Logo
Un réseau d’opposants pour contrer la 5G à Yvonand
Le gabarit peut sembler très fin, d’ailleurs il est même difficile de l’apercevoir, juste à gauche de la grue. Mais le diamètre de la véritable antenne sera bien plus large et visible depuis les habitations situées aux alentours. © Michel Duperrex

Un réseau d’opposants pour contrer la 5G à Yvonand

3 septembre 2021

Mêlant un combat idéologique à des problèmes bien pratiques, de nombreux Tapa-Sabllias ont manifesté leur désapprobation quant à la construction d’une nouvelle antenne.

Le retour de vacances a été difficile pour la famille Hentzel. Arrivé chez lui de nuit, le couple a eu un sacré choc en ouvrant ses volets le lendemain matin: une grande tige de métal de plus de dix mètres de haut trône désormais en face de sa chambre. «Ça a été comme une agression pour moi», confie Stéphane Hentzel, installé à Yvonand depuis une quinzaine d’années. Avec sa femme Alessandra (sur la photo, à droite), il a tout de suite compris que cette tige annonçait une autre construction métallique, bien plus problématique pour eux, une nouvelle antenne 5G.

Démarre alors une grande aventure: organiser l’opposition face à l’objet mis à l’enquête par Swisscom. «Durant la récolte de signatures, on s’est rendu compte que beaucoup d’habitants n’étaient tout simplement pas au courant de cette construction», relève Alessandra Stoll Hentzel. «Lorsque nous parlions aux habitants, nous nous en tenions uniquement aux arguments factuels, ajoute Roberto Trifiro (sur la photo, à gauche). L’idée était vraiment d’informer la population, pas de la convaincre. Si une personne soutient la 5G, il n’y a pas de souci, on ne va pas chercher à la faire changer d’avis.»

Même sans argumentaire agressif, force est de constater que le message est bien passé, puisque l’opposition collective a obtenu plus de 600 paraphes. «Il s’agit d’une des plus large oppositions de l’histoire du village», confirme Philippe Moser, syndic.

Les opposants ont remarqué les traditionnelles peurs liées à la 5G lors de la récolte: «Le côté esthétique, les risques pour la santé et la potentielle dépréciation immobilière», détaille Sophie Furioux. Mais pour la petite équipe qui a monté l’opposition, le combat n’est pas simplement matériel. «La pose de cette antenne fait résonner d’autre préoccupations préexistantes chez nous, comme la protection de la nature», indique Roberto Trifiro. «Les opérateurs prétendent que ces antennes sont là pour répondre à une demande, ajoute Marc Wettstein. Mais ils ont eux-mêmes créé ce besoin. On ne veut pas aller vers une croissance sans limite. Ce n’est pas la 5G spécifiquement qui nous pose problème. C’est un combat qui est aussi symbolique. Et d’un point de vue plus pratique, la fibre sera installée partout d’ici au printemps. Les habitants du quartier ne bénéficieront donc que peu de l’antenne.»

Le combat face au géant de la télécommunication ne fait que commencer pour les Tapa-Sabllias. Reste à savoir s’il leur permettra vraiment de brouiller les plans de Swisscom.

 

619

Le nombre de signatures récoltées pour l’opposition collective. Parmi celles-ci, 377 viennent directement de la zone proche de l’antenne et environ 500 du village.

 

Berne valide la 5G à pleine puissance

 

Coup dur pour les opposants, l’Office fédéral de la communication a terminé la procédure d’examen des antennes 5G la semaine dernière, indiquant qu’elles «n’émettent leur signal que de manière ciblée, sur les appareils mobiles, et non pas partout dans leurs alentours». Un élément crucial pour permettre aux antennes actuellement limitées (et aux nouvelles constructions) d’être utilisées à plein régime.

Cette puissance maximale ne sera toutefois pas atteinte immédiatement. En effet, les cantons ont jusqu’à la fin septembre pour s’exprimer sur l’autorisation d’exploitation de la 5G.

 

Situation complexe pour la Commune

 

La Municipalité d’Yvonand ne peut pas encore s’exprimer sur le sujet. «Entre les nouvelles conclusions de la Confédération et les craintes étayées des opposants… c’est complexe», résume Philippe Moser, syndic.

Néanmoins, si Vaud confirme les conclusions de Berne et valide la 5G à plein pot, il sera pratiquement impossible pour la Commune de refuser l’antenne par pure idéologie. L’aspect paysager sera donc probablement la meilleure arme des opposants pour empêcher l’antenne de pousser dans leur quartier. À noter que quatre antennes émettent déjà en 5G dans le village, mais elles sont bridées pour l’instant.

Massimo Greco