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Un débat qui brasse beaucoup de vent

16 janvier 2012

Les Sainte-Crix ont profité en masse des occasions de s’informer une fois de plus sur le futur parc éolien. Partisans et opposants restent campés sur leur position. Une votation consultative les départagera le 5 février prochain.

Florence Schmidt, responsable du d0maine éolien chez Romande Energie, Pierre-Alain Urech, directeur général de Romande Energie, Jacqueline de Quattro, conseillère d’Etat, Franklin Thévenaz, syndic de Sainte-Croix, Béatrice Métraux, conseillère d’Etat, et Roger Nordmann, conseiller national, tous réunis pour convaincre les Sainte-Crix du bien-fondé du projet de parc éolien.

Florence Schmidt, responsable du d0maine éolien chez Romande Energie, Pierre-Alain Urech, directeur général de Romande Energie, Jacqueline de Quattro, conseillère d’Etat, Franklin Thévenaz, syndic de Sainte-Croix, Béatrice Métraux, conseillère d’Etat, et Roger Nordmann, conseiller national, tous réunis pour convaincre les Sainte-Crix du bien-fondé du projet de parc éolien.

«Les éoliennes ont complètement divisé les gens dans notre village.» Guy Froidevaux, forestier et bûcheron, témoignait mardi dernier de sa difficulté à vivre non loin des éoliennes du Peuchapatte. Il s’est plaint du bruit qui le rend «sonné» lorsque le vent souffle quinze jours d’affilée, mais aussi des conflits qui perdurent même une fois les machines installées: «Ceux qui touchent de l’argent peuvent au moins se consoler de ne pas réussir à dormir.»

Prêts à se battre jusqu’au bout

Les conseillers communaux sainte-crix, eux, lorsqu’ils avaient plébiscité, le 21 février dernier, un référendum spontané au règlement communal «Eoliennes: pour nos enfants, soyons fiers de nos ressources», espéraient au contraire ramener ainsi la paix dans le village une fois le scrutin passé. Mais aux termes des débats organisés cette semaine, mardi par les opposants au parc, mercredi et jeudi par les partisans, rien ne paraît moins sûr. Applaudissements nourris, sifflets ou encore murmures sceptiques, le public a réagi de manière émotionnelle.

L’ancien municipal socialiste Hugues Gander s’est interrogé sur le calendrier prévu pour réaliser ce projet. Philippe Gmür, chef du Service du développement territorial, n’a su préciser l’influence qu’aura le résultat du vote sur la planification, vote qui, pour rappel, n’aura qu’une valeur consultative.

La conseillère d’Etat Jacqueline de Quattro a, pour sa part, souligné qu’il lui serait difficile d’imposer ce projet aux Sainte-Crix si ces dernier le rejetaient à l’unanimité. Une réponse qui reste bien floue et qui ne satisfait pas du tout Olivier Lador, président de l’Association pour la sauvegarde de la Gittaz et du Mont-des-Cerfs. A la question du conseiller communal socialiste Pierre-Alain Gerber de savoir s’il respecterait la décision du peuple si ce dernier montrait son soutien à l’énergie éolienne, il n’a été on ne peut plus clair: «Jacqueline de Quattro a affirmé par le passé que même si les Sainte-Crix refusaient les éoliennes, cela ne l’empêcherait pas de les construire. Je ne vois pas pourquoi je serais tenu de respecter le résultat sorti des urnes, si le Conseil d’Etat ne le fait pas. Je poursuivrai mon combat jusqu’au Tribunal Fédéral.»

Accepter des sacrifices

Deux camps à Sainte-Croix donc, qui ont organisé chacun leur séance d’information. «J’ai envie de m’adresser aux jeunes adultes. Ne vous précipitez pas pour détruire notre patrimoine naturel le tout pour quelques cacahouètes de kWh. Attendez dix ou vingt ans, le temps que d’autres techniques arrivent à maturité», a clamé Olivier Lador, organisateur de la première conférence. Son invité, Philippe Roch, auteur du livres «Eoliennes, des moulins à vent?», a dénoncé la démesure de ces machines qui, selon lui, n’ont de place que dans une zone industrielle.

«Au départ, je pensais que les éoliennes seraient une bonne chose pour ma région. On nous avait dit qu’on ne les entendrai pas, mais c’est l’enfer. Je préviens maintenant les autres de ce qui les attend», a souligné Patricia Hoffmeyer, habitante de Saint-Brais. Un témoignage parmi d’autres remis en question, notamment par le maire de Saint-Brais. «Nous n’avons constaté aucune perte sur les bâtiments. Et de nouvelles maisons ont même été construites», a-t-il répondu, se voulant rassurant pour ceux qui craignent une dévaluation de leurs biens immobiliers.

Les pro-éoliens, eux, recevaient le conseiller national Roger Nordmann, également président de Swissolar, qui a rappelé l’importance et la complémentarité des énergies renouvelables: «Je ne conteste pas qu’un paysage est plus beau et plus silencieux sans éolienne. Mais il y a une pesée d’intérêts à faire.» Son conseil: devenir des pionniers pour le Canton de Vaud et accepter quelques petits sacrifices pour sortir du nucléaire. Reste à savoir si les Sainte-Crix l’entendront. Début de réponse le 5 février.

Des éoliennes qui font polémique depuis 14 ans

1997: Premier projet de parc éolien à Sainte-Croix.

Juillet 1999: Crédit complémentaire d’étude accordé par le Conseil communal.

Août 1999: Référendum contre ce crédit: 61% de «non» aux éoliennes.

Du 8 janvier au 7 février 2011: Mise à l’enquête du plan d’affectation cantonal et de la demande de permis de construire pour un second projet.

21 février 2011: Référendum spontané au règlement pro-éolien de la Commune plébiscité par le Conseil communal.

15 mai 2011: C’est à cette date qu’aurait dû avoir lieu la votation autour des éoliennes à Sainte-Croix. Mais des opposants au projet ont fait recours contre la procédure appliquée par la Municipalité pour organiser une consultation populaire, recours rejeté le 14 avril par le Tribunal cantonal, et le 21 juillet par le Tribunal Fédéral. Le scrutin a dû être reporté.

4 janvier 2012: La Municipalité de Sainte-Croix annonce que le projet de parc éolien est modifié, passant de sept à six éoliennes.

5 février 2012: Votation communale relative au projet de parc éolien de Sainte-Croix.