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Une vie au service de la valorisation des savoir-faire
Désormais très active dans l’arc jurassien, France Terrier reste habitante d’Yverdon et y propose désormais des activités culturelles.

Une vie au service de la valorisation des savoir-faire

13 septembre 2024 | Texte: Jessica Kormann | Photo: Michel Duperrex
Edition N°3788

Après 27 ans passés au sein du Musée d’Yverdon et région, France Terrier continue sa mission au sein de l’association arcjurassien.ch.

«L’histoire est très importante, et nous vivons à une époque où nous n’en avons pas assez conscience.» Portée par cette idée, France Terrier se bat depuis plus de trente ans pour faire comprendre l’importance du passé dans notre présent. Rédactrice pour le Journal suisse d’archéologie, engagée dans de nombreuses associations, ou encore enseignante à l’Université de Neuchâtel dans le cadre du master en études muséales, l’Yverdonnoise a porté de multiples casquettes au cours de sa carrière.

La plus importante d’entre elles a toutefois été son poste de conservatrice du Musée d’Yverdon et région, qu’elle a occupé de 1992 à 2019, lorsqu’un changement au conseil de fondation l’a poussée à faire ses adieux à l’institution. «Les personnes qui sont arrivées n’étaient plus tellement en accord avec ce qui était fait, et nous avons décidé d’une séparation», confie-t-elle.

Suisse et France s’unissent

Après toutes ces années passées dans la même institution, France Terrier est donc partie à la recherche d’un nouveau travail qui saurait lui correspondre, et l’a trouvé chez Arcjurassien. En 2020, peu après son arrivée, les savoir-faire en mécanique horlogère et mécanique d’art ont été inscrits au patrimoine de l’Unesco, et les détenteurs de ces savoirs ont souhaité aller plus loin.

«Une reconnaissance Unesco, c’est magnifique, mais ça reste une simple étiquette. Les détenteurs des savoir-faire voulaient vraiment des mesures particulières, un projet, une structure», témoigne France Terrier. La reconnaissance Unesco étant franco-suisse, Arcjurassien a alors pris les choses en main dans le cadre d’un projet transfrontalier, porté de l’autre côté de la frontière par Grand Besançon Métropole. «On nous a demandé de former une équipe et d’imaginer la structure à venir», continue l’Yverdonnoise. Et l’association en devenir, que France Terrier et son équipe avaient imaginé former en deux ans, verra finalement le jour le 6 décembre 2024, sous le nom d’Arc Horloger.

Savoir-faire menacés

En parallèle de cette création, le projet a déjà bien avancé, et tout a été mis en oeuvre pour fédérer les acteurs du milieu de l’horlogerie et de la mécanique d’art. Les membres du projet sillonnent notamment l’Arc jurassien à la rencontre de ceux qui travaillent dans les musées, les entreprises, et les écoles, afin de connaître leur état d’esprit, pas toujours optimiste. «Il y a de nombreuses personnes, dans les entreprises, qui tirent la sonnette d’alarme, en disant que des savoir-faire sont en train de disparaître», s’exclame France Terrier.

C’est que la conservation de ces connaissances centenaires, présentes depuis 250 ans dans l’Arc jurassien, est difficile. Patrimoine immatériel prenant une forme physique sous la main des experts, il est important de faire comprendre à chacun son importance, puisqu’il influence beaucoup la culture franco-suisse de la région. Pour France Terrier, «c’est un ensemble de pratiques, de gestes, de savoirs, que les horlogers ont. C’est ce qui leur permet de construire des montres, des boîtes à musique ou des automates.» Afin de tisser l’avenir, il est, selon l’ancienne conservatrice, particulièrement important de revaloriser ces savoir-faire, tout en bâtissant des ponts entre les artisans, la population, le passé et le présent.

L’art au fond du jardin

En plus de son travail sans relâche avec le projet Arc Horloger, France Terrier conserve un attachement profond à l’art et à la culture. Pour cette raison, elle a récemment aménagé la grange au fond de son jardin, à la rue Pestalozzi, afin d’en faire une petite galerie d’art, poétiquement nommée La Buissonnière – Grange Urbaine. Encore récente, celle-ci a déjà accueilli trois expositions.

Mais la culture étant variée, d’autres petits événements ont parfois lieu dans cette petite grange de ville, en face de sa maison. Il y a quelques jours, une comédienne est ainsi venue y faire la lecture d’un texte de Kafka, lors d’une soirée ouverte au public. Ce genre d’initiatives seront probablement reproduites à l’avenir, pour le plus grand plaisir de tous les adeptes d’art et de culture.