Une HEIG-VD plus flexible et plus professionnalisante
17 septembre 2024 | Texte: Benjamin Ambühl | Photos: Dr.Edition N°3789
La HEIG-VD veut rendre ses formations encore plus professionnalisantes et revitaliser ses filières techniques.
Les rentrées académiques, Ana Maria Nogareda et Jean-Marc Seydoux ne les comptent plus, tellement ils en ont vécu. La directrice générale et son directeur adjoint ont abordé celle de 2024 sereinement, avec toutefois de nouveaux projets réjouissants pour la Haute école d’ingénierie et de gestion du canton de Vaud spécialisée (HEIG-VD). « Les effectifs sont là, les classes sont prêtes. Cela fait plaisir de voir les étudiants revenir et le campus reprendre vie », sourit Ana Maria Nogareda. « Nous avons notamment une belle rentrée pour les filières en Économie d’entreprise, Informatique et systèmes de communication et Ingénierie des médias, qui ont beaucoup de succès chez les jeunes actuellement », souligne quant à lui le directeur adjoint Jean-Marc Seydoux.
Revitaliser les branches techniques
Si ces trois filières sont en vogue, les branches plus traditionnelles, telles que Ingénierie et gestion industrielles ou Energie et techniques environnementales ont plus de peine à trouver des intéressés. Une situation similaire partout en Suisse et dans les pays voisins, à laquelle la Haute école tente de remédier en participant à plusieurs actions, comme l’événement MINT Vaud, qui a lieu chaque année entre fin février et début mars. « Le but est de sensibiliser les jeunes de 8 à 12 ans aux métiers techniques. C’est important d’aborder les plus jeunes et de leur faire découvrir ludiquement ces domaines », raconte le directeur adjoint. « Nous constatons également un paradoxe, car dans certaines filières industrielles, les entreprises s’arrachent nos étudiants dès la sortie de leurs études, mais il est parfois difficile de trouver de nouveaux étudiants dans ce cursus », analyse Jean-Marc Seydoux.
Autre paradoxe, la filière Energie et techniques environnementales, en lien avec l’actualité du changement climatique, n’attire pas autant que nécessaire les jeunes. Et ce, alors que la thématique est au centre de nombreuses discussions, et mobilise souvent les adolescents et les jeunes adultes.
Plus de représentativité chez les femmes
Longtemps connotées comme masculines, les femmes restent actuellement sous-représentées dans les branches techniques. Tous les acteurs de la formation, dont la HEIG-VD, font leur maximum pour casser les stéréotypes et changer les mentalités. « On observe quasiment 40% de femmes en Ingénierie des médias et en Economie d’entreprise, ce qui est réjouissant. Toutefois, les femmes restent sous-représentées dans les branches techniques, où elles ne sont que 18% environ », raconte la directrice.
Parmi les efforts déployés, une passerelle exclusivement féminine a été mise en place. Composée d’un semestre de cours suivi d’un semestre de stage, elle peut être faite à la place de l’année pratique nécessaire pour rentrer dans une haute école spécialisée (HES) avec une maturité fédérale. Le but de la passerelle est d’accompagner et d’intégrer les jeunes femmes, ainsi que de leur faire découvrir que l’ingénierie n’est pas uniquement réservée aux hommes. « Il faut souvent déconstruire ce qui a été longtemps imaginé dans les familles ou les groupes d’amis, et promouvoir le fait qu’aucune filière n’est genrée, qu’elles sont ouvertes tant aux jeunes femmes qu’aux jeunes hommes, affirme le directeur adjoint. C’est un travail de longue haleine qui a commencé il y a plusieurs années et que l’on doit faire auprès des plus jeunes. On constate une amélioration mais assez lente. Nous devons donc continuer à faire des efforts pour attirer toujours plus de jeunes femmes.»
La HES-SO (Haute école spécialisée de Suisse occidentale) a d’ailleurs créé le site internet ingenieuse.ch, qui relate la trajectoire de jeunes femmes ayant choisi de suivre un parcours académique technique, et qui a pour but de motiver plus de femmes à s’engager dans ces voies. La participation à la Journée oser tous les métiers (JOM), contribue également à casser les idées reçues, et permet de montrer le côté technique de l’ingénierie sous un autre regard.
Le Pibs pour combattre la pénurie
Autre constat fait par les dirigeants de la Haute école, celui que trop souvent des gymnasiens partent comme une évidence vers une voie universitaire, et notamment vers l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), avant de se rendre compte que la voie plus pratique et professionnalisante propre aux HES leur correspond mieux. « On récupère un certain nombre d’étudiants qui ont fait une maturité fédérale et qui ont tenté leur chance à l’EPFL, avant de venir chez nous, analyse Jean-Marc Seydoux. Certains voient comme un frein de devoir faire une année pratique avant de pouvoir commencer leur formation spécialisée, plutôt que de pouvoir directement commencer leur cursus. »
Pour remédier à cela, la HEIG-VD a participé au programme pilote de la Confédération Pibs (Praxisintegrierten Bachelorstudiengang, ou cursus de bachelor avec pratique intégrée) ces dernières années pour sa filière Informatique et systèmes de communication, et est prête à l’étendre à toutes ses filières d’ingénierie. « Il s’agit de pouvoir travailler en entreprise en parallèle de son cursus, que ce soit à temps partiel pendant les périodes de cours ou de manière plus intense durant les vacances académiques. Les étudiants peuvent ainsi adapter au mieux leurs études et vivre des expériences enrichissantes et professionnalisantes durant leur cursus, et commencent dès la première année avec des cours de bachelor. » Même si la durée totale reste de quatre ans, la HES du Nord vaudois espère pouvoir motiver plus de jeunes en leur permettant de se plonger directement dans leurs études. Des partenariats avec les entreprises sont également développés par la Haute école, afin que les étudiants puissent bénéficier d’une offre d’emploi s’ils le souhaitent, ou amener leurs propres propositions. « Nous essayons également de sensibiliser les entreprises à proposer plus d’offres d’emploi compatibles avec le programme Pibs, afin de faciliter les recherches des étudiants.»
Une école à l’écoute de ses étudiants
Outre les formations qu’elle propose, la HEIG-VD se veut également attentive au bien-être de ses étudiants, avec du personnel prêt à accompagner et soutenir les jeunes lorsqu’ils sont en difficulté. « Nous avons mis en place une équipe qui est à l’écoute des étudiants qui ont besoin de partager. Il peut s’agir de problèmes personnels, mais également financiers. Nous ne proposons pas de bourses, mais nous avons quelques mesures pour alléger les charges des étudiants dans le besoin, comme des bons pour les repas par exemple », explique la directrice.
«Nos étudiants fournissent un gros effort pour leurs études. Notre but est qu’ils puissent rester jusqu’à la fin de leur formation, et qu’ils ne disent pas stop à cause de problèmes externes qu’ils rencontreraient durant leur cursus. » Une école à l’écoute de ses étudiants, et qui espère que ceux-ci n’hésitent plus à demander le soutien dont ils ont besoin.