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Une nouvelle saga familiale à La Prairie

24 décembre 2014

Propriétaire charmant hôtel yverdonnois, la famille Decker l’a transmis à la famille Vagnières.

Françoise Decker est heureuse de transmettre La Prairie à Jean-Claude Vagnières. C’est le changement dans la continuité. © Michel Duperrex

Françoise Decker est heureuse de transmettre La Prairie à Jean-Claude Vagnières. C’est le changement dans la continuité.

L’Hôtel de La Prairie, le charmant quatre étoiles yverdonnois, a changé de mains. La famille Decker, qui en était la propriétaire depuis 1948, l’a transmis, en fin de semaine dernière, à la famille Vagnières, qui en assurait déjà l’exploitation depuis le printemps dernier.

«C’est une période riche en émotions, mais je suis très contente de ce qui se passe», nous confie Françoise Decker. Il faut dire que cet hôtel constituait, en termes affectifs, le coeur du patrimoine familial, tant feu Charles Decker, décédé il y a dix ans, y avait engagé sa passion. C’était son nid, son antre, le lieu où il aimait se retrouver autant en famille qu’avec ses amis. Alors qu’il était encore de ce monde, Charles Decker évoquait avec nostalgie «les grands soirées» de la Prairie, notamment à l’époque où la maison était tenue par la famille Curchod.

Un nouveau propriétaire qui connait les lieux

«C’était l’hôtel des Yverdonnois», ajoute Françoise Decker, convaincue que Jean-Claude Vagnières et les siens vont, à leur manière, perpétuer la tradition. Et d’ajouter: «J’ai la certitude que ce que Charles a construit, et qui est porteur d’une longue tradition, pourra continuer avec un autre capitaine».

L’ancienne propriétaire en est d’autant plus convaincue qu’elle a eu le plaisir de voir Jean-Claude Vagnières et les siens à l’oeuvre ces derniers mois. L’ancien capitaine d’industrie a, en effet, repris la maison dans l’urgence, lorsque Philippe Guignard a été confronté à des difficultés. Il fallait assurer la continuité, et préparer l’avenir.

Françoise Decker ne cache pas qu’elle aurait souhaité un autre final de la relation avec le pâtissier d’Orbe, car elle considère que la collaboration, au début en tout cas, avait bien fonctionné.

Un homme d’ici

Même si ses responsabilités l’ont amené à se déplacer fréquemment, Jean-Claude Vagnières est un homme du cru. «J’ai grandi à Yverdon. J’y ai suivi les écoles. Dans cette affaire, il y a aussi pour moi un aspect émotionnel», précise le nouveau propriétaire, qui, avec l’aide des siens, compte bien s’investir pour redonner de l’éclat à l’Hôtel de la Prairie, de manière à maintenir la certification quatre étoiles.

A l’oeuvre depuis quelques mois, Jean-Claude Vagnières perçoit déjà une évolution: «En l’espace de quelques mois, les gens ont changé. Ils ont le sourire», relève-t-il en parlant du personnel. Car pour le nouveau propriétaire qui, en avril dernier, déclarait «qu’on ne peut pas laisser couler une histoire comme celle-là», l’ambiance de travail est essentielle en matière d’accueil du client et de tourisme.

 

Une étude pour avoir une vision globale

Conserver les 4 étoiles

Le nouveau propriétaire est enthousiaste. Il compte bien investir dans la rénovation de cet établissement qui abrite aujourd’hui 37 chambres: «Pour garder les quatre étoiles, nous devons augmenter la qualité. Je me donne une année pour réaliser une étude complète, y compris sur les implications financières.» Pour Jean-Claude Vagnières et ses proches, c’est un fantastique défi, qu’il se réjouit de relever. Et qu’il aborde avec un enthousiasme de jeune homme: «C’est un cadeau de Noël!», lance-t-il avec un grand sourire.

 

Charles Decker

Une passion

Hôtel prestigieux construit en 1840, La Prairie a failli disparaître au lendemain de la Seconde guerre mondiale. Il avait accueilli des militaires et des réfugiés, et se trouvait dans un triste état. La Ville n’avait pas les moyens de l’entretenir et la commission extraparlementaire créée pour l’occasion n’a pas trouvé de solution. La population craignait le remplacement de l’hôtel par un immeuble locatif. C’est finalement Charles Decker, seul, qui avait acquis des terrains attenants avec les architectes yverdonnois René Dormond et Jacques Du Pasquier qui, le 15 juin 1948, redonnait vie à cet hôtel, avec la complicité d’Eva et André Curchod, restaurateurs réputés, qui l’ont tenu jusqu’en 1974.

La Municipalité d’alors, présidée par le popiste Léon Jaquier, a donné un coup de pouce en acquérant une bande de terrain le long de l’avenue des Bains. Charles Decker l’a achetée en 1955 pour y créer le minigolf. Lors du cinquantenaire, en 1998, Charles Decker avait déclaré à notre consoeur Isabelle Rovero: «Malgré les péripéties et les difficultés, je n’ai jamais été vendeur. Je suis vraiment tombé amoureux de cet hôtel.»

Isidore Raposo