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Un collectif investit le Cinéma Royal
Sainte-Croix, 18 décembre 2019. Cinéma Royal, "Panthographe" Pilou et Ondine. © Michel Duperrex

Un collectif investit le Cinéma Royal

20 décembre 2019
Edition N°2650

Sainte-Croix – Après avoir occupé l’ancienne usine Reuge, le Pantographe, qui promeut un mode de vie alternatif, a été accueilli par Adeline Stern, l’exploitante du cinéma. Ils ont ouvert une permanence dans l’annexe de l’édifice.

Il est environ 17h ce jour-là, lorsqu’on arrive à l’improviste au Cinéma Royal, à Sainte-Croix. Un peu surpris par notre venue, Ondine Yaffi et Gilles, alias Pilou, Strambini nous offrent un café avant de nous inviter à nous asseoir dans l’un des canapés. Depuis près de deux semaines, le collectif du Pantographe occupe les lieux, après avoir été expulsé de l’ancienne usine Reuge, située à la rue des Rasses. Désormais, ses membres assurent une permanence tous les soirs de 15h à 20h, dans l’annexe du cinéma.

Cela fait une douzaine d’années que ce groupe occupe des sites industriels désaffectés et propose des concerts, des créations artistiques, ainsi que des ateliers. Durant dix ans, ils ont organisé plusieurs évènements culturels dans l’usine Junker, à Moutier dans le Jura bernois, avant d’être chassés par l’entreprise propriétaire Tornos.

«C’était une belle époque et un lieu incontournable, se souvient Louis*, un ancien membre du collectif qui préfère garder l’anonymat. On était une vingtaine de personnes à graviter autour du Pantographe. Mais petit à petit, il y a eu certains désaccords et des conflits de pouvoir autour des intérêts du couple formé par Ondine et Pilou.»

Selon les principaux intéressés, tout le monde est le bienvenu, mais ce mode de vie exige une certaine prise de risques. «On a aménagé notre quotidien de manière à pouvoir assumer nos choix. Vivre en collectif, ce n’est pas toujours facile, mais c’est une grande richesse», assure Ondine Yaffi.

Plainte déposée

Le collectif affirme avoir reçu une plainte pénale de la part de la société du promoteur Jürg Stäubli, qui a aussi agi sur le plan civil. Celui-ci leur reproche d’avoir occupé les locaux de la rue des Rasses sans autorisation. L’homme d’affaires établi à Prangins affirme par écrit: «Je n’ai aucun commentaire à faire, d’autant plus que les squatteurs ont quitté les lieux et, par conséquent, le cas est réglé.»

Dans une lettre ouverte adressée au propriétaire, le Pantographe regrette que Jürg Stäubli n’ait pas pris la peine de discuter avec eux. Pourtant, c’est bel et bien le collectif qui s’est installé dans les locaux désaffectés sans demander la permission au principal concerné. «On ne l’a pas contacté et il s’est senti froissé, reconnaît Ondine Yaffi. Mais on ne veut plus être dépendants du bon vouloir d’un propriétaire. On n’a pas le même langage, car on ne fait pas de l’argent et on n’a aucun business plan.» Et Gilles Strambini de renchérir: «Malgré le fait d’avoir une approche illégale, on prône la solidarité et le lien social. On a d’ailleurs été très bien accueillis par les habitants.»

Adeline Stern, l’exploitante du Cinéma Royal, indique: «Je trouve super l’idée qu’ils prennent le temps de discuter avec les gens et qu’ils fassent preuve de créativité.»

Quant à la Commune, elle considère que le litige qui oppose le collectif au propriétaire est une affaire privée. «Nous avons eu très peu de contacts avec Le Pantographe, car ses membres sont assez discrets. Il était toutefois important d’établir le dialogue, indique Cédric Roten, syndic de Sainte-Croix. Toutefois, nous avons un rôle d’observateur et devons nous assurer qu’ils respectent les normes de sécurité.»

*Prénom d’emprunt

Une pétition pour un espace culturel

Une pétition pour la création d’un espace culturel à Sainte-Croix a été lancée hier par l’association Allant Vers. Les signataires de cette missive demandent aux autorités de Sainte-Croix et aux propriétaires de friches industrielles de mettre en œuvre tout ce qui est possible pour permettre au collectif de développer ses activités dans la région. «Personnellement, je trouve qu’il y a un réel besoin de proposer des locaux pour un lieu alternatif. On pourrait organiser des ateliers communautaires», suggère David Kummer, l’un des initiateurs de la pétition.