui a, petit bout par petit bout, découpé à la pince la tôle qui enserrait les jambes de la conductrice.
Enfin dégagée, Marie-Claire Besson sera héliportée au CHUV, où elle sera plongée durant trois semaines dans un coma artificiel. «Mon fémur était en miettes, j’avais perdu une partie de foie et ma rate, tous deux écrasés par le volant… A l’hôpital, il m’ont surnommée la miraculée», se souvient l’habitante d’Yvonand, qui passera plusieurs mois hospitalisée, alignant les opérations. Une épreuve.
Puis la vie reprend ses droits. Marie-Claire Besson décide de recommencer des études et devient assistante sociale auprès du Centre social régional, à Yverdon-les-Bains. Elle ne songe plus trop à cet accident. Mais une autre personne n’oublie pas: sa fille Mary. «Même si je n’ai évidemment aucun souvenir, étant bébé à l’époque, j’y pensais très souvent», confie la jeune vendeuse dans un magasin de motos. «Chaque fois que je passais devant la caserne des pompiers, je me disais que j’aimerais bien rencontrer les hommes qui ont sauvé ma maman.» Puis, un jour, elle se décide à prendre son téléphone et appelle le SDIS, où on lui répond, dans un premier temps, qu’il n’est pas possible de répondre à sa demande.
Une première
Sa déception est de courte durée, car le lendemain, le commandant actuel du SDIS Nord vaudois, Eric Stauffer, la rappelle. Il est effectivement difficile de savoir quels pompiers -aujourd’hui à la retraite- travaillaient ce jour-là. C’est finalement en exhumant les fiches de solde de l’époque qu’Eric Stauffer et son équipe arrivent à retrouver les membres du groupe d’intervention. Une date est fixée pour les retrouvailles: le vendredi 18 décembre. Une belle surprise pour Marie-Claire Besson, qui ignorait les démarches entreprises par sa fille, et qui assaille les anciens pompiers de questions sur le déroulement du sauvetage, dont elle n’a gardé que des bribes de souvenirs. Timide, Mary parle peu. Mais profite de l’instant pour confier aux pompiers: «Je voulais vous retrouver pour vous dire merci. Sans vous, je n’aurais jamais connu ma mère.» Une déclaration qui touche les sauveteurs. «Le geste de Mary nous fait d’autant plus plaisir qu’il est rare, reconnaît Daniel Jaccaud. C’est même la première fois que quelqu’un veut nous revoir… Presque vingt ans après un drame. C’est un cadeau, un véritable cadeau de Noël.»