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Un Chavornaysan à la conquête de la livraison 2.0
Chavornay, 12 juin 2020. Roads, ici chez Top Chef à Champagne, Senef Alic. © Michel Duperrex

Un Chavornaysan à la conquête de la livraison 2.0

15 juin 2020 | Edition N°2743

Transport – Senef Alic compte bien révolutionner la façon dont nous expédions nos colis, grâce à son application inspirée d’Uber. Un nouveau venu que les acteurs du marché ne prennent pas à la légère.

Senef Alic l’annonce d’emblée: «Mon objectif, c’est de développer l’entreprise dans le monde entier. J’y crois dur comme fer.» Et pour atteindre son but, le Chavornaysan d’origine compte sur l’application qu’il a créée en 2019, Roadz. Le principe est simple: un client privé ou une entreprise propose une course à un prix défini par l’application, un livreur – également professionnel ou privé – s’annonce pour la mener à bien et le client peut choisir parmi ceux qui ont présenté leurs services. Et Roadz empoche une commission au passage, dont le montant est tenu secret. De la clé oubliée au chalet de vacances à l’armoire à déplacer lors d’un déménagement, toutes les courses peuvent être proposées sur Roadz.

Après 15 ans dans la logistique, Senef Alic a lancé son appli en 2019. «ça a mieux marché que ce à quoi je m’attendais, lance l’entrepreneur. On compte plus de 1000 chauffeurs et environ 800 clients.» Contrairement à Uber, dont le trentenaire s’est inspiré, Roadz ne s’appuie pas uniquement sur des privés. À l’image des Caves de la Côte qui fournissent des courses régulières ou du transporteur Planzer.

Autogoal pour les transporteurs ?

L’industrie du transport ne s’inflige-t-elle pas un autogoal en s’associant à une entreprise qui ouvre son marché aux privés? «On ne s’improvise pas livreur, avertit Jean-Luc Pirlot, secrétaire général de la section vaudoise de l’Association suisse des transports routiers. Cependant, je ne vois pas cette application comme une concurrence, mais comme un outil complémentaire, notamment pour éviter les retours à vide. Attention toutefois à ne pas le prendre à la légère, même si les clients préférant cette voie devraient rester marginaux durant quelques années. Le monde du transport doit s’adapter.»

Sous peine de connaître les mêmes difficultés que les chauffeurs de taxis lors de l’essor d’Uber. À La Poste aussi, on ne sous-estime pas l’application du Chavornaysan. «Malgré notre position de leader, nous sommes conscients de ne pas être seuls sur le marché, indique Tiziana Boebner, responsable communication du géant jaune. Nous développons continuellement des projets pilotes.»

Mais le Chavornaysan met en garde: «Dès que je leur raflerai de gros clients, je vais les déranger, c’est sûr!»

Massimo Greco