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«Une erreur stratégique de la part du Conseil»
(KEYSTONE/Cyril Zingaro)

«Une erreur stratégique de la part du Conseil»

8 septembre 2021

Le Conseil communal a décidé de conserver les deux parcelles de Verdan que Flexos, représenté par Mario Di Pietrantonio, souhaitait acquérir. Le promoteur réagit.

 

Mario Di Pietrantonio a évidemment suivi avec attention les débats du Conseil communal concernant les deux parcelles dites de Verdan, jeudi dernier. Comme tout le monde, le promoteur a constaté que le Conseil communal n’a pas suivi la proposition de la Municipalité de vendre deux parcelles communales à la société Flexos, dont il est le représentant. Invité à réagir, le promoteur a commencé par hésiter, avant d’accepter, par «souci de transparence».

Quel est votre sentiment après cette annonce?

Que le Conseil communal n’a pas tenu compte des difficultés et du contexte de ce projet stratégique pour la Ville, surtout pour les futurs acquéreurs, ces sociétés qui souhaitaient s’implanter sur le site. Il me vient le sentiment d’un beau gâchis pour la Ville. Pas pour les promoteurs que je représente, ni pour moi.

Ces terrains, vous les vouliez, non?

Nous étions acquéreurs, oui. Nous avons travaillé depuis trois ans sur ce dossier, en collaboration étroite avec le Canton et avec la Ville et nous avons répondu à toutes les exigences, notamment en termes d’aménagements. Nous étions même au-dessus des exigences. Notre projet tient la route, il était étudié et discuté. Il y a eu le changement de Municipalité, mais celui-ci n’a rien remis en cause. Nous avons rencontré le syndic, Pierre Dessemontet, et il nous a assuré que la vision municipale restait la même. Le Conseil en a décidé autrement, j’en prends acte, sans colère ou autre sentiment négatif. Je dis simplement que c’est une erreur stratégique qu’a commise le Conseil. Pour nous, pas de souci. Nous avons toujours deux parcelles à côté et rien ne va bouger. Par contre, les quatre sociétés qui étaient prêtes à venir et qui allaient amener avec elles 150 à 200 emplois, elles ne vont plus venir. Le manque à gagner est pour la Ville, pas pour les promoteurs. La Municipalité l’avait compris. L’ancienne comme la nouvelle. Le Conseil, non.

Pourquoi, selon vous?

J’ai écouté leurs arguments et je les respecte. Ils ne veulent pas que les terrains communaux soient vendus. Très bien. Je comprends. Nous proposions 11,5 millions de francs pour ces terrains en l’état, sans permis de construire pour l’instant. Il est très rare qu’un groupe financier investisse autant, sans avoir de garanties. La Ville aurait bénéficié d’une rentrée d’argent immédiate. Les conseillers communaux préfèrent un DDP, ils l’ont exprimé jeudi. Mais je vous le dis: ça ne fonctionne pas. Aucune entreprise ne va venir avec ce principe de DDP, qui est très difficile à financer pour des sociétés. Il y a fort à parier que dans les dix ans, aucune rentrée d’argent ne sera effectuée sur le compte de la Ville, alors que les investisseurs que je représente et moi-même, nous étions prêts à verser 11,5 millions. Et on créait des emplois. C’est ce que veut le Parti socialiste, non? Cette zone artisanale allait attirer du monde. Là, en DDP, ça s’annonce compromis, parce que les sociétés ne vont pas trouver de financement.

Il a été dit que les terrains allaient être mis en concurrence…

Très bien, qu’ils le fassent. Les prix seront certainement moins chers. J’estime que nous avons fait une très bonne proposition, surtout pour un terrain en l’état. Trouver mieux s’annonce compliqué… d’autant que nous possédons toujours les deux parcelles à côté. Le nouvel acquéreur, s’il est trouvé, devra en tenir compte.

La Municipalité est à majorité de gauche, le Conseil aussi. Pourquoi n’ont-ils pas réussi à s’entendre selon vous?

Je ne sais pas. Je suis convaincu que la Municipalité était sincère quand elle voulait vendre ses terrains, si c’est le sous-entendu de votre question.

Cette fois, votre nom n’a pas été cité lors du débat. La preuve que celui-ci n’a pas été personnalisé, non ?

Vous avez raison, je ne l’ai pas entendu non plus, contrairement aux dernières fois. J’ai l’impression qu’on oublie vite, ou qu’on ne sait pas tout. Leclanché, si nous n’intervenions pas, partait au Portugal, avec tous ses emplois. Symbios, nous investissons 50 millions de francs, c’est une entreprise de pointe qui se développe à Yverdon. Je ne vais pas tous les citer… Je regrette simplement que la commission ne soit pas allée jusqu’au bout de l’étude, de savoir ce qu’implique réellement un DDP.

Ce refus du Conseil a-t-il quelque chose à voir avec Sports 5?

Non. Sports 5, j’agis en mon nom seul. Les deux dossiers n’ont rien à voir.

Avez-vous des nouvelles de la Municipalité depuis l’automne dernier dans ce dossier?

Non.

Êtes-vous ouvert aux discussions à ce sujet?

Je le suis toujours. On devrait des fois, dans cette ville, se rendre compte de la chance qu’on a d’avoir des investisseurs locaux. Si vous cherchez des fonds étrangers, c’est plus difficile de les trouver, déjà, de les fidéliser, ensuite. Là, à Verdan, la zone artisanale était prévue, je suis obligé d’utiliser l’imparfait à la suite de la décision du Conseil, pour quatre sociétés de la région, bien connues. Je ne vais pas vous donner les noms, mais elles sont connues. Tous les directeurs m’ont dit depuis jeudi qu’ils ne viendraient pas en cas de DDP. Voilà ce que la Ville a perdu avec ce vote. Ces emplois et plus de 11,5 millions. C’est regrettable et dommage.

Rédaction