Un café-débat qui en appelle un autre
11 octobre 2024 | Texte: Lena VulliamyEdition N°3807
La rencontre entre les autorités locales et les cafetiers-restaurateurs a laissé ces derniers sur leur faim. Ils ont demandé un nouveau rendez-vous.
Il y aura finalement eu aussi peu de café que de débats, au café-débat entre les cafetiers-restaurateurs yverdonnois et la Municipalité, mercredi après-midi. Le rendez-vous avait été donné à 15h à l’Hôtel La Prairie. Face à la cinquantaine de tenancières et tenanciers d’établissements, le municipal Christian Weiler et la police du commerce étaient présents lors de plus de deux heures trente de rencontre. Si beaucoup de restaurateurs se sont dits déçus d’avoir donné de leur temps pour une conférence plutôt que pour la discussion qu’ils attendaient, le contact a au moins été renoué et le municipal a promis qu’un nouveau rendez-vous serait agendé.
Pour mémoire, la Passerelle a été créée en 2011 avec pour objectif d’améliorer la communication entre les tenanciers d’établissements publics et le Service de la sécurité publique, mais aucune rencontre de ce type n’avait eu lieu depuis 2018.
Un bilan sur l’énergie
Modérée par le journaliste de 24heures Frédéric Ravussin, la séance était découpée en trois parties et la première a abordé la question de la valeur énergétique. Fabien Poumadère et Philippe von Kaenel, du département commercial et développement au Service énergies d’Yverdon-les-Bains (SEY), ont présenté l’historique de la flambée des coûts de l’énergie. Ils sont aussi revenus sur Eco-PME, le programme de monitorage qui accompagne les tenanciers désirant faire des économies d’énergie pour voir leur facture se réduire. Si certains ont déclaré ne pas pouvoir faire davantage pour économiser, une restauratrice a affirmé avoir réduit sa facture annuelle de 5800 francs en appliquant ces conseils (impliquant les frigos, les robinets, les lumières ou encore le réglage de certaines machines). Certains ont demandé que cette visite soit faite d’office. La tension est quelque peu montée lorsqu’à la question « pourquoi les coûts augmentent-ils toujours ? », il a été répondu que le réseau devait être continuellement entretenu. « De notre côté, nous n’allons pas augmenter le prix de notre pizza parce qu’on a investi dans un nouveau four ; nous n’avons déjà plus de clients ! » s’est indignée une restauratrice. La Ville a en revanche annoncé une bonne nouvelle, à savoir que les coûts devraient diminuer de 10% en 2025 par rapport à 2024.
Vers un changement de paradigme
Il s’est ensuivi une longue intervention d’Olivier Verschelde, professeur à l’Ecole hôtelière de Lausanne (EHL), sur l’évolution de la société et les attentes de la clientèle – sur un système informatique au point, la recherche d’une expérience –, mais aussi du personnel qui, par exemple, ne veut plus effectuer d’horaire coupé ou travailler tous les week-ends et cherche une bonne culture d’entreprise. Tout en soulignant la pénurie de main-d’œuvre, Olivier Verschelde a aussi rappelé qu’engager du personnel avec la fibre hospitalière est primordial. Une tenancière a déclaré que tous ces propos, bien qu’intéressants, étaient déjà majoritairement connus des acteurs de la restauration et que ceux-ci restaient néanmoins sans solution pour appréhender cette période de transition que traverse la branche.
Le troisième volet concernait la concurrence et s’est déroulé en présence du président de GastroVaud Gilles Meystre. Illustrant son propos avec la bande-annonce du film L’aile ou la cuisse, il a notamment expliqué que la concurrence croissante n’était pas un phénomène nouveau, faisant allusion à l’émergence des pizzerias et des restaurants asiatiques à l’époque, et au fast food et au slow food qui s’entremêlent aujourd’hui. L’ancien député au Grand Conseil a néanmoins souligné que le problème était accru dans le canton de Vaud. Parmi les « nuages » qui survolent le métier, Gilles Meystre a mentionné les remboursements des prêts Covid, l’augmentation de la TVA, la fiscalisation des pourboires mais aussi l’accessibilité au centre-ville et le sentiment de sécurité. Cela lui a valu plusieurs « bravo » et « merci » de l’assemblée.