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Une nouvelle famille pour le Hessel

9 janvier 2019 | Edition N°2410

Orbe –  Le gérant du Hessel Espace Culturel a décidé de confier la programmation des évènements à une association, afin de pérenniser le lieu.

Après sept années d’existence, à raison de trois à quatre concerts par mois et d’une exposition artistique, sans compter des jam-sessions ou des cafés littéraires, le Hessel Espace Culturel, à Orbe, vient de passer un cap. A l’aube de la nouvelle année, le patron a en effet décidé de préparer l’avenir en rassemblant plusieurs amis et clients afin de reprendre le flambeau. «J’ai 42 ans, deux enfants et, surtout, des connaissances en économie, alors je pense évidemment à la suite. Parce que, soyons francs, je ne vais pas faire la danseuse étoile jusqu’à mes 64 ans», explique avec un brin d’humour le gérant, Alexandre Baudraz.

Mais encore fallait-il trouver le moyen de passer le témoin correctement. «Actuellement, on enregistre une hausse de fréquentation de 40% chaque année et cela fait quatre ans qu’on est bénéficiaires. Ce succès nous impose de nous adapter aux exigences de nos clients et c’est la raison pour laquelle je ne veux pas vendre mon affaire, mais la pérenniser», poursuit le patron. Sa solution: fonder une association et lui expliquer le fonctionnement du site pour que le projet puisse perdurer. «Mon idée est de lui transmettre d’abord la gestion de la partie évènementielle, puis l’ensemble du commerce d’ici environ cinq ans», avoue-t-il.

«Nous sommes légion»

C’est en fin d’année dernière que s’est ainsi créée l’Association Hessel Espace Culturel. Et dans ses rangs, on compte bien sûr Alexandre Baudraz, mais il a refusé de prendre une fonction de leader. Celui que l’on surnomme «l’enfant terrible d’Orbe» pour son esprit anticonformiste et ses coups de gueule à répétition estime avoir relevé le défi qu’il s’était donné en lançant son commerce: «Dès le début, j’ai refusé de demander des subventions à la Commune d’Orbe parce que je ne voulais pas que l’on instrumentalise la culture à des fins politiques. C’était ma façon de montrer que l’on ne peut pas faire pression sur moi avec une subvention», rappelle le gérant. Et d’ajouter, avec jubilation: «Le Hessel ne se résume pas à ma petite personne, c’est un endroit qui a conquis le cœur du public. Les détracteurs du lieu ne pourront plus m’utiliser pour salir sa réputation, car désormais nous sommes légion!»

Essence du projet préservée

Cette légion, justement, elle se compose d’une dizaine d’amis et de clients du patron. Tous sont prêts à s’investir pour faire évoluer le Hessel Espace Culturel. «Alexandre Baudraz a créé le lieu et lui a donné l’élan. Mais tout le monde avait le sentiment qu’il fallait désormais passer à la vitesse supérieure», confie le président de cette nouvelle entité, François Campiche. Dans un premier temps, l’association reprendra donc en main la programmation des activités culturelles, mais n’aura aucun droit de regard sur la gestion du bar, principale source de revenu du site.

Qu’est-ce qui va changer concrètement? «Rien, car j’ai toujours carte blanche pour organiser les activités culturelles et je vais rester éclectique, avec une mixité d’artistes locaux et internationaux, professionnels et amateurs», assure Frédérique Margot, qui gère depuis quelques années l’agenda de la salle culturelle. «Notre but est de faire évoluer le Hessel avec de meilleures infrastructures (ndlr: actuellement, ce sont les clients et amis du patron qui prêtent leur matériel pour les concerts) et de tisser des liens avec les autorités locales, tout en gardant l’esprit qui a fait sa réputation», confie François Campiche.

Mais il n’y a pas de miracle, pour faire progresser le Hessel sans puiser dans la caisse du bar, l’association n’a pas d’autre choix que de se tourner vers des sponsors. Une concession pour Alexandre  Baudraz? Pas vraiment. «On n’a pas voulu de subvention parce qu’on voulait réussir sans cela, mais des sponsors, on en a toujours cherché, mais pas auprès de la Commune d’Orbe, c’est ça la nuance», justifie le gérant du bar. «Tant qu’on n’aura pas les fonds suffisants pour assumer une saison, l’organisation ne va pas changer, ce sera donc toujours le bar qui rétribuera les artistes», complète François Campiche.

Car c’est bien là tout l’enjeu: trouver plus d’argent pour offrir un meilleur cachet aux invités. «Je reçois une vingtaine de mails par semaine d’artistes qui souhaitent se produire ici, mais en voyant la rétribution au chapeau qu’on leur propose, ils doivent faire des concessions. Ce que je trouve dommage, car ils méritent plus, témoigne Frédérique Margot. Cela me ferait plaisir de pouvoir leur offrir davantage pour tout ce qu’ils nous donnent en retour  sur scène!»

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Une passionnée de musique aux commandes

Outre son bar lounge et son patron haut en couleur, le Hessel Espace Culturel propose surtout une programmation culturelle alternative. Un travail de fourmi qu’effectue Frédérique Margot en toute discrétion. Grâce à son flair et à ses contacts, elle attire des stars internationales jusqu’à Orbe, comme Gerry Leonard, le guitariste de Suzanne Vega. «Je suis née dans une famille de mélomanes, j’ai donc le nez et les oreilles plongés dans les arts depuis mon enfance, sourit celle qui est allée à son premier concert à l’âge de 4 ans. Après des années de bénévolat dans des festivals, j’ai la chance d’offrir une vitrine aux artistes et un lieu pour que le public puisse les rencontrer et j’en suis hyper heureuse.»

Valérie Beauverd