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Une grosse opposition sur les rails

21 octobre 2016
Edition N°1854

Chavornay – L’extension du RER vaudois vers Orbe fait l’objet de quelque150 oppositions. Pour ces citoyens, le train ne serait pas la meilleure solution.

Le schéma d’aménagement de cette liaison. Pour aller sur Lausanne et en revenir, les rames en provenance d’Orbe seraient couplées-découplées avec celles en provenance de Grandson à Chavornay. ©Travys

Le schéma d’aménagement de cette liaison. Pour aller sur Lausanne et en revenir, les rames en provenance d’Orbe seraient couplées-découplées avec celles en provenance de Grandson à Chavornay.

Trois pages de courrier, dix points d’argumentaire, pas loin de 150 signatures et autant de poings brandis contre le tracé développé par Travys sur la commune de Chavornay, dans le cadre de l’évolution du RER vaudois (un investissement de 50 à 70 millions de francs pour quatre kilomètres).

L’opposition qui a mûri contre ce projet se veut réfléchie et construite pour mieux remettre en question non pas la pertinence de la liaison, mais la nature de la proposition. «Nous ne sommes pas des neinsager. Nous nous élevons contre un projet qui va au plus simple, sans que tout le champ des possibles ait été exploré», analyse Eric Loutan, le répondant du groupe des opposants au projet Travys.

Et question champs, la plaine de l’Orbe en fournit quelques-uns. Les opposants notent ainsi que le tracé envisagé détruirait 20 000 m2 de surfaces d’assolement (Lire encadré). Or cette superficie doit être compensée, selon la Loi sur l’aménagement du territoire.

De là à plaider pour une ligne enterrée,il n’y aurait qu’un pas que les signataires ne se sont pas résolus à franchir. «Nous pensons que des variantes sont possibles, mais elles exigent des études de faisabilité supplémentaires», poursuit-il.

A moins que le rail ne soit pas le moyen le plus adapté ? Au vu des volumes avancés (1200 voyageurs/jour actuels, 2400 dans 15 ans), les opposants s’étonnent.

«A l’heure où les CFF suppriment les trains de certaines lignes et opèrent des transferts par car, nous considérons, au regard des sommes à investir, qu’un réseau de bus urbains de trois à quatre lignes desservirait efficacement la région Orbe-Chavornay pendant vingt à trente ans», note leur courrier.

Soulevant des questions de nuisances sonores, de transports de matières dangereuses, de sécurité routière, d’efficience du moyen de transport public retenu, et souhaitant s’inscrire dans une perspective d’évolution du projet, les opposants espèrent être assez forts pour «être conviés autour de la table afin d’imaginer des solutions», plaide encore Eric Loutan.

Rien enterrer

Cependant, il n’est pas sûr que le message soit entendu partout de la même façon. Pour Daniel Reymond,directeur de Travys, la proposition formulée demeure «la meilleure en termes d’efficience économique et d’intégration». Selon lui, les opposants omettent la dimension structurante d’un projet élaboré depuis bientôt une décennie. «Il s’agit d’un choix politique, qui rend cet aménagement compatible avec le Plan directeur cantonal(PDC) et les exigences de la Confédération».

Le PDC porte une vision globale du développement cantonal, dont le secteur Orbe-Chavornay constitue un des pôles. Et chaque pôle de développement doit s’accompagner d’une desserte ferroviaire, en complément d’aménagements routiers (voies de contournement, requalifications de tronçons…), alors même que certains considèrent que ceux qui proposent de mettre des bus sur la route seraient les mêmes que ceux qui pestent contre la hausse du trafic local. Enfin, Daniel Reymond souligne que «dans la plaine de l’Orbe, on ne peut rien enterrer,en raison de la nature marécageuse du sous-sol». Reste maintenant à savoir comment va être aiguillé ce convoi d’opposants, alors que les choix décidés aujourd’hui vont engager l’avenir pour un très longtemps.

Surfaces d’assolement

Les surfaces d’assolement font partie des meilleures terres arables. Elles sont directement liées à l’approvisionnement du pays en cas de crise majeure. La Confédération exige des Cantons qu’ils distinguent ces surfaces des autres. Selon les opposants,leur superficie représente 75 800 hectares dans le canton de Vaud, où il ne resterait à déclasser que 167 hectares.

Un ouvrage d’art qui a du mal à passer la rampe

©Carole Alkabes

©Carole Alkabes

A la sortie de Chavornay, direction Orbe, des gabarits signalent l’emprise qu’occuperait le futur passage supérieur destiné au franchissement du projet de tracé. Haut de huit mètres, il assurera aussi la desserte de la zone industrielle, via une rampe avec préselection. Mais les opposants notent que cet ouvrage aboutira dans le faisceau des voies ferrées de l’entreprise Terco. Selon eux, leur traversée par les camions peut s’avérer une source d’insécurité routière, en raison des manœuvres des convois et en l’absence de passages à niveaux à barrières. Ils s’inquiètent également du pourcentage de la rampe. En hiver, elle leur apparaît dangereuse, car les conditions de route deviennent plus difficiles à cause de la neige ou du verglas. Enfin, ils dénoncent l’impact paysager du pont. Il irait aggraver,à 1200 mètres d’écart, celui produit par le «disgracieux» passage supérieur franchissant la ligne Lausanne/Yverdon-les-Bains.

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