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Un peintre de Giez à la découverte de la nature d’Israël

10 septembre 2014

L’illustrateur naturaliste Laurent Willenegger a effectué un fascinant voyage dans l’Etat hébreux et en Jordanie, à la rencontre des animaux et des hommes de cette région secouée par la guerre.

Lorsqu’on lui a parlé pour la première fois de ce voyage à la rencontre des oiseaux d’Israël, Laurent Willenegger fut des plus hésitants. Depuis quelques temps, le pays n’est plus que synonyme de guerre et de bombardements. Après réflexion, l’illustrateur de Giez acceptera finalement d’accompagner, à Jérusalem, le Fribourgeois Alexandre Roulin, professeur d’écologie et d’évolution à l’Université de Lausanne, qui mène un programme de préservation de la chouette effraie en Israël. «Plus de 3000 perchoirs ont été installés dans la vallée du Jourdain, explique Laurent Willenegger. Les chouettes y sont notamment utilisées pour chasser les rongeurs (ndlr : chacune peut en manger entre 1000 et 2500 par année) qui détruisent les cultures de la région.»

Vol de 2000 cigognes

Passionné de nature, le Nord-vaudois de 39 ans s’est également laissé convaincre par la perspective de découvrir l’incroyable richesse ornithologique de cette contrée. «On l’oublie souvent, mais Israël est le plus important lieu de passage des oiseaux migrateurs. C’est un hub international, si l’on peut dire. En effet, c’est par millions qu’ils passent par ce coin de terre qui fait le pont entre l’Afrique et l’Eurasie. D’ailleurs, à mon arrivée, j’ai été complètement abasourdi de voir passer un vol de quelque 2000 cigognes. Mais là-bas, personne ne s’extasie, ce n’est de loin pas extraordinaire.»

Dès son arrivée à Jérusalem, à la mi-mai, Laurent Willenegger s’avoue subjugué. Il fait la connaissance du renommé biologiste Yossi Leshem, une sommité en Israël, qui lui fait visiter un petit oasis qu’il a créé, à côté du bâtiment de la Knesset (le Parlement israélien), improbable havre de paix au coeur de la cité, refuge pour les oiseaux, que le scientifique israélien a fait découvrir aux plus grands, notamment au président américain Jimmy Carter. S’ensuivra, pour l’habitant de Giez, un voyage de deux semaines à la découverte, notamment, de la vallée du Jourdain et du désert du Néguev. Un séjour qui se terminera par un court détour de l’autre côté de la frontière, en Jordanie, et dans la mystérieuse cité nabatéenne de Pétra.

Les horreurs de la guerre

«Il y avait un côté un peu dérisoire, souligne Laurent Willenegger, à venir observer des oiseaux, alors que la situation était déjà très tendue.» Jamais le Suisse n’avait vu autant de soldats, d’armes, de matériel militaire. Il y a tous ces check points… «D’un autre côté, il y a une réelle envie de la population de voir autre chose que les horreurs de la guerre. Lorsque je commençais à dessiner, plein de gens venaient vers moi. Ma peinture m’a vraiment servi à créer des liens.»

Laurent Willenegger garde plein d’images lumineuses de ce périple, du sourire des enfants jouant au cerf-volant aux ruines romaines d’Amman, la capitale de la Jordanie, rougeoyantes au soleil couchant. De même, le projet de préservation des chouettes effraies a également pour objectif de rassembler les peuples, faisant collaborer, autour du rapace, Israéliens, Palestiniens et Jordaniens.

«L’oiseau ne connaît pas les frontières, c’est symbolique. C’est à la fois peu, par rapport à cet interminable conflit, et beaucoup.» Des liens se sont créés pendant ce voyage. Laurent Willenegger a gardé des contacts en Israël, qu’il entretient grâce à Internet. Il y aura d’autres voyages. Il en est certain.

 

Conférence le 28 septembre à Montricher

Laurent Willenegger donnera une conférence illustrée sur le thème, «Un peintre dans le désert. Voyage d’un naturaliste en Israël et Jordanie», le dimanche 28 septembre, à 17h, à la Galerie La Chaumière à Montricher. Entrée libre. L’artiste de Giez y expose également des oeuvres sur le Jura jusqu’au 12 octobre. www.wildsideproductions.ch