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Une oeuvre à six mains autour du dessin

6 juillet 2016 | Edition N°1779

Sainte-Croix – Le Musée des arts et sciences héberge une exposition à l’histoire particulière. Explications avec l’artiste Christian Jelk.

Les trois amis inconditionnels du dessin réunis lors du vernissage qui a eu lieu le 20 mai dernier. De g. à dr.: Jean-François Reymond, Stéphane Bresset et Christian Jelk. © Carole Alkabes

Les trois amis inconditionnels du dessin réunis lors du vernissage qui a eu lieu le 20 mai dernier. De g. à dr.: Jean-François Reymond, Stéphane Bresset et Christian Jelk.

Le scénario d’«Hors le langage», l’exposition de dessins de Stéphane Bresset, Christian Jelk et Jean-François Reymond, à découvrir jusqu’au 2 octobre au Musée des arts et sciences de Sainte-Croix, mérite d’être évoqué avec des mots. L’histoire commune des trois hommes, dont les créations artistiques ont essaimé dans l’entier du lieu culturel, commence, en quelque sorte, au Gymnase de la Cité, à Lausanne. Christian Jelk, endossait, alors, le rôle de l’étudiant. Jean-François Reymond, celui de l’enseignant. «80% de la classe était hermétique à ce que ce professeur de dessin nous montrait. Moi, je ne comprenais rien, mais j’étais passionné, envoûté», explique celui qui officie, entre autres, comme curateur depuis bon nombre d’années. C’est précisément sous cette casquette que l’élève a recroisé, il y a environ quinze ans, le chemin de son maître, partie prenante d’une exposition collective. Jean-François Reymond a confié, quelques mois plus tard, l’accrochage de ses oeuvres à son admirateur et à Stéphane Bresset dans le cadre d’un autre événement.

L’artiste, qui s’est rendu compte de la sensibilité des deux hommes pour son travail, a alors décide de les inviter chez lui à Savennières, en Maine-et-Loire, pour leur transmettre sa technique.

Les oeuvres sont dépourvues de clés de lecture à l’endroit où elles sont exposées, mais un fascicule disponible au musée renseigne sur leur nom et leur auteur. © Carole Alkabes

Les oeuvres sont dépourvues de clés de lecture à l’endroit où elles sont exposées, mais un fascicule disponible au musée renseigne sur leur nom et leur auteur.

«Stéphane pratiquait le dessin depuis dix ans, alors que, pour ma part, j’étais novice. Je ne cache pas que j’y suis un peu allé à reculons», avoue Christian Jelk. Dès son premier jour d’apprentissage, son scepticisme vole en éclats sous le poids d’une révélation. «C’était incroyable. Je me suis rendu compte que ce truc m’attendait depuis ma naissance! J’ai été happé par ce lieu de recherche et d’expériences infini et absolu, où je suis seul face à moi-même et qui va m’enrichir jusqu’à la fin de mes jours. Le dessin est devenu ma maison», s’enthousiasme l’habitant de Sainte-Croix. Il qualifie ce moyen d’expression, pratiqué par l’Homme depuis la nuit des temps, de «pensée en acte. Le dessin est excessivement simple et complexe. On peut dessiner cinquante fois le même objet, le résultat sera toujours différent».

Depuis ce séjour intensif, reçu il y a une dizaine d’année, Christian Jelk ne se déplace jamais sans son carnet de croquis et échange ses réflexions sous forme épistolaire avec son mentor basé en France. «Nous constatons, entre autres, que nous avons à chacun notre lumière. Sur les bords de la Loire, elle est plus chaude que dans le Jura. Là-bas, c’est la lumière des peintres», commente celui qui a, en outre, des contacts quotidiens avec son voisin d’atelier Stéphane Bresset, l’autre Sainte-Crix dont le travail est présenté.

Les trois artistes ont «envahi tout le musée»

«Hors le langage» réunit, pêle-mêle, les bas-reliefs et les gravures de Christian Jelk, les aquarelles, les gravures et les sables de Jean-François Reymond, ainsi que les peintures et les sculptures de Stéphane Bresset, qui débordent du «ventre», l’espace réservé traditionnellement aux expositions temporaires. «On a envahi tout le musée. Nous avons tous amené nos oeuvres et commencé l’accrochage dans cette salle, qui nous a donné la gamme à jouer ensuite. Nous avons alors pu constater que certaines rencontres fonctionnaient bien, d’autres pas du tout», commente Christian Jelk. Les étages supérieurs du Musée des arts et sciences de Sainte-Croix offrent, quant à eux, de singuliers dialogues avec les collections permanentes. Après cette création sur le Balcon du Jura, les trois compères prévoient d’associer une nouvelle fois, leurs univers respectifs le printemps prochain, sur les terres de Jean-François Reymond, artiste inoxydable qui fête ses 88 ans cette année.

Ludovic Pillonel