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Un binôme mixte comme ambassadeur du swimrun

22 juillet 2019 | Edition N°2544

Cendrine Gerosa et Philip Morel ont remporté la 2e édition de l’évènement à la vallée de Joux au nez et à la barbe des duos masculins, hier. Dans six semaines, ils s’envoleront pour les Mondiaux en Suède.

«On nous a avertis qu’on avait environ une minute d’avance à la dernière sortie de l’eau. On savait que le binôme de derrière courait plus vite que nous. Ces quatre kilomètres finaux, ça n’a été que de la résistance, rien d’autre. D’ailleurs, heureusement que le segment mesurait plutôt 3,5 km que 4 km, comme indiqué. Sinon…» Sinon, Philip Morel et Cendrine Gerosa auraient sans doute vu leurs dauphins leur brûler la politesse dans l’ultime ligne droite. Leur formidable retour s’est heurté au chrono: il a manqué huit secondes à Nicolas Perrier et Arnaud Bosset pour couper la ligne d’arrivée du Sentier en premier. Pour le spectacle, qu’importe: la 2e édition du Swimrun de la vallée de Joux a eu le droit à un final grandiose.

L’organisation prime

Surtout, cette compétition qui combine six sections de course à pied et cinq de natation à alterner – et à réaliser en duo, sur un total de 14 km – a ça d’original qu’elle n’a pas couronné deux rois, comme c’est le cas dans l’immense majorité des épreuves d’endurance. Les équipes 100% masculines ne manquaient pourtant pas, mais aucun n’a su rallier le Sentier depuis les Charbonnières aussi vite que le binôme Gerosa/Morel. «En fait, ce n’est pas une si grande surprise que ça. Le swimrun est une discipline à part pour cette raison. En étant bien organisé, un duo mixte peut aller presque aussi vite que deux hommes», explique Philip Morel.

Sur le terrain, le couple du Rushteam Ecublens, relié comme tout le monde par un élastique, pouvait donc compter sur une stratégie bien définie: Cendrine prenait la tête des opérations dans l’eau et emmenait dans son sillage son partenaire, tandis que Philip donnait le tempo sur les parties terrestres. En somme, pendant que l’un fournissait un effort important, l’autre pouvait s’économiser. Ou, en tout cas, lever légèrement le pied. Et pendant que d’autres galéraient aux transitions, les Lausannois, parfaitement préparés, creusaient l’écart. «C’est l’avantage de s’entraîner toutes les semaines ensemble. On se connaît, on n’a même pas besoin de se parler. La seule fois où Philip a voulu me dire quelque chose, je lui ai poliment fait comprendre qu’on en discuterait à la fin», sourit Cendrine Gerosa.

Sans rien enlever à leur performance, Cendrine Georsa et Philip Morel profitent aussi du relatif anonymat entourant la discipline.  Hier, une petite cinquantaine d’équipes a pris part à l’épreuve combière, la seule organisée en Suisse romande. «C’est vrai qu’on aurait aimé voir un peu plus d’athlètes. Les conditions étaient parfaites, le parcours magnifiques, c’est dommage», lancent les vainqueurs, sans cacher que le rapport de force n’est pas tout à fait le même lorsqu’ils concourent à l’étranger. «Aux Championnats du monde, les inscriptions sont limitées à 120 binômes. L’année dernière, on s’était classés 30es.»

Adeptes d’efforts extrêmes

Devenus spécialistes de cet effort un peu particulier, les deux Vaudois, qui jouent quelque part un rôle d’ambassadeurs du swimrun dans nos contrées, croiseront de nouveau le fer avec les meilleurs du monde d’ici six semaines. Au programme: un voyage en Suède, 10 km de natation dans la mer Baltique et 65 km de course à pied à travers les îles (dix-neuf à parcourir au total). «Parler de course à pied, c’est un grand mot. Ça ressemble plus souvent à de l’escalade de cailloux», se marre Philip Morel. Un défi extrême qui ne lui fait pas peur. Pas plus qu’à Cendrine Gerosa, d’ailleurs, puisque tous deux étaient sur la ligne de départ de l’Ironman de Klagenfurt (AT) il y a tout juste deux semaines. «La Vallée, c’était notre première course depuis. Le parcours a beau être bien plus court, c’est idéal pour s’entraîner en intensité.» Et pour profiter des rares cadres compétitifs qu’offre le swimrun.

 

Vers une ouverture pour les athlètes individuels

Si le Xterra Swimrun vallée de Joux continuera de faire la part belle aux binômes l’an prochain, l’évènement se verrait bien étendre son offre. Notamment en accueillant les coureurs-nageurs seuls. «On a reçu plusieurs demandes allant dans ce sens cette année. Notre but, c’est d’accueillir un maximum de monde, et non de refuser des sportifs intéressés à participer. Alors on y pense sérieusement», lâche Laurent Ardiet, organisateur de la manifestation.

Avec 46 binômes au départ, la course a connu une légère baisse de fréquentation. Le record de l’an dernier, établi à 1h30’53 par la paire Marc-Antoine Sei et Jean-Marc Rimaud, n’a pas non plus été approché. Cendrine Gerosa et Philip Morel ont en effet franchi la ligne d’arrivée après 1h37’22. Les Françaises Stéphanie Lafay et Sabrina Cenci ont remporté la course chez les femmes en un peu moins de deux heures (1h57’01).

Florian Vaney