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Un savoir-faire séculaire perpétué

9 décembre 2015

Yverdon-les-Bains – Leclanché Capacitors continue à exploiter, sur le site de l’avenue de Grandson, des compétences industrielles développées depuis près de cent ans.

Fernanda met ses quinze ans d’expérience au service du bobinage manuel. © Michel Duperrex

Fernanda met ses quinze ans d’expérience au service du bobinage manuel.

Le destin de Leclanché Capacitors est peu banal et cosmopolite, tout comme celui de son directeur, Stephen Fugate. Cet Américain, naturalisé l’an passé, est tombé amoureux de la Suisse et de l’une de ses habitantes lors d’un passage à Sainte-Croix, chez son ami rencontré à Madrid, le brasseur des Trois Dames, Raphaël Mettler.

Mal dans son costume d’enseignant, endossé à l’Ecole technique de Sainte-Croix, suite à son parcours dans les Lettres, Stephen Fugate est retourné au pays de l’Oncle Sam se former dans l’entreprise familiale fabriquant des composants électriques, a roulé sa bosse dans l’informatique, et a fini par lier son avenir professionnel au site de l’avenue de Grandson, en 2002.

Stephen Fugate, directeur de Leclanché Capacitors. © Michel Duperrex

Stephen Fugate, directeur de Leclanché Capacitors.

La restructuration fait alors rage au sein de Leclanché S.A. et la division des condensateurs qu’il dirige est vite priée de se trouver un repreneur. Le divorce avec la maisonmère intervient en décembre 2004. Un groupe du nord de l’Allemagne, Fischer & Tausche, qui lorgne le marché français, où ces produits ont la cote, reprend les rênes. Un accord est trouvé pour garder le nom Leclanché, sur une durée de cinq ans. Celui-ci a, depuis, été conservé, moyennant le paiement de royalties, car sa renommée internationale en vaut la chandelle, selon Stephen Fugate.

Vingt personnes -contre seize en 2004- travaillent aujourd’hui dans l’aile 2 du village Leclanché. Des ressortissants de nombreuses nationalités produisent, de façon semi-automatisée, des pièces aux «applications critiques dans des environnements extrêmes».

Un bon «cirage» sert à sceller le condensateur et à le protéger contre l’humidité. © Michel Duperrex

Un bon «cirage» sert à sceller le condensateur et à le protéger contre l’humidité.

Les condensateurs sont des appareils de stockage d’énergie, à l’image des piles, qui à la différence de ces dernières, peuvent se décharger rapidement, à l’échelle de la nanoseconde. Cette décharge énergétique subite permet d’actionner des mécanismes comme les flashs des avions. Les trains d’atterrissage et les capteurs de glace sur les ailes peuvent aussi en être équipés.

L’aviation n’est de loin pas l’unique domaine où les condensateurs Leclanché Capacitors se sont fait une place. Des robots traquant les fuites et autres anomalies dans les pipelines d’Europe de l’Est en sont aussi équipés, au même titre que les réseaux électriques à haute fréquence d’Autriche, du Brésil, d’Inde et de Russie, des sismographes, mais également des installations ferroviaires en Belgique, en France et en Suisse.

La flexibilité et un savoir-faire développé depuis 1919 permettent à Leclanché Capacitors de tirer son épingle du jeu dans un marché concurrentiel où le nombre de prestataires s’est réduit drastriquement. Stephen Fugate envisage, ainsi, de boucler l’exercice 2015 dans les chiffres noirs, malgré la terrible crise de l’euro du début de l’année.

Ludovic Pillonel