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Un bel accord conclu autour d’une gratte

1 février 2013

Dans le cadre d’un programme d’échange européen, neuf élèves d’un gymnase musical berlinois sont venus construire leur propre guitare électrique à Yverdon. Leur passage en Suisse s’inscrit dans un projet de plus grande ampleur étalé sur plusieurs années.

Le groupe qui a participé à l’atelier guitare électrique pose fièrement en compagnie , en haut à droite, d’un élève de l’établissement yverdonnois participant au programme d’échange.

Sous l’oeil attentif et avisé de Roland Pierrehumbert, professeur de travaux manuels, des gymnasiens de la capitale allemande ont réalisé leur instrument à cordes dans l’atelier de travaux manuels de l’Etablissement De Félice. Leur venue constitue la première étape d’un projet Comenius, inscrit dans la politique d’éducation et de formation tout au long de la vie de l’Union européenne. au même titre qu’Erasmus. Tout a commencé en novembre 2010, à l’occasion d’une conférence de la Fondation pour la collaboration confédérale (CH-go) a laquelle a participé Estelle Leuthold. Renseignée sur les caractéristiques du programme européen destiné à l’enseignement scolaire, la professeur d’allemand de De Félice, désireuse de tenter l’expérience, a soumis ses intentions à Iris Berger, une amie enseignant le français et l’histoire à Berlin. Son accord ne s’est pas fait attendre. Restait à trouver un autre collègue dont les compétences permettraient de proposer, à Yverdon, une activité propre à servir la démarche d’apprentissage de la langue par la musique, souhaitée par les deux femmes.

Un projet «de qualité»

«Lors d’une séance de la conférence des maîtres, Estelle est venue me voir pour me demander si je ne voulais pas faire des guitares avec des Allemands», relate Roland Pierrehumbert, l’air amusé. L’équipe de l’encadrement, complétée par, une professeur de musique de Berlin et Christophe Auer, son homologue de l’établissement yverdonnois, était formée, encore fallait-il convaincre les responsables du programme d’échange face à d’autres démarches bilatérales d’éducation, une condition pas forcément évidente à remplir, surtout en Allemagne, où Comenius jouit d’une plus grande notoriété que dans nos contrées. «Iris a déposé le dossier à Bonn et moi à Soleure au mois de février de l’année passée. Nous avons attendu six mois avant d’apprendre que notre candidature avait été retenue, de sucroît avec la mention «projet de qualité», s’enthousiasme Estelle Leuthold. Pour obtenir les subventions prévues par le programme, l’implication de vingt-quatre élèves par établissement et la mise en oeuvre de deux échanges de dix jours sur deux ans, c’est-à-dire un déplacement de chaque classe dans l’autre pays sont demandés.

Le fait que seuls neuf Berlinois soient venus à Yverdon ne trahit pas la malhonnêteté des initiants de l’échange. Ils font office de pionniers, actifs sur le terrain, tandis que les autres participants oeuvrent à distance pour alimenter en contenu divers l’espace réservé au projet sur la plateforme eTwinning, une communauté en ligne regroupant les démarches de ce type réalisées aux quatre coins d’Europe.

Sélection sur place

Triés sur le volet durant des tests organisés dans leur fief allemand, les luthiers en herbe ont fait preuve, lors de leur séjour en terres nord-vaudoises, clôturé hier, d’une motivation énorme, contractée par la perspective d’utiliser leur guitare électrique une fois terminée. Le Hans-und-Hilde-Coppi-Gymnasium dont ils viennent ne proposant pas de cours de travaux manuels, l’habileté montrée par la troupe a suscité l’étonnement de Roland Pierrehumbert.

«C’est une très bonne expérience, une bonne opportunité que nous avons. La réalisation de la guitare est difficile mais très divertissante», déclare Tom.

«Il est intéressant d’observer le comportement des élèves en dehors du contexte habituel des cours», constate pour sa part Iris Berger.

Hébergés dans les familles de leurs correspondants de l’établissement yverdonnois, les visiteurs allemands ont eu l’occasion de découvrir la région par le biais de diverses activités, notamment liées aux sports d’hiver, organisées par leurs hôtes respectifs le week-end. Bruno s’est rendu à Lausanne alors que Dominique est allé au Mont-Blanc. Trois familles d’accueil se sont également réunies autour d’une partie de bowling et Lisa a fait une promenade dans la ville.

«Tu peux help me?»

Pas toujours très à l’aise dans l’idiome de leurs interlocuteurs, les participants ont eu recours à diverses astuces pour communiquer. «Ils se débrouillent par exemple en utilisant l’anglais. J’ai souvent entendu des «Tu peux help me» ou «On y go», constate Estelle Leuthold.

Une plus grande cohorte de Berlinois est attendue en juin prochain dans la Cité thermale, à l’occasion de la Fête de la musique. Après un camp de cinq jours aux Rasses, les quarante-huit élèves adhérant aux projets -vingt-quatre Allemands et vingt-quatre Yverdonnois- donneront un mini-concert avec les guitares électriques et lors duquel une chanson maison comprenant une alternance de strophes en allemand et en français va notamment être entonnée. «Nous n’avons pas encore d’indication concrète concernant l’endroit où l’événement se déroulera», précise Estelle Leuthold.

L’échange suivant est d’ores et déjà agendé en septembre de cette année, et les représentants de l’Etablissement De Félice sont attendus pour un séjour de dix jours, ponctué d’un concert, à Berlin en mars 2014.

Ludovic Pillonel