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Un pré à valoriser
La parcelle en question accueillait une gravière il y a quelques décennies. r. bx

Un pré à valoriser

18 mars 2025 | Texte: Robin Badoux
Edition N°3912

La Commune de Montcherand entend remettre en état une de ses parcelles dont les sols sont aujourd’hui fortement dégradés. La solution de régénération agronomique, présentée par l’entreprise Dynaecosol, active à Bavois, n’a toutefois pas convaincu une partie de la population.

«C’est comme planter un pot de fleurs au milieu du désert», estime Cédric Gottofrey, fondateur de Dynaecosol. Une remarque qui en dit long sur l’état de la parcelle numéro 512, au lieu-dit  «Les Léchères», situé entre le village de Montcherand et l’autoroute A9, le long de la route menant à Valeyres-sous-Rances.

Une parcelle herbeuse présentant aujourd’hui peu d’intérêt pour l’agriculture, que l’entreprise Dynaecosol a proposé de revitaliser en y apportant plusieurs milliers de mètres cubes de matière, issue notamment de la plaine de l’Orbe.

Un champ de cailloux

Pour la petite histoire, la parcelle en question accueillait, dans les années 1960, une petite gravière. Une fois son exploitation terminée, elle a été rebouchée par de la terre végétale sans grand ménagement. Résultat: «Dès qu’on laboure, on sort du gravier, remarque Bertrand Gaillard, syndic de Montcherand et lui-même agriculteur. Il ne reste aujourd’hui qu’une fine couche de terre d’environ 20 centimètres par endroits.»

Soigner la terre

Fortement érodé, le site a, selon Dynaecosol, été jugé apte à recevoir un réaménagement parcellaire par l’état de Vaud, étant donné qu’il a initialement été dégradé par des activités humaines. Spécialisée dans la remise en état de parcelles et la valorisation de matériaux, l’entreprise, qui a son siège à Echallens, mais qui œuvre principalement depuis Bavois, a alors proposé à Montcherand de venir remettre cette parcelle en état.

«L’idée consiste à amener des matériaux en cycle court pour combler les trous et lisser la parcelle, résume Cédric Coquelin, CEO de Terasol, entreprise romande spécialisée dans l’expertise pédologique, et qui accompagne Dynaecosol dans ses projets.

En somme, pour remettre la parcelle en état, l’entreprise entend ouvrir de larges tranchées à travers terre, amener de la matière pour reformer l’horizon C, le sous-sol constitué de matériaux d’excavation, l’horizon B, la couche sous-jacente terreuse, pour ensuite remettre la couche supérieure en place, l’horizon A constitué de terre végétale. Cette couche supérieure est, à l’heure actuelle, la seule présente sur le site. Ce faisant, la parcelle gagnerait plusieurs dizaines de centimètres de sol, surtout de la terre minérale. De quoi retrouver un sol en bonne santé. En procédant ainsi, une bande de terre après l’autre, Dynaecosol remettrait la parcelle en état en deux ou trois ans, en fonction de la météo.

Des «déchets» qui dérangent

Le projet a été présenté jeudi dernier à la population. À noter que le réaménagement de la parcelle avait déjà fait l’objet d’une mise à l’enquête publique en été 2024. Aucune opposition n’a été enregistrée, mais l’ensemble du projet a été revu à la baisse sur recommandation de l’Association vaudoise des graviers et déchets (AVGD), d’où la présentation publique de la semaine dernière.

Une présentation qui n’a pas entièrement convaincu la population. Certains habitants ont signalé des inquiétudes liées à l’ampleur des travaux, les potentielles nuisances, voire leur pertinence. «C’est déjà l’une des meilleures parcelles du village», a par exemple clamé un agriculteur.

Notamment, un imbroglio a vu le jour au moment de décrire la matière qui composera l’horizon C: des matériaux d’excavation que la terminologie présente comme des «déchets». Un terme qui n’a pas plu aux villageois. «En fait, vous venez juste jeter vos déchets ici!» ont lancé certains. «C’est une manière de valoriser des matériaux qui, sans ça, seraient jetés. L’objectif reste d’améliorer la qualité agronomique des sols», se défend Cédric Coquelin. «L’idée, à la base, c’est de réaménager ce site à bon compte. Il y a une opportunité à saisir pour valoriser cette parcelle», a fini par conclure le syndic.

Le projet sera une nouvelle fois mis à l’enquête publique dans le courant de l’année. Dans tous les cas, les travaux ne commenceraient pas avant l’été 2026.