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Une balise pour rassurer les quartiers
© Michel Duperrex

Une balise pour rassurer les quartiers

19 novembre 2020

Yverdon-les-Bains mise sur un partenariat public-privé et un téléphone de secours pour faire baisser le sentiment d’insécurité dans la population. Un projet qui veut faire participer les Yverdonnois.

 

Jean-Daniel Carrard, syndic d’Yverdon, l’a annoncé d’emblée: la présentation du projet de diagnostic sécuritaire, dévoilé hier, n’a aucun lien avec les récents cas de débordements à la Villette et à Pierre de Savoie. «Il ne s’agit pas d’une surréaction à ces événements», a assuré l’édile.

D’ailleurs, c’est un tout autre coin de la Cité thermale qui servira de pilote pour ce diagnostic: le quartier des Cygnes. Le projet, qui s’étendra ensuite à l’ensemble des quartiers résidentiels, se divise en trois volets: un sondage, des marches exploratoires, puis une «étude-pilote Adrien», un partenariat public-privé. Qu’est-ce qu’Adrien? Une balise commercialisée par la société Global-Securite.ch. Similaire à d’autres produits de sécurité existant sur le marché, Adrien relie son possesseur et la centrale de Global-Securite.ch en un clic. Lorsqu’il appuie sur le bouton SOS, la centrale procède à une «écoute discrète». Durant quelques secondes, et sans que l’agresseur potentiel ne puisse s’en rendre compte, les employés de l’entreprise capte les sons aux alentours de la balise. En fonction de ce qu’ils entendent, ils décident de contacter directement les secours ou des proches du possesseur d’Adrien, enregistrés auparavant. Un contact peut aussi être directement pris avec la personne en danger.

Dans le cadre de l’étude, une quarantaine d’habitants du quartier des Cygnes seront équipés du système durant six mois et participeront à des retours d’expérience avec des chercheurs de l’Université de Lausanne, qui évaluera l’impact du dispositif sur le sentiment de sécurité de la population.

Être écouté à son insu?

La protection des données peut-elle être assurée avec cette étude? La question se pose, d’autant plus que le directeur de Global-Securite.ch, Jean-François Monnard a annoncé que de nombreux cas signalés actuellement par ses clients sont des erreurs. Faudra-t-il donc bientôt se taire en approchant du quartier des Cygnes? «Il n’y a aucun risque que ces données arrivent à des tiers, assure le directeur. Notre centrale de sécurité répond à des règles. C’est un peu comme si vous vous baladez dans la rue et que vous entendez une discussion privée.» Cela dit, le commandant de Police Nord vaudois (PNV), Pascal Pittet, a assuré que les enregistrements pourraient être utilisés en cas de suites judiciaires. «Ce cas de figure ne s’est jamais présenté en trois ans», indique Jean-François Monnard.

Concrètement, à la fin 2022, qu’aura retiré la Ville de cette opération? «Concernant les deux premières phases, nous en tirerons des conclusions sur les points qui posent problème sur le terrain d’un point de vue sécuritaire, par exemple au niveau de l’éclairage dynamique, précise Marylaure Garcia, responsable de l’Observatoire de la Sécurité & Projets et Partenariats, organe à la tête du projet. L’étude-pilote est vraiment exploratoire, et on n’a donc pas d’attentes précises. Mais un rapport sera transmis à la Municipalité après l’analyse des résultats, avec des recommandations.»

 

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En milliers de francs, c’est le coût total estimé de l’opération. Les frais liés au publipostage et au sondage seraient de 25 000 francs. Les 31 000 francs restants iraient à l’Université de Lausanne, mandatée pour l’étude-pilote. Les balises sont fournies gratuitement.

Massimo Greco