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Une semaine cloisonnée avec la grippe A

29 juillet 2009

Une jeune nord-vaudoise a contracté le virus H1N1, suite à un séjour d’une semaine en Espagne. Désormais rétablie, elle raconte comment son isolement s’est déroulé.

Bien se laver les mains et éviter les contacts dans les zones à risques. Sous peine de connaître une semaine difficile comme celle qu’a vécu Adeline.

Bien se laver les mains et éviter les contacts dans les zones à risques. Sous peine de connaître une semaine difficile comme celle qu’a vécu Adeline.

«Tu ne nous ramèneras pas la grippe A, hein!» C’était la plaisanterie qu’on lui lançait avant son départ en vacances. C’est devenu réalité à son retour de Majorque. Adeline (prénom fictif), jeune nord-vaudoise de presque 22 ans, était pourtant partie avec quatre amies. Mais elle est la seule à avoir contracté la grippe d’origine porcine. «J’imagine que je devais être la plus faible. Et j’avais accumulé de la fatigue avant mon départ», dit-elle. Après une semaine de confinement à la maison, elle retrouve enfin l’air. Une délivrance.

La Région: Comment avez-vous appris que vous aviez la grippe A?

Adeline: On est rentrées un dimanche. Le lundi, en fin de journée, j’ai commencé à me sentir mal. Le lendemain matin, j’avais de forts maux de tête et de la fièvre. Je suis allée au Centre médical d’Yverdon, où on m’avait dit d’aller. On m’a renvoyée à l’Hôpital d’Yverdon. On m’a donné un masque et mis dans une chambre spéciale avec ma soeur, où le personnel a effectué des tests, confirmant que j’avais attrapé le virus H1N1.

Qu’avez-vous ressenti à ce moment-là?

J’ai eu très peur au début, en allant à l’hôpital et en apprenant le diagnostic. Mais on m’a rapidement expliqué que je ne faisais pas partie des personnes qui risquaient de mourir. On m’a dit ensuite de rester enfermée une semaine chez moi et de porter un masque, pour ne pas risquer de contaminer des personnes plus faibles.

Sept jours enfermée, cela a dû être très long.

Les trois premiers jours, j’étais mal. J’ai déjà eu la grippe conventionnelle, mais cette fois-ci, c’était bien plus fort. J’avais des maux de tête au point que je ne pouvais pas me lever, des frissons, mal à la gorge, de la fièvre, des douleurs musculaires, de la peine à respirer et, bien sûr, le rhume. J’ai beaucoup dormi. Ensuite, c’est devenu très long. J’avais envie de sortir, d’enlever le masque. Je me sentais inutile et seule. Heureusement, des copines sont venues s’occuper de moi.

Quel regard portaient les gens au courant de la situation ou ceux que vous avez dû prévenir?

J’ai eu quelques réactions bizarres. Certains qui me disaient que j’aurais pu les prévenir avant. Mais je ne savais pas que j’étais malade quand je suis rentrée! J’ai senti une certaine crainte chez les gens.

Vous avez bien récupéré désormais?

J’ai encore un peu le rhume. Mais je peux enfin sortir et je recommence le travail. Je suis heureuse que ce soit terminé. J’ai peu mangé et ai perdu cinq kilos.

Vous saviez avant de partir que Majorque était une zone à risques. Comment est-ce vécu sur place?

On n’a pas vu grand-chose. Personne ne portait de masque. J’ai trouvé la prévention insuffisante, notamment à l’aéroport. J’ai pris l’avion sans masque. Il y avait des enfants près de nous. J’ai peut-être contaminé des gens. On a simplement eu une annonce en rentrant, disant que les personnes qui présentaient des symptômes devaient se rendre à l’hôpital.

Et une fois en Suisse, le suivi a-t-il été suffisant?

A vrai dire, on ne m’a pas expliqué beaucoup de choses, ni même combien de temps j’allais être contagieuse. J’ai dû acheter L’Illustré pour mieux comprendre. On m’a simplement signalé que le Tamiflu n’était pas nécessaire dans mon cas et que je devais rester à la maison durant sept jours. J’ai eu l’impression que même à l’hôpital, ils n’étaient pas encore très bien informés. Pourtant, l’épidémie ne va pas manquer avec les retours de vacances. Je sais que plusieurs personnes y sont allées avec les mêmes symptômes que moi le même jour, pour effectuer des tests.

Comment votre famille a vécu la situation?

Mes parents nous ont succédé dans le même appartement à Majorque. On s’est croisés. Ma maman était plus inquiète. Mais maintenant tout va bien. Pour une personne en bonne santé, ce n’est pas dramatique. Mais il ne faut pas prendre cette grippe à la légère non plus.

Manuel Gremion