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Un «singe» savant et passionné

24 mars 2016 | Edition N°1709

Motocyclisme – Olivier Chabloz passera les prochains mois sur les routes et les circuits. Durant la belle saison, le Nord-Vaudois, tantôt pilote, tantôt passager, sautera du guidon au «panier», comme d’autres passeront de la grande bière au whisky-coca sur les terrasses: sans transition, avec entrain et conviction!

La complicité entre le pilote (ici Lukas Wyssen, à g.) et son équipier (Olivier Chabloz, à dr.) est le secret de la réussite, en side-car. DR

La complicité entre le pilote (ici Lukas Wyssen, à g.) et son équipier (Olivier Chabloz, à dr.) est le secret de la réussite, en side-car.

La saison d’Olivier Chabloz débutera officiellement en ce week-end pascal, sur le mythique circuit du Mans, à l’occasion de la première manche du championnat de France de sidecar. Il s’agira, alors, d’une première escale dans un calendrier bien rempli, qui devrait permettre au Nord-Vaudois d’avaler tours de pistes et épingles à cheveux, tout en calmant une soif quasiment inextinguible d’adrénaline. «J’ai fait le calcul, si tout se passe bien, j’ai seize week-ends de courses au programme. Les pilotes de Moto GP en ont dix-huit. Ils sont pros alors que je bosse à 100 %», situe-t-il.

Une prestance, une aisance relationnelle, un buste taillé en «V», des bras noueux, un crâne lisse, une moustache guidon saillante, des yeux clairs pétillants, un sourire indéfectible et une poignée de main franche donnent tout de suite le ton: le personnage est atypique, engagé, jovial et haut en couleurs.

Il carbure à la passion

La passion transpire de chacun de ses faits et gestes et au rythme soutenu des syllabes qui coulent en flots. Une passion vive mais pas destructrice. Le pilote-passager s’en défend avec virulence: «On entend souvent dire qu’on (ndlr: les participants aux courses de moto) n’a pas de cerveau, qu’on est complètement fous. Mais je pense plutôt qu’on a un truc en plus. Parce que le commun des mortels sortirait de la route en allant deux fois moins vite que nous», explique-t-il, sans fanfaronner lorsqu’on évoque le facteur «prise de risques». «En t’inscrivant à une compétition, tu as parfaitement conscience que tu ne reviendras peut-être tout simplement pas, ou alors amoché. Tu ne peux pas te permettre de laisser quoi que ce soit au hasard. Tout doit être soigné, réglé. Mais quand tu es en course, que tout marche super bien, c’est super grisant. Ce genre de sensations, c’est pire que l’héroïne, ça te rend complètement accro», prévient-il, le ton tout à coup beaucoup plus solennel. Puis, pris par l’émotion il enchaîne: «L’an dernier, en Autriche, lors d’une course de côte à laquelle je participais, un motard local s’est tué. Une sortie de route à plus de 250 km/h, il y a des probabilités que ce soit fatal. Mais on le sait. En course en côte, on n’est jamais à 100%, on garde toujours 3-4 % en réserve», prévient l’habitant de Novalle, comme pour exorciser le mauvais sort.

Conscient, méticuleux, Olivier Chabloz n’en demeure pas moins un acharné. Tombé de son panier la semaine dernière lors d’essais libres en France, le Chat a tourné la page rapidement. «Mon pilote, Lukas Wyssen, était mal, il s’est platement excusé. Mais franchement, en side-car, c’est difficile de vouloir distribuer les responsabilités, lorsqu’il y a un pépin. On est un équipage à trois, on forme un trinôme indémembrable avec le pilote, le singe (ndlr: le passager) et la machine. S’il y a accident, c’est que le trinôme a fait une erreur. Point barre». Car en side-car, il est avant tout question de confiance mutuelle. Un sentiment qui croît au fur et à mesure que la relation d’amitié grandit. «Celui qui est au guidon tient 80% de la destinée de l’équipage entre ses mains, son singe 20%», estime Olivier Chabloz.

Un numéro d’équilibriste

Alors qu’il passe allégrement du side-car à la moto, de l’équipe au solo, Olivier Chabloz estime que l’exercice est plus exigeant sur le plan mental que sur le plan physique. «Bien sûr qu’il faut être affûté! Mais je le suis! Lorsque j’ai été engagé comme passager de Lukas Wyssen, Rolf Biland (ndlr: multiple champion du monde de la discipline), son conseiller, m’a dit: si tu perds 5 kg, on gagne cinq chevaux. J’ai perdu 7 kg depuis, et je veux arriver à 10. C’est mon objectif. Je fais deux entraînements de boxe par semaine, au Phénix Boxing Gym, à Orges», rappelle-il avant de décliner poliment un biscuit offert par la barmaid. Véritable couteau suisse du sport, Olivier Chabloz est passé par la lutte et le VTT, notamment. «C’est à mon parcours sportif que je dois l’acquisition et le perfectionnement de mes réflexes», estime Astérix, comme on le surnomme.

Les mille vies d’Olivier Chabloz

Le Nord-Vaudois sera engagé sur cinq fronts en 2016. Il participera, ainsi, à trois championnats différents en side-car et à deux autres en moto. «Je disputerai le championnat européen et trois épreuves du championnat du monde sur piste avec Lukas Wyssen. Dans le panier, Astérix secondera également son vieux copain Pascal Gassmann, en championnat de Suisse de montagne. Une compétition sur laquelle il s’alignera également au guidon. «C’est là qu’il faut être fort mentalement. Je switche lorsque je change de bottes», prévient celui qui arpentera encore en solo les tronçons du championnat d’Europe de montagne.

Repas de soutien le 2 avril à Concise

Pour financer en partie sa saison, Olivier Chabloz oragnise un souper de soutien à la grande salle de Concise, le 2 avril prochain. Pour 60.- par personne (30.- pour les ados, gratuit pour les enfants), Astérix propose un programme copieux. De 16h à 17h46 (cherchez l’allusion), il y aura une conférenc esur le Tourist Tophy 2015 (ndrl: la fameuse et somptueuse course de l’Ile de Man), puis une présention du Swiss Moto Legend Trophy 2016. Apéro, raclette, dessert et café son évidemment compris dans le prix.

Renseignements et inscriptions à effectuer par mail ou téléphone: crt@bluewin.ch ou 079/654 16 40

Marc Fragnière