Yverdon Sport s’est imposé 6-0 face à Étoile Carouge samedi. Le choc au sommet présumé s’est transformé en mise au point claire: le seul favori de Promotion League s’appelle YS.
Les Carougeois ne le disaient pas trop fort, mais quand même: leurs envies de Challenge League étaient parvenues jusque dans le Nord vaudois les jours précédant ce potentiel choc au sommet. Et Yverdon Sport a alors voulu montrer qui était le patron, sans trop parler avant le match, réservant les actes pour le terrain.
La réponse a été claire, limpide, sèche comme la frappe d’Allan Eleouet pour le cinquième des six buts nord-vaudois: une claque monumentale, de celles qui vont faire parler jusqu’à Bellinzone et Rapperswil. 6-0, donc. De choc au sommet, il n’y a point eu, ou alors pendant trente minutes, à peu près.
«Carouge a été bon au début, ils nous ont posé des problèmes», a reconnu Jean-Michel Aeby. Et puis, YS a fait mal, très mal.
Carouge a en effet vu déferler les vagues de tous les côtés. Norman Peyretti a réservé quelques tours de magie au pauvre latéral Romain Kursner, qui a dû se réveiller quelques fois dans son sommeil la nuit suivante pour se demander où étaient passés les ballons que l’ailier yverdonnois lui avait dissimulés.
Et quand Peyretti, dont la finesse technique et l’intelligence de jeu sont un régal permanent, se faisait plus discret, Marculino Ninte percutait de l’autre côté, Hugo Fargues donnait des ballons en or et Ali Kabacalman faisait admirer la qualité de ses passes laser.
Cortelezzi voit triple
Bref, Carouge vivait un enfer, qui ne se traduisait pas au panneau d’affichage… jusqu’à ce que deux coups de pied arrêtés ne permettent à YS, enfin, de prendre un avantage de deux buts. Un corner de Hugo Fargues côté droit, conclu par un Sergio Cortelezzi opportuniste, puis un autre, côté gauche, ponctué cette fois par une lourde frappe de William Le Pogam, lui aussi excellent samedi dernier.
2-0 à la pause, l’affaire était pliée, mais YS a tenu, donc, à frapper très fort, se montrant impitoyable en deuxième période. 6-0, score final, et douze points en quatre matches, voilà le bilan d’un week-end très réussi.
Point important, ce match a également servi à donner de la confiance aux deux avants-centres de l’effectif, Sergio Cortelezzi et Gentian Bunjaku. Pour la première fois de la saison, Jean-Michel Aeby avait décidé de titulariser l’Uruguayen, qui l’a bien honoré en retour, inscrivant un très joli triplé. Bunjaku, lui, a marqué peu après son entrée en jeu.
«C’était ma première titularisation, c’est vrai, et je suis très heureux d’avoir converti le bon travail de mes coéquipiers en marquant trois fois. C’est normal qu’il y ait de la concurrence, on a une équipe de niveau Challenge League. On doit avoir des bons joueurs partout», a témoigné Sergio Cortelezzi après la rencontre.
YS a-t-il envoyé un message clair avec ce 6-0? L’Uruguayen réfléchit un instant et sourit: «Oui, je pense. De ce point de vue, gagner était important. Mais on sait aussi qu’on n’a joué que quatre matches et que tous seront compliqués. On ne pourra jamais se relâcher. Mais on a une équipe de grande qualité.» YS l’a prouvé sur le terrain, samedi dernier. Et Carouge a payé cher pour en avoir la preuve.
Marculino Ninte, l’autre homme du match
Sergio Cortelezzi et lui sont sortis en même temps à la 72e et les applaudissements des 578 spectateurs se sont donc confondus entre les deux hommes. Si l’Uruguayen et son triplé avaient bien mérité une ovation, la performance globale de Marculino Ninte en valait également une. L’ailier bissau-guinéen et portugais de 23 ans a régalé le public grâce à ses accélérations et ses dribbles et, d’une certaine manière, il s’inscrit dans la lignée historique des ailiers de débordements spectaculaires dont le Nord vaudois raffole. Il n’a pas encore l’aura d’un Jean-Michel Tchouga, d’un Enilton ou d’un Khaled Gourmi, pour ne citer que ces trois-là, mais Marculino Ninte dégage quelque chose de spécial et fait bel et bien partie de la caste des joueurs qui font se lever un stade. Il ne fait pas encore tout juste, sinon il ne serait d’ailleurs déjà plus en Promotion League, mais ses feintes de corps et, surtout, son premier pas en sortie de dribble en font un atout de choix pour Jean-Michel Aeby.
Une défense solide, aussi
Jean-Michel Aeby, s’il a logiquement loué le potentiel offensif énorme de son équipe, a également eu une pensée pour sa défense. «J’aimerais souligner qu’on n’a pas pris de but. Et c’est important aussi», a relevé le technicien. Face à Black Stars et YF Juventus, YS s’était à chaque fois imposé 5-1, avec un but adverse qui ne faisait pas joli dans le paysage. «Cette fois, on est restés à zéro et je préfère largement ça», a relevé l’ancien défenseur, très satisfait de la performance de son bloc.
Yverdon Sport – Étoile Carouge 6-0 (2-0)
Buts: 40e Cortelezzi 1-0; 42e Le Pogam 2-0; 57e et 65e Cortelezzi 4-0; 83e Eleouet 5-0; 84e Bunjaku 6-0.
YS: Martin; Danner, Sejmenovic, De Pierro, Le Pogam; Kabacalman, Tokam (51e Lusuena); Peyretti (65e Eleouet), Fargues, Ninte (72e Mobulu); Cortelezzi (72e Bunjaku). Entraîneur: Jean-Michel Aeby.
Carouge: Chappot; Monteiro, Dia Mbaye, Vanzo (46e Mfuyi), Kursner; Baddy Dega (67e Mettler), Gomis (46e Moreira), Fernandez; Delley (67e Vieira), Vitkieviez, Boussaha. Entraîneur: Claudio Morelli.
Notes: stade municipal, 578 spectateurs. Arbitrage de Désirée Grundbacher, qui avertit Tokam (7e, jeu dur), Vanzo (13e, jeu dur), Fernandez (20e, jeu dur), Baddy Dega (59e, jeu dur), Fargues (65e, réclamation) et Moreira (65e, réclamation). 51e, frappe sur la latte de Cortelezzi, 56e, but de Cortelezzi annulé pour hors-jeu. 61e, coup franc de Peyretti sur le poteau.
