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Un foulard qui dérange
Il est possible de porter le hijab, voile qui couvre la tête, le cou et les épaules, lorsqu’on est élève, mais pas lorsque l’on fonctionne comme collaborateur ou collaboratrice de l’Etat. image prétexte / keystone

Un foulard qui dérange

17 décembre 2024 | Textes: Jérôme Christen
Edition N°3854

Une élève de la HEP en stage au Gymnase d’Yverdon a participé à des cours avec un foulard, puis un turban islamique. Avertie à deux reprises qu’elle ne devait plus arborer de signe religieux, selon l’Etat de Vaud, elle a affirmé qu’elle s’y conformerait. Mais selon le député Fabien Deillon, tel n’aurait pas été  le cas. Le Gymnase et la HEP infirment.

Le député UDC de Prilly était intervenu dans un premier temps par une simple question le 1er octobre dernier, dénonçant le fait qu’une stagiaire de la Haute école pédagogique (HEP ) avait participé à des cours avec le foulard islamique.

Directive sur la tenue vestimentaire

Dans sa réponse datée du 29 novembre, le Conseil d’Etat a répondu que le Département de l’enseignement et de la formation professionnelle (DEF) a rappelé le 3 septembre à la stagiaire-enseignante concernée la directive sur la tenue vestimentaire du personnel de l’administration. Celle-ci précise que «dans leurs relations avec les usagers de l’administration, les collaboratrices et collaborateurs doivent s’abstenir d’afficher des signes de nature à porter atteinte à la crédibilité et à l’image de l’État vis-à-vis de la population, notamment des signes à forte portée symbolique ou révélant ostensiblement une croyance, une appartenance politique ou religieuse».

Le Conseil d’Etat confirme que «cette directive n’a pas été respectée malgré ce premier entretien portant sur cette question. Le Conseil d’Etat déplore cette situation et indique qu’un nouvel entretien a déjà eu lieu et que la stagiaire concernée a confirmé qu’elle se conformerait désormais à la directive. Le DEF y veillera attentivement.»

Le message est-il passé?

Fabien Deillon est revenu à la charge dans une interpellation: il relève que les démarches menées par la direction du Gymnase le 3 septembre 2024 n’ont pas produit les effets escomptés. Si  la stagiaire ne portait plus le foulard islamique, elle portait toujours le turban, ce qui revient quasi au même. Il laisse voir quelques mèches de cheveux. Il affirme que c’était du moins le cas en date du 31 octobre 2024, soit après le nouvel entretien du 29 octobre 2024 avec la direction.

Non-respect du cadre légal

Le député demande au Conseil d’Etat si les motivations de la stagiaire à persévérer dans sa conduite après l’entretien du 3 septembre, puis celui du 29 octobre, sont connues. Il s’interroge sur le fait que la directrice du Gymnase d’Yverdon, à aucun moment n’aurait vérifié que la stagiaire appliquait la directive de la loi sur le personnel depuis le 3 septembre, puis après l’entretien du 29 octobre. Il aimerait savoir si, de manière générale, la direction du Gymnase d’Yverdon fait activement respecter ces directives et si cette pratique de non-respect du cadre légal est une pratique généralisée dans les gymnases et écoles vaudoises. A titre d’exemple, il cite le cas d’une enseignante en informatique du Gymnase du Bugnon qui enseigne depuis plusieurs années en portant un turban islamique.

La réaction du Gymnase et de la HEP

La direction du Gymnase d’Yverdon n’a pas pu répondre à toutes nos questions dès lors qu’elle réserve ses réponses à l’interpellateur. Mais sa directrice Anne Fournand  peut toutefois affirmer que «la personne concernée ne porte plus ni turban ni voile depuis le 2e entretien qu’elle a conduit avec elle et que c’est un fait visible de toutes et tous, ce que confirme également la HEP.

Sa porte-parole précise également que, dans le cas contraire, elle  entraînerait une évaluation négative de la compétence professionnelle: «Agir de façon éthique et responsable dans l’exercice de ses fonctions», ce qui peut impliquer un échec au stage.  De manière générale, la HEP fait savoir que «dans le cadre de leur formation pratique, l’attention des étudiants est attirée sur le fait qu’ils doivent  respecter le cadre réglementaire en vigueur et adopter la posture professionnelle attendue d’un enseignant. Notamment, en matière de neutralité politique et religieuse.»