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Un canard menace la faune régionale

31 janvier 2014

Oiseau d’ornement apprécié, le tadorne casarca n’a rien d’un tendre lorsqu’il se retrouve dans la nature. Son arrivée dans le périmètre du lac de Neuchâtel inquiète tout particulièrement les professionnels de la nature.

Les observateurs de cette famille de tadornes casarca, à l’étang de Pré Bovet, sur la Commune broyarde de Grandcour, ont pu se rendre compte de la grande agressivité de la femelle envers les colverts et autres pensionnaires du plan d’eau. Les trois cannetons nés l’an dernier, n’ont pas survécu aux attaques des goélands.

Les observateurs de cette famille de tadornes casarca, à l’étang de Pré Bovet, sur la Commune broyarde de Grandcour, ont pu se rendre compte de la grande agressivité de la femelle envers les colverts et autres pensionnaires du plan d’eau. Les trois cannetons nés l’an dernier, n’ont pas survécu aux attaques des goélands.

Vingt-deux tadornes casarca. Ce chiffre articulé lors du dernier recensement international des oiseaux d’eau concernant le lac de Neuchâtel établit un nouveau record pour une espèce que l’on rencontre normalement plus à l’est (de la Roumanie à la Chine) à l’état sauvage. Bien que présent en nombre confidentiel, ce canard met les spécialistes de la faune de la région aux abois car sa prolifération pourrait avoir des conséquences tragiques sur les animaux du Nord vaudois.

«Le tadorne casarca est une espèce très agressive qui fait le vide autour d’elle. Il n’hésite à nicher dans des endroits réservés à d’autres oiseaux de la faune locale», indique Michel Antoniazza, collaborateur scientifique du Groupe d’étude et de gestion de la Grande Cariçaie. En guise d’exemple, l’expert cite un couple ayant élu domicile dans un nichoire à chouettes hulottes en 2012, sur le périmètre de la Commune broyarde de Chevroux. «La ponte a été éliminée d’entente avec la conservation de la nature. Trois cannetons de cette espèce, probablement issus des mêmes parents, ont vu le jour l’année dernière sur le site de l’étang de Pré Bovet, à Grandcour, mais ils ont été la proie des goélands », relève-t-il.

Derrière son air innocent, le tadorne casarca est un péril pour les autres oiseaux.

Derrière son air innocent, le tadorne casarca est un péril pour les autres oiseaux.

Même si, pour l’heure, aucun cas de nidification n’a été répertorié dans la région, Michel Antoniazza signale l’observation d’un couple à Ferreyres. «Ils ont été vus près d’une cheminée. Peut-être étaient-ils à la recherche d’un endroit pour pondre», commente-t-il.

Oiseau d’ornement apprécié, le tadorne casarca figure sur la liste des espèces animales non indigènes dont l’importation et la détention sont soumises à autorisation. «Berne nous demande d’éliminer les représentants de cette espèce. La station ornithologique de Sempach nous a également transmis un avis concernant ce canard. L’Etat de Vaud a pris acte de ces communications», indique Pierre Henrioux. Le surveillant de la faune pour la région d’Yverdon et la Broye tient toutefois à souligner les difficultés liées à l’éradication de ce canard. «Il y a un nombre réduit d’individus et ils ne se trouvent pas fréquemment à distance de tir. En outre, les coups de feu dérangent les autres espèces animales», précise Pierre Henrioux. «Nous intervenons donc dans la mesure du possible sitôt que deux oiseaux sont vus ensemble, afin d’éviter leur reproduction », conclut-t-il.

 

Un rival pour les animaux domestiques

Encore peu représenté dans le périmètre du lac de Neuchâtel, le tadorne casarca compte une population forte de plus de 700 individus sur le lac de Constance. Sa présence est également importante du côté du lac de barrage de Klingnau, dans le canton d’Argovie, où des tirs importants sont effectués. Selon certains témoignages, la forte concentration de ces volatiles serait nuisible au bétail en plus d’exercer une pression sur la faune locale. En effet, la gloutonnerie du tadorne casarca mettrait à mal les ressources en herbe à disposition des animaux de rente. Menace pour la faune sauvage et domestique, ce canard invasif n’en demeure pas moins un bel oiseau. Ainsi, le spécialiste Michel Antoniazza avoue être habité d’un sentiment ambivalent envers «cette superbe espèce» au caractère si belliqueux. «Nous allons devoir vivre avec et intervenir lorsque des préjudices seront constatés », prévoit-il.