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Un ultime succès pour clore 55 ans de carrière

13 novembre 2009

Bernard Perrin et son magnifique trotteur Rainbow du Hêtre. Le cheval qui lui a permis de terminer sa belle carrière de driver sur un succès à Avenches!

Bernard Perrin et son magnifique trotteur Rainbow du Hêtre. Le cheval qui lui a permis de terminer sa belle carrière de driver sur un succès à Avenches! © Jean-Noël Pazzi

 

 

 

 

 

Driver d’Ependes, et ancien cavalier de concours de saut, Bernard Perrin est atteint par la limite d’âge. Rencontre avec un sacré personnage.

«Gagner cette dernière course, c’était inattendu. C’est une belle sortie.» A 69 ans, 70 fin décembre, Bernard Perrin n’aura plus le droit de se présenter à des courses de trot, l’an prochain. L’épilogue de 55 ans de carrière dans les sports équestres et hippiques, que ce soit en saut, de 1955 à 1981, et de 1980 à aujourd’hui en courses. «Je suis cuit», dit-il, déçu d’être contraint à stopper. «Mis à part les raides-marteaux des chevaux, tous les autres arrêtent bien plus tôt, dès qu’ils sentent qu’ils ne peuvent plus, qu’ils ont peur ou deviennent dangereux.» Lui avait de toute façon bien diminué les courses. Mais, dans les chevaux depuis toujours, il continuera d’entraîner les siens et ceux des autres, chez lui, à Ependes, dans sa ferme, dont les murs sont ornés d’un bon millier de plaques d’écuries, remportées lors des concours de saut. Dont sa plus belle victoire, en 1973, lors d’un Grand Prix SII, à Brugg, avec Aristo.

«En 1980, j’ai voulu combiner le saut et les courses. Mais je me suis vite aperçu que ce n’était pas possible. En trot, ce sont beaucoup plus les chevaux qui dictent quand il faut concourir. L’effort est différent», explique Bernard Perrin. Les courses, il s’y est mis car, «à plus de 40 ans, il ne faut plus tomber de son cheval. Et quand j’ai choisi de ne plus faire de concours, je me suis demandé où j’allais aller». La réponse a été vite trouvée: sur les hippodromes. «Pour être avec les chevaux. Je n’ai fait que ça toute ma vie!» Et puis, il y a quelques jours, à Avenches, Bernard Perrin a participé à sa dernière course. «Et je gagne! Le bol!», lance-t-il, ému, car beaucoup, même des gens qu’il ne connaissait pas, sont allés le féliciter une dernière fois. «Pour l’homme, le saut, c’est beaucoup plus difficile, relativise le Nord-Vaudois. Le cavalier a plus de mérite, même lors d’une petite épreuve, qu’en course, où un mauvais driver peut gagner: s’il a une Ferrari, une fois qu’il met les gaz, il n’y a rien à faire.»

Dans ces courses, Bernard Perrin y a trouvé un moteur: «C’est grandiose quand tu as encore du jus et que tu remontes les adversaires un par un. Et puis, quand ton cheval met le nez devant, c’est de l’instantané. Une sensation unique. Alors qu’en saut, il faut attendre le passage des autres concurrents.»

Il a battu Jos Verbeeck

A son palmarès, derrière son sulky, 115 victoires en Suisse et une vingtaine en France, un titre national de driver et plus de 1200 départs. Près de 400 victoires aussi en tant qu’entraîneur. «Avec Elodie de Westhof et Nathalie Homberger, on a plus gagné au début, bénéficiant de gens incompétents. A présent, le niveau est meilleur», estime-t-il. Pour sa part, c’est Manon de Belmont qui lui a valu le plus de succès en courses. Une quarantaine!

L’un de ses plus beaux souvenirs reste le jour où il a battu, avec Sweety des Bois, en 1994, Jos Verbeeck, légende belge du trot attelé, considéré comme le meilleur driver du monde à l’époque. «Le plus beau métier, c’est moi qui le fais. Car je vis de ma passion», martèle Bernard Perrin. Une passion qui l’a emmené à Marseille un jour, Frauenfeld le lendemain, et ce, presque tous les week-ends depuis près de 30 ans! «On vit de rêves et d’espoir. On est comme un gamin avec les chevaux. On croit à chaque fois qu’on a le meilleur du monde, tant qu’il n’a pas été en course.» Et ces rêves-là, aucune limite d’âge ne les lui ôtera.

Manuel Gremion