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Une triste affaire locale inspire un roman
Comme son héros, Christian Campiche s’est intéressé de près au mystérieux incendie ayant ruiné la vie d’un paysan du Nord vaudois.

Une triste affaire locale inspire un roman

7 octobre 2024 | Texte et photo: Kévin Ramirez
Edition N°3803

Un incendie qui s’était produit il y a plus de vingt ans sur la commune d’Essertines-sur-Yverdon est le point de départ de Lynchage à Nonfoux, le roman noir de Christian Campiche mettant en scène des personnalités vaudoises influentes.

Le journaliste Krabitz sent l’adrénaline monter en lui lorsque, un jour, un inconnu le contacte pour lui fournir des informations sur une mystérieuse affaire d’incendie datant d’il y a plusieurs années, impliquant le paysan et propriétaire de la ferme nord-vaudoise rongée par les flammes ainsi que des personnalités du canton haut placées. Un cas qui a été classé avec hâte, balayant les éléments plaidant en faveur d’une piste criminelle pour conclure à la culpabilité (par négligence) de l’agriculteur. Ce que réclame l’inconnu: la réhabilitation de cet homme, injustement condamné, décédé depuis.

Ce sinistre, qui s’est réellement produit en 2002, avec une issue judiciaire similaire à celle décrite dans le roman, Christian Campiche ne voulait pas qu’il sombre dans l’oubli, d’où l’écriture de Lynchage à Nonfoux. « L’affaire est le motif pour dénoncer une gouvernance hypocrite, tient tout de même à préciser l’auteur. C’est une satire caricaturale burlesque de la gouvernance locale. Ce n’est pas particulier à ici mais, ce qui mérite d’être considéré, c’est que la Suisse a toujours la réputation d’être le pays parfait, démocratiquement, alors que ce n’est pas le cas», lâche l’auteur.

A l’histoire véridique de l’incendie ayant dévasté le paysan et la procédure judiciaire occulte qui a suivi, Christian Campiche y ajoute habilement meurtres, abus de pouvoir, corruption et machinations de personnalités issues du monde politique et des affaires, notamment pour dénoncer une «gouvernance locale défectueuse» selon lui. «En dehors de l’aspect justice rendue à un agriculteur qui a été condamné indûment, il y a un aspect philosophique sur l’évolution du monde, poursuit Christian Campiche. Il y a un hiatus entre la gouvernance telle qu’on la subit dans les villes et états, et l’idéal qui est diffusé.»

Réflexions sur le métier de journaliste

Cette volonté de dénoncer les agissements malhonnêtes des puissants et cette soif de vérité, Christian Campiche les a en commun avec son personnage principal qui mène l’enquête, le journaliste Krabitz. D’ailleurs, l’auteur se présente avant tout comme un journaliste, ayant notamment fondé l’actuel site d’information et d’opinion www.infomeduse.ch, en 2003. «Au départ, se remémore-t-il, c’était un jardin que j’avais créé à côté de mon activité salariée pour pouvoir m’exprimer totalement librement.»

Outre la dénonciation de la gouvernance locale, le roman est ainsi également l’occasion pour le journaliste de mettre en avant ses réflexions sur son métier dans un contexte de plus en plus précaire pour la profession et sa pérennité. «Je pense qu’on peut tout dire en tant que journaliste, partage l’auteur, mais tout est dans la manière de dire les choses, il n’y a pas de tabou.» C’est pourquoi, il présente Krabitz comme une sorte de justicier lanceur d’alertes, incarnant un réel quatrième pouvoir et contre-pouvoir nécessaire à l’Etat.

Paru en juin 2024, éditions Mon Village, Sainte-Croix.