Une génisse périt sous les crocs
13 septembre 2024 | Texte: Jérôme ChristenEdition N°3788
Le loup a encore frappé dans le Nord vaudois. C’est une génisse de 6 mois qui a péri, jeudi, à l’attaque du prédateur sur un pâturage du syndic et député de Lignerolle Olivier Petermann.
Olivier Petermann était écœuré jeudi matin quelques heures après avoir fait cette macabre découverte sur le pâturage où paît son troupeau. Le syndic des céans insiste sur le fait que l’attaque s’est produite sur une surface agricole utile (SAU) à environ 750 m d’altitude et non sur un alpage: «Il y a déjà une attaque sur une SAU, mais c’était à 1000 m d’altitude. C’est quand même fou que cela arrive en cette période de l’année alors qu’on nous dit que le loup reste en montagne. Le garde-faune mandaté pour s’occuper du loup a confirmé qu’au vu de la blessure infligée, il s’agit du loup, ce que devra confirmer l’analyse ADN.»
Du coté de Proconseil (Prométerre), Malika Pannatier confirme que «les attaques ont principalement lieu sur les estivages, mais aussi parfois sur des SAU en début ou en fin de saison estivale». Elle ajoute «que les prédations sont en hausse, plus nombreuses cette année qu’en 2023».
Cantonner le loup
Sur les grands principes Olivier Petermann n’est pas favorable à la défense du loup, «mais si l’on souhaite continuer sur cette voie, il faut au moins prendre des mesures pour le maintenir dans un espace limité et ne pas le laisser occuper tout le territoire. On nous parle de deux meutes, mais dans les faits, il y a en a beaucoup plus. Notre territoire n’est pas adapté, il est trop cougné.»
La Direction générale de l’environnement de l’Etat de Vaud n’a pas été en mesure de répondre à nos questions avant la fin de la journée d’hier, mais confirme que cela ressemble à une attaque de loup.
Quels soutiens pour les propriétaires ?
Les bovins ne sont pas «raisonnablement» protégeables, sauf durant les quatorze premiers jours de vie, selon l’Ordonnance de la loi sur la chasse. «De ce fait, il n’y a pas de soutiens financiers fédéraux à des mesures de protection», relève Malika Pannatier. En 2021, le Canton de Vaud a toutefois proposé à l’Office fédéral de l’environnement (Ofev) un projet pilote de parc de protection pour bovins à cinq fils. Depuis, l’Ofev soutient financièrement du matériel nécessaire à hauteur de 80% des coûts, au maximum 10 000 francs uniquement pour le canton de Vaud. Malika Pannatier souligne que «ce type de clôture est souvent contraignante car elle peut, dans certains cas, empêcher la libre circulation des promeneurs et du gibier». Elle demande un entretien conséquent et parfois, ces clôtures ne peuvent pas être réalisées pour des questions de protection des eaux.
Depuis 2022, l’Etat de Vaud soutient le travail supplémentaire induit par la mise en place de trois mesures de protection :
– Rentrer le bétail la nuit soit dans un bâtiment, soit dans un parc de nuit protégé (uniquement en estivage).
– Installation, montage, entretien et démontage de parcs de protection (SAU et estivage).
– Détention et emploi de chiens de protection (SAU et estivage).
Malika Panattier relève toutefois que les possibilités de mise en place de ces mesures varient selon les sites en raison de contraintes techniques, topographiques ou financières. Ce qui est le cas dans la situation de M. Petermann.