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Un vaste réseau forestier pionnier

26 juin 2015

Nord vaudois – La région a vu aboutir un projet de grande ampleur dans le domaine de la protection de la biodiversité.

Pierre-François Raymond, l’inspecteur forestier des arrondissements 7 et 10, à l’heure des explications. © Ludovic Pillonel

Pierre-François Raymond, l’inspecteur forestier des arrondissements 7 et 10, à l’heure des explications.

Le chat sauvage, la listère cordée (une orchidée des tourbières) et la bécasse des bois. Voici quelques-unes des espèces peu communes que l’on peut rencontrer dans la réserve forestière de Denériaz-Tempêteries-Noirvaux. D’une surface de 193 hectares, elle est l’une des plus grandes du canton et fait partie de l’important réseau mis en place dans le Jura-Nord, des Aiguilles de Baulmes à Tévenon. Un total de cinq réserves, les zones protégées de La Vaux, des Rapilles-Covatannaz, de la Côte de Vugelles et des Aiguilles de Baulmes s’ajoutant à la première citée. Ces 550 hectares forestiers sur les 9000 que comptent les deux arrondissements concernés, déduction faite des pâturages boisés, placent la région au rang d’avant-gardiste en la matière à l’échelle vaudoise.

L’aboutissement du travail de sensibilisation aux différentes fonctions forestières effectué ces vingt dernières années, a tenu à relever l’inspecteur cantonal des forêts Jean-François Métraux, soulignant que, dans le cadre de cet exercice, les gardes forestiers ont un rôle important à jouer. Celui de Sainte-Croix, Benoît Margot, remarque, à ce propos, une évolution des mentalités. «A l’époque de nos grands-parents, les bois étaient râtissés. Une forêt en bonne santé était souvent considérée comme sale et mal entretenue», précise-t-il.

Plusieurs années de gestation

L’idée de créer un réseau de réserves, ces îlots de biodiversité (lire ci-dessous) est née en septembre 2010, lors d’un forum forestier. Deux ans plus tard, une commission regroupant tous les acteurs concernés a été mise en place. Elle a mandaté un biologiste et un ingénieur forestier pour définir les contours des réserves, et les conventions ont été signées l’année passée entre le Canton et les propriétaires.

«Durant cinquante ans, aucune exploitation du bois ne sera autorisée. Il s’agit d’un engagement contractuel des propriétaires, mais la forêt reste ouverte au domaine public. Les promeneurs et les champignoneurs ont toujours le droit de s’y rendre», explique Pierre-François Raymond, l’inspecteur forestier des arrondissements 7 et 10. A noter que les endroits les plus fréquentés disposent de panneaux explicatifs.

 

Des refuges très importants pour la biodiversité

La création de réserves forestières: un vieux fantasme de naturaliste? Anabelle Reber, l’adjointe de la responsable de la biodiversité en forêt du Canton de Vaud, a cherché à montrer que l’enjeu dépasse largement cette considération. «La forêt est un des domaines les mieux dotés en biodiversité. En Suisse, 40% des espèces y vivent. Le chiffre atteint les 50% sur Vaud», a-t-elle déclaré. Sans l’intervention de l’homme, les arbres vieillissent davantage. Les trous ou les blessures qui les recouvrent parfois sont autant d’habitats pour une foule de végétaux et d’animaux. Malades, ou morts, ils ne perdent pas pour autant leur importance. «20% des espèces forestières dépendent du bois mort à un stade ou à un autre de leur cycle de vie. Beaucoup d’organismes s’en nourrissent et il fait office d’abri pour d’autres», indique Anabelle Reber. D’autres fonctions -patrimoniale, de protection contre les dangers naturels, éducative- ont aussi été soulevées.

Ludovic Pillonel