Une passion intacte
7 novembre 2024 | Textes: Manuel Gremion | Photo: Duperrex-AEdition N°3826
YS Féminin reçoit Thoune, dimanche à 14h30, dans le cadre des 8es de finale de la Coupe de Suisse dames. Une compétition chère aux Yverdonnoises, qui y ont connu leurs plus grands succès et dont la présidente Linda Vialatte (photo)
La belle victoire d’YS Féminin 1-0 face à Rapperswil, le 5 octobre dernier en 16es de finale de la Coupe de Suisse, est dans toutes les têtes des joueuses yverdonnoises. Ce jour-là, elles ont montré être capables de battre une équipe de Super League, qu’elles ont d’ailleurs de fortes chances de retrouver en barrages de promotion-relégation en fin de saison.
La compétition offre, ce dimanche en 8es de finale cette fois, une nouvelle opportunité à Ilona Guede et ses coéquipières de se frotter à un adversaire de l’élite, Thoune, actuellement au dernier rang. «C’est sûr que si on avait tiré Servette, ce serait autre chose. On a le bonheur d’affronter les Thounoises, contre qui on a une chance de passer. Ce d’autant plus qu’elles ne viendront pas en confiance, alors qu’on a éliminé Rapperswil au tour précédent», lance Linda Vialatte.
Du délire à la réalité
La présidente de la section féminine d’Yverdon Sport a vécu de magnifiques émotions en Coupe de Suisse. En trente ans dans l’élite (LNB et LNA), YSF a souvent réalisé de beaux parcours dans la compétition à élimination directe, soulevant à deux reprises le trophée, en 2010 et 2011. «Quand je suis arrivée, en 1987, je me souviens qu’après les matches, à la buvette, on délirait sur le fait qu’un jour on serait championnes de Suisse et qu’on remporterait la Coupe, raconte Linda Vialatte. Avoir rejoint la LNA et avoir gagné cette Coupe de Suisse sont des moments simplement extraordinaires. Il y a tant de clubs et de joueuses qui ne gagneront jamais rien.» Yverdon l’a fait.
Lors de ses deux exploits, l’équipe avait en plus battu YB en finale, l’un des grands clubs du pays, avec ses internationales. Les Bernoises étaient ultrafavorites, mais s’étaient cassé les dents sur la seule équipe romande au sommet à cette époque.
Il y a une dizaine de jours, Linda Vialatte a d’ailleurs eu le bonheur de retrouver quelques filles qui étaient sur le terrain lors de ces finales – dans un camp ou dans l’autre, comme Sandy Maendly à YB, Maeva Sarrasin et Caroline Abbé à Yverdon –, en se rendant au Stade de Genève pour assister au succès historique des Suissesses face à la France.
L’Euro 2025: la chance à saisir
Le football féminin helvétique s’apprête à vivre une immense fête avec l’accueil de l’Euro l’été prochain. «On devra vraiment en profiter, martèle la président dévouée. Il faut surfer sur l’héritage que le tournoi laissera, ne pas laisser tout retomber ensuite à zéro. Ces matches de Coupe, comme celui qu’on va vivre dimanche contre Thoune, et l’Euro doivent donner envie aux filles de jouer au foot.» Ce sera le cas, c’est certain, mais les instances suisses, les clubs, doivent eux aussi tout faire pour que la ferveur perdure.
Au moins autant que dans le corps et l’esprit de Linda Vialatte, toujours aussi déterminée à se donner corps et âme pour le foot féminin. «A la retraite, j’aurais pu m’arrêter, mais je suis encore là. Juste pour regarder les matches avec cet enthousiasme et cette passion que j’ai toujours en moi. C’est quelque chose qui ne part pas. J’ai envie d’être là, de me battre, de lutter pour ces filles», témoigne-t-elle avec émotion.
Dimanche, elle sera au Stade municipal, comme toujours, à soutenir ses protégées. Ainsi que son neveu, Arnaud, l’entraîneur d’YS Féminin. «On a affronté Rapperswil et, à présent, on va rencontrer Thoune, les deux équipes de bas de classement de Super League. Des clubs montés récemment. Cela témoigne du problème que l’on rencontre au plus haut niveau», estime la présidente. Il n’y a qu’Aarau, qui a professionnalisé son staff, qui semble avoir franchi un cap dans l’élite. Le chemin à suivre pour survivre. «Idéalement, à Yverdon, Arnaud devrait être employé à 50%.»
On n’en est pas encore là à YS, mais le club a effectué un sacré pas en avant cette saison, tout de même. Le dialogue avec les propriétaires américains est excellent. Linda Vialatte et son neveu ont pu parler directement à Jeffrey Saunders pour présenter leur projet, et le président du football a immédiatement donné son feu vert. Le budget supplémentaire alloué a ainsi permis de renforcer le staff et de mieux soutenir les joueuses. «Un des gros plus est aussi d’avoir désormais Ilona Guede employée à 50% dans les bureaux du club», ajoute Linda Vialatte, qui espère sincèrement que la tendance au développement va se poursuivre.
Car si Yverdon remonte une cinquième fois en AWSL l’été prochain, il aura besoin d’avoir les reins solides, ce coup-ci, afin de régater parmi les plus grands clubs du pays.