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Un budget qui fait débat
La dernière séance de l’année s’est déroulée à La Marive, le château étant investi par le Marché de Noël. r. bx

Un budget qui fait débat

16 décembre 2024 | Textes: Robin Badoux
Edition N°3853

L’organe délibérant de la Ville a accepté le budget 2025 proposé par la Municipalité, à quelques amendements près.

La séance du Conseil communal yverdonnois de jeudi dernier avait relativement peu de points à l’ordre du jour, mais a quand même débordé au-delà de minuit. Et pour cause, il s’agissait pour les conseillers communaux de voter le budget 2025 de la Ville.

Pour rappel, le budget proposé présentait initialement un déficit de 10,2 millions de francs. C’est la quatrième fois consécutive, depuis 2022, que le budget se retrouve ainsi dans le rouge, suscitant des inquiétudes de la part de nombreux conseillers.

En ce sens, les rapports de majorité et minorité de la commission des finances chargée d’examiner le préavis en question reflètent bien la division au sein des membres suscitée par ce budget. Ainsi, sur les huit membres de la commission, la moitié ont signé le rapport de minorité. Le rapport de majorité l’emportant grâce à la présence de la présidente de la commission, Sophie Mayor (V&S), en son sein.

Moins le rouge que prévu

Un rebondissement de dernière minute a néanmoins permis de réduire le déficit proposé par le budget 2025 d’un million de francs. Cela est dû à la baisse de la participation d’Yverdon à la cohésion sociale de 28 630 000 à 27 630 000 francs à la suite des derniers travaux de la commission des finances du Grand Conseil. La Municipalité a alors présenté un amendement au budget qui, sans réelle surprise, a été accepté par 57 «oui», 8 «non» et 21 abstentions. Ce qui n’a pas complètement chassé les craintes des partis opposés au nouveau budget. «Cet amendement ne change pas grand-chose car le déficit reste tellement énorme», a souligné la conseillère communale Apolline Carrard (PLR).

Grincements à droite

Les partis de droite se sont en effet montrés les plus hostiles au budget 2025. Kevin Delay (UDC) juge ce budget inquiétant et irresponsable. «Comment continuer sur cette voie sans compromettre la santé financière de notre ville», a-t-il dit.

Gildo Dall’Agglio (PVL), tout en mentionnant les bonnes nouvelles apportées pour les citoyens, concernant la baisse de l’inflation et du prix des énergies, a souligné un déficit «inacceptable».

De manière générale, les partis de droite n’ont pas proposé d’amendements au budget, estimant qu’un travail de fond est nécessaire.

Les partis de gauche ont en revanche accueilli le budget positivement. «Ce budget 2025 est enthousiasmant, a par exemple déclaré le conseiller communal Julien Wicki (PS POP). Il ne faut pas écouter les oiseaux de mauvais augure qui promettent la ruine de la ville si nous votons ce budget. Ce n’est ni étayé par une analyse sérieuse de la situation, ni par une comparaison intercommunale.»

Le syndic, Pierre Dessemontet, a défendu le budget 2025 en s’aventurant sur le terrain des perspectives, rappelant que la politique de l’équipe en place dans cette législature reste d’investir pour améliorer la compétitivité de la ville et rattraper ses retards structurels, se traduisant  ainsi par une «politique plus libre financièrement». Il a notamment appuyé que l’objectif reste de travailler à l’équilibrage progressif des comptes visant à la stabilité pour la prochaine législature.

Des postes qui inquiètent

La plupart des conseillers communaux se sont mis d’accord sur un point précis: les préoccupations provoquées par l’augmentation drastique du personnel de la Ville de 30,55 ETP (équivalents temps plein), pour atteindre au total plus de 100 postes supplémentaires depuis 2021. «La tendance inquiète», peut-on ainsi lire dans les rapports de majorité et de minorité.

«La Ville préfère augmenter les effectifs plutôt que les prestations offertes à la population et cela ne pose visiblement pas de problème», a par exemple martelé Apolline Carrard au nom du groupe PLR. «Cela risque de péjorer les finances durablement», a à son tour appuyé le conseiller Gildo Dall’Aglio (PVL).

Le syndic Pierre Dessemontet a par la suite tenu à minimiser les craintes du Conseil en affirmant que, en tenant compte de l’inflation depuis 2021, la croissance des charges réelle, budget à budget, est inférieure à la croissance du nombre de postes (augmentation de charges de 18% pour 22% d’augmentation des ETP). «Cela prouve bien que nous avons investi dans des postes de terrain plus que dans des postes à l’abri dans les bureaux.»

Le budget 2025 de la Ville a finalement été accepté par 47 «oui», 31 «non» et 3 abstentions.


La culture à la loupe

Carmen Tanner, vice-syndique et municipale en charge de la Culture, a tenu à clarifier certains points au moment d’aborder le chapitre Urbanisme, ressources humaines, culture, durabilité du budget 2025. Il s’agissait notamment de corriger les chiffres apportés par le rapport de minorité de la commission des finances, et qui semblait montrer une augmentation des dépenses allouées à la culture. Alors que le rapport prévoyait une augmentation des subventions de 22 000 francs, le budget 2025 prévoit en réalité une baisse de 42 500 francs, selon Carmen Tanner. Elle admet néanmoins une hausse des subventions depuis 2021, notamment en raison du Covid-19, d’environ 22%. «Les charges du Service de la culture n’ont, elles, augmenté que de 12,3%.» Des coupes spécifiques ont donc été opérées pour garantir la survie des institutions culturelles.

«Ainsi, contrairement à ce qu’on a pu dire ou lire, a-t-elle continué, la culture est donc bien gérée. Gouverner, c’est faire des choix, et nous les avons faits. Certes, dans la douleur, mais aussi pour permettre à d’autres institutions, où les besoins sont avérés, de continuer d’exister.»


Amendements humanitaires

Le budget 2025 proposé par la Ville a reçu un accueil mitigé sur certains points de la part des conseillers communaux. Néanmoins, il n’a été que peu amendé, les partis de droite préférant notamment qu’un travail de fond soit effectué plutôt que d’opérer des amendements «arbitraires et pas forcément à propos», lit-on par exemple dans le rapport de la minorité de la COFI, chargée d’examiner le préavis contenant le budget.

A part l’amendement proposé par la Ville, deux autres ont été proposés par le Conseil.

Le premier, amené par Luca Schalbetter au nom du groupe PS et POP, concerne un montant de 300 000 francs en lien avec la motion visant la gratuité des transports publics pour les jeunes, les seniors et la population précarisée, adoptée le 30 mars 2023. L’enjeu serait alors de favoriser l’entrée en vigueur de cette motion.

La conseillère communale Apolline Carrard (PLR) a appelé à rejeter cet amendement, en raison d’un budget déjà très déficitaire et qu’il ne serait sans doute pas suffisant.

Maude Ehrbar (V&S) a, en revanche, salué cet amendement, notamment en raison de son apport social et écologique.

Brenda Tuosto, municipale en charge des Transports, a appelé à la retenue, arguant que 300 000 francs ne seraient pas suffisants pour permettre d’offrir une gratuité ciblée. Malgré tout, cet amendement a été accepté par le Conseil avec 47 «oui», 37 «non» et une abstention.

Un autre amendement a été proposé concernant le chapitre Durabilité, aide au développement du budget 2025. Déposé par Ella-Mona Chevalley (V&S), il se rapporte à un montant de 30 500 francs, soit un franc par habitant, pour le soutien humanitaire à Gaza. Une proposition saluée par exemple par le conseiller Gaspard Genton (PS POP): «La question est, à la veille de Noël, est-ce qu’on veut, modestement, à hauteur de nos moyens, faire un geste pour dire qu’on ne s’en fiche pas?»

Malgré les oppositions exprimées à droite, où les conseillers estiment que la politique internationale n’est pas du ressort de la politique communale, cet amendement a reçu l’aval du Conseil lors du vote, par 46 «oui», 37 «non» et deux abstentions.