Une campagne vécue sur le fil du rasoir
15 mai 2025 | Texte: Jean-Philippe Pressl-Wenger | Photo: Duperrex-AEdition N°La Région Hebdo No 11
La Municipalité joue un rôle de funambule dans la campagne autour du parking de la place d’Armes. Entre soutien et information, elle navigue avec les élections de mars 2026 en point de mire.
Dimanche, on saura ce que veulent les Yverdonnoises et les Yverdonnois. Préféreront-ils un parking souterrain en mains privées, d’ores et déjà financé, ou opteront-ils pour un contre-projet articulé autour d’un crédit d’étude qui ouvre le champ des possibles?
Depuis plusieurs semaines maintenant les deux camps martèlent leurs arguments à coups d’affiches, de vidéos sur les réseaux sociaux et d’invectives plus ou moins civilisées dans la section commentaires de ces mêmes plateformes. Tout ce qu’il y a de plus normal dans le microcosme politique yverdonnois depuis quelques mois.
La Municipalité, elle, est contrainte d’évoluer entre les fronts, en informant la population sans prendre une part trop active à la campagne. Ce qui, manifestement, s’avère parfois compliqué. Il s’agit là d’une véritable prouesse d’équilibriste, réalisée dans une situation délicate.
La Municipalité veut un parking souterrain…
Pour comprendre l’embarras du collège exécutif, il faut jeter un œil dans le rétroviseur, et se replonger dans les différentes étapes qui segmentent le projet du parking souterrain de la place d’Armes. En 2018, sous l’ancienne Municipalité, un accord est conclu avec les entreprises Amag et Marti pour la construction d’un parking souterrain de 1000 places à la place d’Armes. Au terme de négociations serrées, impliquant le développement de l’accueil de jour, le Conseil communal accepte, à une très large majorité, le préavis traitant du projet. Nous sommes alors en mars 2019.
En juin 2021, la Direction générale du territoire et du logement trouve trois points non conformes dans le cadre de l’examen préalable du dossier. Depuis, la Municipalité a tenté de redimensionner le projet pour qu’il soit en phase avec les directives cantonales. Dans son préavis, elle a présenté, sa vision d’un parking souterrain de 600 places pour les voitures, y compris 90 places P+R, une vélostation de 250 places dans l’ouvrage enterré, couplé à 200 places de parc en surface.
Ce préavis, issu d’un consensus intelligent, a été massivement retoqué par la majorité rose-verte du Conseil communal, qui a banni l’adjectif souterrain, ouvrant, certes, la porte à de nouvelles solutions, mais créant une confusion dommageable.
… mais soutient ceux qui n’en veulent pas
On se retrouve donc aujourd’hui avec une Municipalité qui s’est battue pour trouver un compromis autour d’un parking souterrain, et qui a finalement décidé de soutenir les opposants au projet de parking souterrain «de l’ordre de 1000 places». Pas facile de s’y retrouver pour les électeurs, c’est un fait.
Nouvelle étude ou adaptation du projet
A l’heure actuelle, le contrat signé en 2018 avec les investisseurs privés et le constructeur reste valable. La votation de dimanche déterminera si la collaboration initiée il y a sept ans pourra se poursuivre et sous quelles conditions. Il est donc trop tôt pour extrapoler autour d’éventuelles pénalités en cas de victoire du contre-projet dans les urnes. Cette issue déboucherait sur une nouvelle étude, c’est l’unique certitude.
Si d’aventure l’initiative passait la rampe face au peuple, le projet initial devrait être revu pour entrer en conformité avec les lois cantonales et fédérales en matière de bruit, de stationnement, de trafic et de protection de l’environnement, notamment.
Commentaire
Et si on agissait?
Nyon, Neuchâtel, Lausanne, la liste des villes ayant enterré leurs capacités de stationnement ne cesse de s’allonger. Pendant ce temps, à Yverdon-les-Bains, on continue de multiplier les études, pour imposer «une vision différente de la ville», ou pour «garder le contrôle sur la manne du stationnement». La votation de dimanche représente une opportunité offerte à la population yverdonnoise de prendre en main le futur de sa ville et d’agir, enfin. L’initiative prévoit un parking souterrain, plébiscité par le Conseil communal. Un projet qu’il faudra probablement adapter, mais qui ne sera pas financé par les impôts des habitants puisque 55 millions seraient investis par les partenaires privés. Face à elle, un nouveau crédit d’étude de plus d’un demi-million de francs qui ne propose rien de plus… qu’une étude. jpw