Une octogénaire échappe à une tentative d’arnaque
16 mai 2025 | I. RO.Edition N°3944
Les aînés sont de plus en plus ciblés par des personnes mal intentionnées. Voisins et proches sont invités à faire preuve de vigilance.
S’attaquer aux personnes âgées et les dépouiller de leurs économies est «détestable», a tonné mercredi le procureur général du Canton de Vaud, Eric Kaltenrieder, lors du bilan de l’activité du Ministère public. Autant dire que les auteurs de tels faits, lorsqu’ils sont identifiés et arrêtés, sont traités avec la sévérité qui convient. Une octogénaire yverdonnoise a vécu une telle mésaventure, mais elle a eu le réflexe salvateur d’appeler la police à temps.
Celle que nous appellerons Anna habite un quartier paisible de la capitale du Nord vaudois. En avril dernier, en relevant le courrier dans sa boîte aux lettres, elle trouve une enveloppe envoyée par son assurance-maladie. Quelle n’est pas sa surprise lorsqu’elle découvre à l’intérieur pas moins de huits sommations pour des primes et prestations impayées. Elle est déstabilisée et appelle sa fille, domiciliée à l’étranger.
Le lendemain, la victime reçoit un appel téléphonique d’une certaine Nathalie L., une inconnue qui s’est affublée d’une fausse identité. Celle-ci lui annonce une excellente nouvelle: «Vous avez été lésée par votre assurance. Vous avez payé 5999 francs de trop. J’habite Genève et je vais vous aider à récupérer cet argent.» Elle précise encore qu’elle est associée avec un avocat du nom d’Alain M., un mensonge de plus.
Avec «PaySafeCard»
Récupérer un tel montant réjouit toutefois l’octogénaire qui, la veille, a pris un coup d’assommoir avec les sommations. «La personne qui m’a téléphoné s’est montrée très convaincante. Mais au moment où elle m’a dit qu’il fallait avoir recours à des avocats, j’ai commencé à me méfier. Et ma fille m’a dit qu’il fallait appeler la police», explique la victime.
Dans le cours de la conversation, l’arnaqueuse lui a posé plusieurs questions, notamment si elle vivait seule. Et puis, évidemment, elle est arrivée à son but: pour débloquer l’argent dû par l’assurance, il fallait avoir recours non pas à un, mais à quatre avocats. Et pour les payer, il suffisait d’aller à un kiosque et d’acquérir quatre «PaySafeCards» de 150 francs chacune. «Elle m’a dit d’aller au kiosque de la rue de la Plaine. Je me suis demandé comment elle connaissait l’endroit», explique l’octogénaire, qui se demande si l’arnaqueuse n’est pas une personne de la région.
Une surveillance discrète
En appelant la police, la victime a eu le bon réflexe. En effet des agents de Police Nord vaudois se sont rendus à son domicile et ont pris le temps de la rassurer. Et une surveillance discrète a été mise en place au moment où la victime devait remettre les cartes.
Méfiante, l’arnaqueuse ne s’est pas présentée. Mais elle a tout de même encore appelé l’octogénaire le lendemain. «Elle m’a dit qu’elle ne me lâcherait pas!»
De qui s’agit-il? Comment cette personne s’est-elle procuré des renseignements sur l’octogénaire? Cette dernière a-t-elle été victime d’un vol de courrier qui a ensuite permis d’établir de fausses sommations? Toutes ces questions restent ouvertes.
Une chose est certaine, la victime ne doit rien à son assurance-maladie. «Cette personne est en ordre et il n’y a aucune sommation en cours contre elle», répond un collaborateur de l’une des plus importantes compagnies du pays. Et d’ajouter: «Nous avons déjà eu connaissance de cas par internet, mais pas sous cette forme.»
Si vous avez des doutes, dans tous les cas parlez-en à vos proches et voisins, et appelez la police.