Emporté par un mur d’eau, Jean-Paul Cochard a été sauvé par un palmier. Le souvenir de ce moment est encore bien présent.
L’ancien commandeur du Grand Apier de Suisse, confrérie qui réunit des apiculteurs, Jean-Paul Cochard a fêté ses 90 ans début décembre. Lorsqu’il évoque le tsunami, il éprouve encore beaucoup d’émotion. Car c’est un véritable miraculé de la catastrophe du 26 décembre 2004. Vingt ans après, les souvenirs sont encore bien présents.
«Je suis allé à dix-neuf reprises en Asie et de nombreuses fois en Thaïlande, la dernière fois en 2019. En 2004, nous sommes arrivés avec ma compagne à la mi-décembre à Khao Lak, avec le projet de rester jusqu’à fin janvier dans le pays. Tout allait pour le mieux. On a fêté Noël le 25 autour de la piscine», se souvient l’apiculteur.
Le 26, les vacanciers ont préparé leurs affaires pour gagner un autre lieu de séjour, près de Pukhet. «Nos valises étaient prêtes et nous sommes partis prendre le petit-déjeuner. Le restaurant était à 500 mètres. de la plage, sur pilotis.» Et de poursuivre: «Il était 8h environ lorsque nous avons senti un léger tremblement. Puis nous sommes retournés à notre bungalow. Le taxi venait nous chercher à 10h.»
Un mur d’eau
De retour au bungalow, situé au bord de la plage, Jean-Paul Cochard et sa compagne sont étonnés de voir les gens, en particulier les employés du complexe hôtelier, courir vers la mer. Ils constatent alors qu’elle s’est retirée sur plusieurs centaines de mètres: «A l’horizon, on voyait une ligne blanche, et près de nous, de gros poissons se débattaient dans la vase. Soudain, quelqu’un a crié: tsunami! Puis go, go! Il y avait au moins 200 personnes, tout le monde s’est mis à courir vers l’hôtel.»
La vague, un véritable mur d’eau, est arrivée: «Je me suis trouvé comme dans un tunnel. A un moment, j’ai émergé et j’ai pu inspirer de l’air. Je me trouvais dans une machine en train d’essorer. A un moment donné, j’ai pu m’accrocher à un palmier. Je me suis enroulé un bras avec une palme. Le pire n’était pas la vague, mais le reflux. C’est d’ailleurs ce qui a fait le plus de dégâts.»
Après une deuxième vague, les choses se sont calmées: «Il y a eu un silence total. Je me suis retrouvé à poil. J’ai été complètement déshabillé. Tout d’un coup, j’ai entendu une voix et un cri d’oiseau. Des gens sont arrivés. Je suis descendu de branche en branche. J’ai repris mes esprits. J’étais terrifié. Ma compagne avait disparu et j’ai le souvenir d’enfants qui jouaient à la plage.»
En sautant de la dernière branche, le Vaudois est tombé sur un grand clou qui sortait d’une planche. L’épaule et le bras avec lequel il avait enroulé la palme au sommet de l’arbre étaient broyés.
Un homme reconnaissant
«Le personnel de l’hôtel est arrivé. Ils m’ont allongé sur une porte, conduit à un pick-up. Par les chemins de brousse, on a pu arriver à l’hôpital de Pang-Na.» Ce n’est que plus tard que l’apiculteur a appris que sa compagne, grièvement blessée, avait été transportée à Bangkok. Tous deux ont été rapatriés quatre jours plus tard via Stuttgart (Allemagne).
«Je tiens à remercier tous ces gens qui ont souffert et qui se sont occupés de nous. Les Thaïs sont des gens formidables, mais aussi le personnel de l’hôpital d’Yverdon, en particulier le Dr Fischer», explique le survivant. Jean-Paul Cochard a participé à la cérémonie marquant le 10e anniversaire de la catastrophe. Et malgré les terribles événements, il est resté très attaché à la Thaïlande et à ses habitants.
Vingt ans après le tsunami qui a fait des milliers de victimes, les chaînes de télévision reviennent sur les événements. «L’émission de W9 m’a fait venir les larmes aux yeux», conclut le Nord-Vaudois.