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Un entraîneur satisfait, pas rassasié
© Champi

Un entraîneur satisfait, pas rassasié

31 mai 2018 | Edition N°2257

A peine la saison finie qu’Anthony Braizat a déjà les yeux rivés sur la suivante avec Yverdon Sport. Et il a les idées très claires sur ce qu’il veut comme renforts et comme philosophie de jeu.

Néo-promu en Promotion League, Yverdon Sport a terminé la saison à un bon 3e rang. L’équipe dirigée par Anthony Braizat est toutefois restée à bonne distance (13 et 8 points) du duo de tête composé de Kriens et Stade Nyonnais. L’entraîneur d’YS récemment renouvelé évoque l’exercice achevé et l’avenir.

Anthony Braizat, quel sentiment prédomine à l’heure de dresser le bilan?

Celui qu’on a réalisé une bonne saison. Au premier tour, on a travaillé dans la continuité, alignant la plupart du temps sept joueurs qui faisaient le saut de la 1re ligue. Il a fallu s’adapter à un niveau supérieur, même si on est bien partis, profitant de l’euphorie de la promotion. Le dernier mois de l’automne (ndlr: YS n’a alors engrangé qu’un point en quatre matches, dont de mortifiantes défaites 4-1 à Bavois et 3-4 contre Köniz) nous a empêchés de jouer la montée. Les joueurs étaient alors cuits, physiquement et mentalement. Le résultat de la charge demandée, ainsi que de la répétition et de l’intensité des entraînements. Il faut dire qu’on a augmenté les exigences pour se mettre à niveau. Cela fait partie de l’apprentissage.

L’équipe a paru bien plus en contrôle dès la reprise, début mars.

On a réalisé un second tour cohérent du début à la fin, malgré un groupe réduit. On a raté peu de matches dans l’envie et la détermination. Sur ces points, on a senti une vraie amélioration. Dans cette ligue, tout va très vite, peu d’équipes ont la maîtrise des matches et ça joue box to box. Il faut alors, avant toute chose, posséder une âme de défenseurs.

Justement, l’accent a été mis sur l’assise défensive, après un automne parfois portes ouvertes.

Pour bien attaquer, il faut bien défendre. En début de championnat, on était en délicatesse avec notre ligne défensive. Ce printemps, la présence de François Marque a fait beaucoup de bien. Il a apporté du calme, de la solidité. A ses côtés, Adriano De Pierro a élevé son niveau de jeu et un élément comme Florian Gudit, un teigneux, un aboyeur qui court beaucoup, a tenu un rôle important. A cela, on peut ajouter la continuité du développement de Nehemie Lusuena, l’expérience de Djamal Bindi et, même, la progression d’un Allan Eleouet sur le plan défensif, qui n’est pas sa première qualité. Au finale, tout le monde doit être concerné par l’aspect défensif. On ne peut pas jouer uniquement quand on a le ballon. Pour preuve, on termine le championnat avec seulement la sixième meilleure défense (48 buts contre), alors que Kriens et Nyon, les deux premiers, ont encaissé le moins de goals (31 et 33) du groupe. On sait ce qu’on doit améliorer si on veut prétendre à mieux.

La campagne de recrutement a commencé. Qu’attendez-vous de celle-ci?

D’abord, il nous faut retrouver deux gardiens (ndlr: Dany Da Silva devrait rejoindre le Lausanne-Sport, Ludovic Zwahlen a signé à Echallens). Si possible, un expérimenté et un jeune. Ensuite, on recherche en priorité un milieu extérieur, un «dix» et deux attaquants, ainsi que certainement un demi défensif qui a du vécu. Ça fait du monde. Il faudra faire les bons choix.

Comment gérer l’après-Cissé?

D’abord, ça a été super de pouvoir l’entraîner. Djibril a retrouvé le plaisir – il a d’ailleurs encore envie de jouer –, et c’est donc gagné pour moi. Il a inscrit 24 buts cette saison, qu’il va falloir compenser. Pour cela, il faudra en faire plus. En ce qui me concerne, je veux en priorité des gratteurs, des gars qui courent, qui agressent les adversaires. C’est la base. Pour cela, je peux compter sur un président prêt à investir, mais sans faire n’importe quoi. Il réfléchit bien. Djibril Cissé, c’était avant tout un coup marketing, qui a fait parler d’Yverdon Sport dans toute l’Europe, et qui s’est finalement avéré être un pari gagnant.

Et il y également le départ de Rushenguziminega à compenser en attaque.

Si Quentin a choisi de retourner à Stade-Lausanne, ce n’est pas uniquement pour des raisons financières, mais avant tout pour réduire ses trajets, compte tenu de ses études, ce qui était parfois compliqué pour lui. Cela dit, son départ, ainsi que celui de Dany Da Silva, qui devrait retrouver le football professionnel, prouvent qu’on a fait du bon boulot. Il y a le projet du club, mais aussi ceux des joueurs. On est aussi là pour ça.

Quelle place y a-t-il pour les juniors du club dans ce projet yverdonnois?

Cette saison, Nehemie Lusuena a pu s’établir dans l’équipe, Théo Rochat a également été lancé. Tristan Chavanne cherche, lui, une place dans une équipe M21. Je suis le premier prêt à faire jouer des jeunes. On a d’ailleurs une belle générations de B, que je prends régulièrement aux entraînements. Mais on n’est pas un club comme Servette, avec une filière d’élite. Nos juniors ont encore besoin de progresser pour faire le saut. En ce sens, une promotion de la deuxième équipe en 2e ligue serait une excellente chose. Par ailleurs, mon nouveau contrat inclut le fait que je vais être sur le terrain trois à quatre fois par semaine avec les jeunes. Je les suivrai ainsi de près.

L’équipe a joué dans un système avec quatre défenseurs et, la plupart du temps, trois attaquants. Sera-ce toujours le cas la saison à venir?

On évoluera de la manière dont les joueurs se sentent le mieux. Cela dépendra du recrutement, des associations possibles. Ce pourrait être du 3-5-2 ou du 3-4-3. Dans tous les cas, on va travailler plusieurs options, et les choses doivent être adaptables que l’on soit avec ou sans ballon. Le système, c’est une chose, mais au final, ce sont les joueurs qui font l’animation.

Manuel Gremion