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Un dixième titre national consécutif pour marquer l’histoire

4 février 2015

Badminton – Phénomènes du mixte helvétique, l’Yverdonnois Anthony Dumartheray et la Chaux-de-Fonnière Sabrina Jaquet sont invaincus, aux Championnats suisses, depuis 2005. Personne ne dit que cela va s’arrêter là.

Anthony Dumartheray et Sabrina Jaquet posent avec leurs dixièmes médailles d’or nationales mixte au Centre sportif de Thalmatt Herrenschwanden, à quelques kilomètres de Berne. © Lionel Pittet

Anthony Dumartheray et Sabrina Jaquet posent avec leurs dixièmes médailles d’or nationales mixte au Centre sportif de Thalmatt Herrenschwanden, à quelques kilomètres de Berne.

L’exploit pourrait bien être unique dans l’histoire du badminton helvétique. A respectivement 26 et 27 ans, l’Yverdonnois Anthony Dumartheray et la Chaux-de-Fonnière Sabrina Jaquet ont remporté leur dixième titre national consécutif, en mixte, le week-end dernier. Au Centre sportif de Thalmatt Herrenschwanden, le Nord-Vaudois et la seule représentante suisse aux Jeux Olympiques de Londres reviennent sur leur histoire commune, des sacres aux tournois internationaux.

Vous avez remporté votre dixième titre national consécutif. A-t-il une saveur un peu particulière?

Anthony Dumartheray: On était contents, bien sûr. J’ai lu que personne n’avait réussi ça, dix victoires de suite dans une même catégorie. Donc, bien sûr, on y pense un peu, on se dit que ce serait dommage de ne pas y arriver.

Sabrina Jaquet: Le record, c’était neuf?

AD: Je crois, oui. En son temps, Thomas Wapp avait gagné dix fois en simple, mais pas de manière consécutive.

SJ: Après le huitième titre, on s’était dit que ce serait bien d’aller jusqu’à dix, un chiffre rond. Et qu’après, on verrait.

Comment avez-vous aborder le tournoi?

SJ: Forcément, on était la paire à battre…

AD: Toutefois, on ne partait pas en se disant que c’était d’ores et déjà gagné. Même si les gens, depuis quelques années, disent que le titre nous est promis: «Ah, en mixte, il y a Sabrina et Anthony, on n’a aucune chance.»

SJ: Cette fois, Céline Burkart et Olivier Schaller, deux jeunes internationaux qui ne s’entraînent que pour le mixte et qui ont un vrai projet , étaient vraiment là dans l’idée de nous battre. Mais ils ont été éliminés en demi-finale.

Avez-vous eu des matches difficiles durant le tournoi?

SJ: Ça a été assez facile, mais parce que nous avons super bien joué. Par exemple, nous avons pris la finale très au sérieux, contre Christian Bösiger et Sanya Herzig.

AD: Nous avons vite identifié la tactique à adopter et cela a tout de suite marché.

SJ: Nous avons gagné 21-10 21-10, pour notre titre numéro dix. C’était un joli clin d’oeil! (Rires)

Comment avez-vous préparé la compétition?

AD: On s’est entraînés… aux Championnats suisses de l’année dernière! (Rires) Depuis, nous n’avions plus joué ensemble. Moi, je ne dispute même plus le mixte en interclubs.

SJ: Moi oui, avec mon équipe en France. Et puis, nos automatismes sont toujours là. Nous avons joué longtemps ensemble, à un niveau plus élevé que celui des Championnats suisses, et je pense que notre expérience paie.

AD: Même si on ne s’entraîne plus ensemble, on ne se marche jamais dessus, contrairement à certains autres binômes.

Après avoir évolué ensemble à l’international pendant une demi-douzaine d’année, vous avez tourné la page en 2013. Cela se ressent-il sur votre niveau de jeu?

AD: Sur un tournoi comme celui du week-end dernier, on ne s’en rend pas compte. Je dirais que nous avons le même niveau que quand nous avons arrêté.

SJ: Oui. Nous sommes restés «fit» et nous avons tous les deux progressé individuellement sur certains points.

AD: Quant à ce qui est tactique, quand c’est acquis, ça ne s’oublie pas.

Comment a évolué votre relation depuis que vous avez arrêté de parcourir le monde ensemble?

AD: Sur le terrain, il n’y a pas eu de changement: on se dit ce qu’on a à se dire. Après, en-dehors, on se voit moins… On se croise à l’entraînement, mais on ne se parle pas nécessairement à chaque fois. Bon, je ne suis pas toujours très sociable (rires)…

SJ: Avant, bien sûr, on était amenés à manger, à passer du temps ensemble, mais c’est toujours resté assez «professionnel».

AD: On ne s’est jamais dit qu’on allait faire une marche ensemble un samedi.

SJ: Mais on s’entend très bien, c’est ça qui compte!

Que retenez-vous de vos années ensemble à haut niveau?

SJ: C’était super chouette de jouer cinq ou six ans comme ça. Nous avons atteint la 37e place du classement mondial. Il y a d’excellents souvenirs et bien sûr des matches qu’on préférerait oublier, aussi. Peut-être aurait-on pu faire encore mieux si on avait continué, si on s’était concentré sur le mixte uniquement.

Justement, pourquoi avez-vous arrêté?

SJ: A un moment, on stagnait, cela générait une certaine frustration. Pour passer le cap, il aurait fallu être à fond là-dessus et, à ce moment-là, j’ai fait le choix de privilégier le simple, parce que c’était plus facile de se qualifier pour les Jeux Olympiques (elle a participé à Londres, en 2012, ndlr) dans cette catégorie.

AD: C’était plus le choix de Sabrina que le mien, mais je l’ai compris. Je ne lui en ai pas voulu, même si c’était en mixte que j’étais le plus à l’aise et que, du coup, j’étais déçu d’arrêter l’aventure.

Celle-ci continue pourtant au niveau suisse. Avez-vous l’impression d’avoir écrit l’histoire avec ce dixième titre?

SJ: Ça, c’est aux gens de le dire, pas à nous.

AD: C’est clair que ça m’embêterait de voir quelqu’un faire mieux.

Ce qui est assez impressionnant, c’est que votre suprématie dure depuis que vous avez respectivement 16 et 17 ans!

SJ: Oui, c’est vrai qu’on imaginerait pas, aujourd’hui, les jeunes qui ont cet âge-là gagner aux Championnats suisses élite.

Votre premier titre était-il une surprise, en 2005?

AD: Parce qu’on était jeunes, peut-être, oui. Mais on avait déjà terminé troisième l’année précédente, alors on nous attendait un peu quand même.

Allez-vous partir en quête d’un onzième sacre, l’année prochaine?

AD: On n’en a pas encore parlé.

SJ: On n’en parle jamais… Mais pourquoi pas! Nous avons vu que nous avons un peu de marge. Nous jouons plus vite, nous avons une palette tactique plus large et nous avons de l’expérience…

AD: Tant qu’on gagne, on ne devrait pas arrêter. Je n’aimerais pas manquer un titre parce qu’on n’a pas participé. (Rires)

 

D’autres médailles yverdonnoises

Outre le titre d’Anthony Dumartheray, en mixte, le BC Yverdon a récolté quelques autres médailles aux Championnats suisses de La Chaux-de-Fonds, le week-end dernier. Oliver Colin a terminé troisième en simple messieurs, comme Ornella Lanzarini en double avec Céline Tripet (La Chaux-de-Fonds). Corinne Métille et Sarah Golay, elles, ont été chercher une belle médaille d’argent, en double dames.

Quant à Sabrina Jaquet, elle a tout simplement brillé à domicile, s’imposant tant en mixte et en double (avec Ayla Hüser) qu’en simple.

Lionel Pittet