Un Yverdonnois approche le Pôle Sud
13 janvier 2015Vincent Piguet a parcouru quelque 630 kilomètres sur les glaces de l’Antarctique. Une expérience éprouvante dont il ne retiendra que les aspects positifs.
«C’est une forte expérience! Avant, tu imagines, tu regardes des photos. Et puis il y a la réalité, avec les bonnes et les mauvaises surprises. J’avais l’impression d’être sur une autre planète.»
De retour du Pôle Sud, Vincent Piguet évoque son expérience avec des sentiments contradictoires. Car il n’a pu, comme il l’avait prévu, aller jusqu’au bout à la force des bras et des mollets. «J’ai eu des ennuis gastriques dès le début et dans des conditions de froid extrême, c’est éprouvant à tout point de vue», relève-t-il. Une évidence, car s’il a de bonnes couleurs, il a tout de même abandonné douze kilos en route.
Du coup, à la veille de la dernière ligne droite, il a préféré renoncer. Après avoir tout de même parcouru 630 km en tirant un pulka surchargé -87 kilos au lieu des 60 prévus au moment du départ de la base d’Union Glacier Camp. Ce qui est nettement supérieur aux quelques kilomètres que parcourent ceux qui se font déposer en avion à quelques heures du Pôle Sud.
Un guide un brin plus compréhensif aurait peut-être déterminé l’aventurier yverdonnois à pousser jusqu’au bout. «J’étais le plus lent. Et contrairement à ce qui se pratique sous nos contrées, le guide exigeait que je m’adapte au rythme des plus rapides», relève Vincent Piguet, qui s’était tout de même astreint, des mois durant, à un entraînement aussi régulier qu’exigeant sur la route du Suchet. Du coup, il s’est souvent senti stressé, alors que ce n’était pas une course.
«C’est le désert!»
Pour l’aventurier, cette expérience a été très riche, à de nombreux points de vue. Le paysage d’abord: «Je m’étais imaginé du relief, mais il y en a très peu, même si on ne cesse de monter puisque le Pôle Sud se situe à 2800 m. C’est difficile d’apprécier les distances. C’est le désert… en blanc!»
Autre source d’étonnement, l’absence de bruits: «Il n’y a pas de vie. Même dans les mers les plus lointaines, il arrive qu’on aperçoive un albatros. Là, il n’y a rien. L’humain se sent étranger à ce monde de glace. Le seul bruit, c’est celui des skis et du pulka. C’est un peu la guerre des étoiles en hiver.»
Le froid pose de plus en plus de problèmes à mesure de l’avance: «De moins 15 à moins 18 degrés au départ, les températures passent à moins 25, voire moins 30. Les derniers jours, j’ai senti la différence.»
Dans ce monde de solitude, où il faut tirer son lourd chargement près de onze heures par jour, Vincent Piguet en est venu à détester son iPod et les musiques préchargées, préférant compter les foulées, comme d’autres comptent les moutons: 5800 à 6500 par tranche de 75 minutes. Autant dire qu’il a beaucoup pensé à ses filles, qui avaient inscrit sur ses skis «Chaque pas est une victoire!»
Un voyage intérieur
Mais l’essentiel est moins dans le nombre de pas et de kilomètres que dans le vécu intérieur. «Loin, tout prend de l’importance. A commencer par les gens qu’on aime», explique l’aventurier. D’ailleurs, chaque journée était dédiée à une personne du cercle familial ou des amis: «Je les tirais au sort chaque soir et j’ai constaté que le lendemain, je ressemblais à la personnalité tirée…»
S’il n’a pu relever le défi jusqu’au bout -il a tout de même pu profiter du passage d’un avion à la fin de la deuxième étape pour gagner le Pôle Sud et visiter l’impressionnante base américaine-, Vincent Piguet est le premier Vaudois à avoir parcouru une telle distance sur ces terres glacées. Seuls deux Suisses, dont la guide Evelyne Binsack, première Helvète à avoir vaincu l’Everest (2001), ont jusqu’à aujourd’hui relié la côte au Pôle Sud.
Vous pouvez soutenir l’action caritative des Officiers du coeur en parrainant les kilomètres parcourus. Min. 5 ct. le km. Inscriptions: info@regie-piguet.ch