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Un touche-à-tout du crime devant le Tribunal
Un Albanais doit répondre d'infractions à la Loi fédérale sur les stupéfiants, incitation à la prostitution et contrainte.

Un touche-à-tout du crime devant le Tribunal

8 mai 2019 | Edition N°2493

Un quadragénaire était entendu hier par la Cour correctionnelle de la Broye et du Nord vaudois. L’ancien habitant de Chavornay est accusé d’avoir été actif dans le milieu de la drogue et de la prostitution. De plus, il aurait proféré des menaces et des injures.

La justice lui reproche d’avoir trafiqué de la drogue – de la cocaïne, de l’héroïne et de la marijuana – entre l’Albanie, l’Italie, l’Espagne, la Hollande et la Suisse. On l’accuse aussi d’avoir contraint à la prostitution et menacé une Roumaine à qui il avait fait miroiter un travail en Suisse. Et il aurait également drogué sa voisine, dans le but de pouvoir procéder à des attouchements, voire plus. La liste des faits qui lui sont reprochés est longue. Pourtant, l’homme qui comparaissait hier devant le Tribunal de la Broye et du Nord vaudois nie tout en bloc. Pour le prévenu d’origine albanaise, les sept pages de l’acte d’accusation ne reflètent que mensonges et manipulations. Le quadragénaire, déjà condamné à cinq ans de prison en Macédoine pour trafic de stupéfiants, n’a admis que quelques faits, prouvés par l’accusation, devant la cour correctionnelle, mais en les minimisant toutefois.

Il contredit les preuves

Selon ses dires, il n’a rien fait et est emprisonné à tort depuis un an à la Croisée, à Orbe. Mais pour le Ministère public, qui s’est appuyé sur des faisceaux d’indices et quelques preuves, les faits sont clairs. Il a notamment présenté à la cour des écoutes téléphoniques où la voix du prévenu est reconnaissable et des messages dont personne d’autre que lui ne peut être l’auteur. Face à ces éléments, le prévenu a tout de même prétendu que lorsqu’il parlait d’herbe, il ne faisait pas référence à de la marijuana, mais à de l’herbe pour les ruminants. Et devant les messages trouvés sur ses téléphones où il menaçait ses victimes de les violer et de leur casser les dents, il a affirmé que ce n’est pas lui qui les avaient écrits mais sa femme.

Sur dénonciation d’un paysagiste qui effectuait des travaux dans le jardin d’une maison qu’il occupait à Chavornay, la police a retrouvé un bocal enterré contenant 250 grammes de cocaïne pure à 14,4%, avec ses empreintes sur l’emballage. Là, difficile de nier, alors il admet. Mais il n’a revendu que 25 grammes. Pour le reste, ce n’est pas lui. Il serait victime d’une machination, fomentée par son ex-épouse, sa deuxième ex-femme et toute leur famille roumaine.

Il drogue sa voisine

Enfin, la jeune Tessinoise de 22 ans qu’il a invitée à venir boire une bière chez lui, et qui s’est retrouvée avec des méthamphétamines dans le sang, «c’est une folle, sataniste», qui voulait se venger de lui parce qu’elle s’est fait expulser de la colocation qu’elle occupait dans la même maison que lui. Pourtant, la demoiselle a affirmé devant les juges n’avoir jamais touché à de telles substances et ignore la manière dont cela se prend.

Et si elle n’a pas été violée, c’est parce que quand elle s’est rendue compte que l’homme commençait à la masser et à se comporter «bizarrement», elle a eu la présence d’esprit et la force de partir en courant.

Dans son réquisitoire, le procureur Patrick Galeuchet suggérait avec ironie: «J’ai rédigé cet acte d’accusation un jour où je ne savais pas quoi faire, par désœuvrement. J’ai pris un beau panaché de crimes et délits et j’ai inventé toute cette histoire.» Plus sérieusement, le Parquet n’a aucun doute sur la véracité des dénonciations des victimes. Il estime, sur la base des revenus du prévenu, qu’il aurait vendu au bas mot deux à trois kilos de drogue dure.

Le parquet a requis cinq ans de prison ferme pour infraction grave à la loi fédérale sur les stupéfiants, encouragement à la prostitution et tentative de contrainte sexuelle. Et a demandé son maintien en détention à la Croisée pour motif de sécurité. Jugement la semaine prochaine.

Dominique Suter