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Une page foot se tourne et une nouvelle s’ouvre pour Nico Beney

21 juillet 2010

Gardien des Titans demi-finalistes de l’Euro M21 de 2002, l’Urbigène range ses gants après trois dernières saisons passées au FC Sion, en Super League. Amoureux du ballon rond, il ne va pas abandonner le milieu. Bien au contraire.

Nicolas Beney avait réalisé un retour gagnant au poste de titulaire avec le FC Sion en avril 2009. Un carton rouge avait coupé son élan.

Nicolas Beney avait réalisé un retour gagnant au poste de titulaire avec le FC Sion en avril 2009. Un carton rouge avait coupé son élan.

Il l’a compris en automne dernier déjà. Il n’obtiendrait pas de nouveau contrat au FC Sion, en Super League. A bientôt 30 ans, Nicolas Beney met fin à sa carrière sportive. L’Urbigène, qui vit désormais à Savièse, en Valais, revient sur son parcours et évoque son avenir.

La Région: Nicolas Beney, n’y avait-il pas d’autre solution que d’arrêter votre carrière?

Nicolas Beney: J’aurais voulu poursuive à Sion, mais c’était un souhait unilatéral. Aucune perspective sportive excitante ne se profilait. Il suffit de voir ailleurs: les clubs misent sur des gardiens plus jeunes. Paolo Collaviti met fin à sa carrière, Sébastien Roth jouera à Carouge en 1re ligue. Je ne suis plus sur les listes.

A pas encore 30 ans, n’est-ce pas trop tôt à votre goût?

Cela fait un an et demi que je n’ai pas joué. Après la demi-finale de Coupe de 2009, j’ai pensé que cela se profilerait bien, que j’allais redécoller. Mais Sion est un club où il peut se passer tout et son contraire. Et c’est parti dans le sens de la retraite. Si je pouvais être footballeur toute ma vie, je le serais. Mais il faut rester lucide et accepter la réalité des choses. J’ai également une femme et des enfants (il vient d’être papa pour la troisième fois il y a peu).

Vous avez décidé de vous reconvertir dans le management, pour venir en aide aux sportifs.

Oui, cela fait quelques mois qu’avec un partenaire, on s’attèle à créer la structure. On sera là pour épauler les joueurs, les conseillers, tant sur les plans sportif, que financier ou juridique par exemple.

Comment avez-vous vécu ces dernières années où vous avez peu joué?

J’ai été blessé en 2004 (touché aux ligaments d’un genou). De 2005 à 2007, cela a été très dur. Je n’avais pas de stabilité. Heureusement, j’ai pu jouer un peu en Challenge League, ce qui m’a permis de ne pas disparaître. De survivre aux niveaux sportif et financier. En 2007, j’ai été au chômage pendant six mois et c’est au moment où je m’y attendais le moins que j’ai reçu l’offre du FC Sion. Tous les compromis réalisés par ma famille ont alors permis de vivre de grosses émotions, comme la demi-finale de Coupe suisse 2009 remportée aux penalties J’ai pu m’établir, revivre de ma passion dans un groupe sain et un club fantastique. Parfois on me dit encore dans la rue, «la Coupe, c’est toi»!

Avez-vous des regrets par rapport à votre carrière?

Je n’aime pas vivre de regrets. Chaque expérience m’a apporté beaucoup. Oui, j’aurais voulu moins changer de clubs, peut-être. En début de carrière, j’ai accordé ma confiance au mauvais agent aussi, juste après l’Euro M21 de 2002. Puis, en 2004, je n’ai pas eu de chance avec ma blessure, alors qu’on commençait à parler de moi en équipe nationale. Certes je suis sur la voie de garage à 30 ans, mais je ne veux pas m’attarder sur cela. J’ai de nouveaux projets. J’ai eu une carrière pleine en émotions, avec des hauts et des bas. Je suis fier de n’avoir jamais baissé les bras, d’avoir toujours pu rebondir. Et pour moi, le football n’est pas terminé, vu que je reste dans le milieu!

Quels ont été les moments les plus difficiles à vivre?

Au niveau sportif, lorsque j’étais blessé (il a subi cinq opérations, notamment pour une fracture à un doigt et pour une déchirure des ligaments à un genou), ne sachant pas si je pourrais revenir à niveau. Sur les plans social et professionnel, les moments d’incertitude, sans contrat. Mais ces expériences m’ont fait grandir, ont soudé la famille, comme à Aarau, lorsque j’ai vécu trois mois dans une ferme non rénovée, qui se chauffait au bois. Mais il n’y avait rien d’insurmontable! Je me suis toujours investi pour chaque club dans le quel j’ai joué, car un footballeur doit donner en retour!

Un talent précoce

Nicolas Beney a commencé le football dans la région d’Orbe, avant de partir à Lausanne, puis à Sion, en juniors. A 16 ans, il évoluait en LNB avec Yverdon Sport, sous les ordres de Lucien Favre, avec un certain Ludovic Magnin, par exemple, comme coéquipier. Il a touché à la LNA pour la première fois en 2001, avec le FC Sion, remplaçant Fabrice Bohrer, blessé, contre GC. Une victoire 3-0 pour les Sédunois!

A l’Euro M21 de 2002, héroïque, il affrontait des joueurs comme Andrea Pirlo, Sidney Govou ou Peter Crouch. En LNA et Super League, il a croisé les meilleurs attaquants de Suisse, dont Stéphane Chapuisat. Une belle carrière tout de même, dans le dur milieu du foot professionnel, où un peu de malchance aura certainement coûté du lustre à son palmarès. Car le bonhomme a du talent!

Manuel Gremion