Yann Morel, vigneron à Arnex-sur-Orbe a décroché la palme de meilleur monocépage rouge avec son garanoir au concours Bio-Vino qui s’est déroulé en juin à Zurich. Avec son garanoir 2024, il a obtenu la même note Reynald Parmelin du domaine de la Capitainerie à Begnins. Sa conversion bio est une réussite.
Textes: Jérôme Christen | Photo: Michel Duperrex
En 2010, lorsqu’il a repris l’exploitation du domaine, ce vigneron de la sixième génération, songeait à passer au bio. Dans ce but, il est allé voir Michel Cruchon à Echichens qui lui a expliqué que pour réussir cette démarche, il devrait passer à la vente en bouteilles, car il n’y a pas de marché pour la vente du bio en vrac. A l’époque, Yann Morel livrait quasiment toute sa production à la coopérative des Treize Côteaux dont son grand-père fut membre fondateur. Seule une petite part de sa production était mise en bouteilles grâce à une collaboration avec son collègue Bernard Gauthey qui vinifiait pour lui.
Il décide alors de créer une nouvelle gamme de vins avec des nouvelles étiquettes, pour développer la vente directe jusqu’à ce qu’il puisse faire la transition et quitter finalement la coopérative. En 2018, c’est le moment de la transition: il a l’opportunité de reprendre la cave de Marie-Line Renevey, suite à son décès, les héritiers ne souhaitant pas reprendre l’exploitation viticole. «J’ai alors décidé de lancer ma reconversion bio. Pour ne pas compliquer la tâche de Bernard Gauthey, j’ai engagé une caviste à 40%. Il avait déjà beaucoup à vinifier et le travail du bio est très particulier, il vaut mieux séparer les flux. Avec Emilie Zeller de Reverolle, nous avons alors développé une gamme de quatorze vins différents, élevés avec du raisin qui pousse sur un domaine de 3,7 hectares. Quant à Bernard Gauthey, pour la petite histoire, il s’est mis au bio une année après moi !»
Emilie Zeller s’en va en beauté, avec cette médaille d’or et première place en catégorie monocépage rouge, décrochée fin juin dernier. La cave Yann Morel a également obtenu deux médailles d’argent pour son merlot 2022 et pour son rosé de gamay 2023 avec lequel il avait remporté une médaille d’or et une 2e place l’an dernier. Par le passé, Yann Morel a participé à Terravins et à la Sélection des vins vaudois. Désormais, il préfère se mesurer aux producteurs bio au niveau suisse. Lors de ce concours, ce ne sont pas moins de 405 vins de 86 vigneronnes et vignerons provenant de huit cantons qui ont été dégustés. Et au total, 62 médailles d’or et 55 d’argent distribuées.
Nouvelle caviste
C’est une œnologue des Caves de Bonvillars, Alexia Henny qui reprendra la tâche d’Emilie Zeller. Yann Morel insiste sur le fait qu’il s’agit d’un travail d’équipe entre la vinification et la vigne: «Ma caviste a carte blanche. Nous avons des échanges avant les vendanges. Nous goûtons le raisin, et partageons nos impressions sur son évolution. Nous utilisons peu de sulfites et sommes très proches des normes bio Demeter.»
Yann Morel ne cesse d’innover : cette année, il a planté des pêchers entre ses vignes. Il se lance dans la viti-foresterie. Son but est de développer un chasselas assemblé avec de la pêche. « J’adore innover. D’ailleurs, comme j’ai toujours aimé le bois, j’élève mon chasselas dans des barriques en acacia. Mon gamay est élevé en fûts de chataignier.» L’an dernier, il avait décroché l’argent à Bio-Vino.