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Un projet qui questionne
La zone de rencontre est prévue entre la barre d’immeubles à gauche et le nouveau quartier à droite.

Un projet qui questionne

30 août 2024 | Texte: Robin Badoux | Photo: Michel Duperrex
Edition N°3778

La Municipalité a présenté mercredi soir à la population les éléments composant le futur projet routier attenant au quartier en construction Clendy- Dessous. Une présentation qui n’est pas allée sans susciter des réactions parmi les bordiers présents.

« Est-ce que cela vous rassure ? » « Non, pas vraiment ! »

La salle des débats de l’Hôtel de Ville d’Yverdon a bien porté son nom mercredi soir. D’un côté, les représentants de la Ville, venus en nombre – étaient présents Carmen Tanner, vice-syndique, Benoist Guillard, municipal, et six personnes des services de la mobilité (MEI), de l’urbanisme (URB) et des énergies (SEY), et un mandataire du bureau Jaquier-Pointet –, de l’autre, une vingtaine de citoyens, pour la plupart bordiers du quartier Clendy-Dessous. L’objectif était de présenter le projet de réaménagement de la rue de Clendy située entre le quartier en construction et la barre d’immeubles existante, en anticipation d’une nouvelle enquête publique.

La Municipalité s’est contentée, dans un premier temps, de présenter les éléments en lien avec la future enquête publique. En somme, la rue de Clendy sise derrière la barre d’immeubles donnant sur la route cantonale sera changée en zone de rencontre – limitée donc à 20 km/h – à sens unique. L’entrée pour les véhicules motorisés se fera du côté du passage sous les voies CFF et la sortie du côté de la route de Payerne. Éléments végétalisés et mobilier urbain sont prévus pour casser la linéarité de la rue et favoriser la baisse de vitesse des véhicules.

Plusieurs places de parc sont prévues pour les personnes en situation de handicap, ainsi que des zones de stationnement temporaire pour les livraisons dans les commerces. L’aire concernée par ce projet s’étend à la fois sur le domaine public, mais aussi sur fonds privés, où des servitudes de passage public seront créées.

«Tout cela a déjà été soumis à l’enquête publique», a alors remarqué une habitante. Les éléments présentés sont en effet en grande partie déjà connus, et intégrés au plan de quartier Clendy-Dessous, déjà passé par la procédure d’enquête il y a plus de trois ans. En réalité, une partie du projet est remis à l’enquête afin de le mettre en conformité avec la loi sur les routes (LRou). La population est notamment invitée à se prononcer sur quelques modifications comme la création de nouveaux blocs végétalisés qui aideront à casser la linéarité de la zone.

Parallèlement, les représentants de la Ville ont brièvement présenté les éléments liés au renouvellement des réseaux souterrains. Des travaux qui ne seront pas soumis à l’enquête. «Il est indispensable, avant de travailler en surface, de renouveler les réseaux qui ont été installés dans les années 1960 et 1970 » , a expliqué André Favre, du SEY. Ce renouvellement concerne la mise en séparatif du quartier (eaux claires et eaux usées), le renforcement de l’adduction d’eau et de la défense incendie, la modernisation des réseaux électriques et l’amélioration de l’éclairage public.

«Ils vont se faire tuer !»

Relativement courte, la présentation a néanmoins débouché sur une bonne série de questions-réponses. Le sujet ayant suscité le plus de réactions était la question de la mobilité douce et de la place accordée aux cycles. Dans le projet présenté, la zone de rencontre permet le déplacement des vélos dans les deux sens de circulation. Un élément problématique selon plusieurs personnes dans l’auditoire. «Ils vont se faire tuer une fois arrivés au carrefour ! » ont clamé certaines personnes. Les éléments de réponse apportés par la Municipalité, concernant notamment l’aménagement d’un îlot sur la chaussée côté Cheseaux-Noréaz pour permettre aux vélos de bifurquer sans encombre vers la zone de rencontre, n’ont pas réussi à calmer les inquiétudes des bordiers, d’où l’échange retranscrit plus haut.

La question du 30 à l’heure a également été soulevée. Une variante peu envisageable selon les représentants de la Ville. « La mixité des usagers et l’étroitesse de la route ne permettent pas cette option » , répond Benoît Corday, responsable de la mobilité du service MEI, qui ajoute qu’il faudrait en plus prévoir la construction d’un trottoir pour les piétons. La zone de rencontre, dépourvue de trottoir, permet a contrario d’obtenir une rue plus large.

Repartis pour deux ans

Le planning intentionnel programme la validation des plans LRou cet automne, avant la mise à l’enquête publique fin 2024, début 2025. La votation du crédit et l’adoption du projet se feraient seulement fin 2025 par le Conseil communal. Avec l’approbation par le Canton et l’appel d’offres prévus pour début 2026, la fin des travaux concernant cette nouvelle zone de rencontre n’est à prévoir que pour l’automne 2026.

Pour rappel, le Plan de quartier Clendy-Dessous a été mis en procédure d’enquête publique en février 2021, à la suite de l’adoption du plan de quartier au printemps 2019 par le Conseil communal. Réalisé sous mandat privé, le projet, dont les travaux vont bon train, voit la construction de neuf immeubles Minergie de 154 logements avec parking souterrain pour les habitants du quartier. Le potentiel estimé est de 250 nouveaux habitants et emplois.

Cette nouvelle mise à l’enquête sera peut-être l’occasion pour certains opposants au plan de quartier de remonter au créneau. Pour rappel, les anciens bâtiments du quartier avaient été occupés illégalement par des militants jusqu’au mois de décembre 2021. «Je pense faire opposition, confie un voisin. Pour moi, il faut créer une rue à 30 à l’heure, parce que la mobilité douce est parfois plus dangereuse lorsqu’elle a la priorité. »