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Une voie romaine quasi intacte !
Les rainures de la voie sont particulièrement bien visibles.

Une voie romaine quasi intacte !

30 août 2024 | Texte et photos: Jean-François Reymond
Edition N°3778

En dessus du village ballaiguis, on peut admirer un tronçon de la plus longue voie romaine à ornières de Suisse.

La commune de Ballaigues peut s’enorgueillir de posséder, sur son territoire, un patrimoine très ancien et unique: une voie romaine particulièrement bien conservée et qu’il est rare d’observer ailleurs en Suisse. Il s’agit d’un chemin historique très singulier, d’un tronçon de voie à ornières très pittoresque (ndlr : celle située au-dessus de Vuiteboeuf est une voie à rainures).

Ces voies à ornières servaient à guider les chariots dans des rayures assez profondes, taillées directement dans la roche. Cela importait bien sûr en descente, lorsque les roues étaient bloquées au freinage ou que la route était glissante en cas de pluie. Il faut bien penser que les freins modernes avec arrêt contrôlé n’existaient pas encore, puisque apparus seulement au début du XIXe siècle.

Mais comment se fait-il que le tronçon proche de Ballaigues demeure encore si bien conservé? Il y a bien sûr une explication. Ce que l’on découvre ici, dans la forêt de Chez Barrat, pourrait laisser supposer une existence inchangée depuis des siècles, voire des millénaires. Mais en fait, elle a toujours été entretenue, car jusqu’au milieu du XIXe siècle, cette voie servait encore au transport du fameux sel des salines françaises de Salins-les-Bains et d’Arc-et-Senans, en direction de la Suisse romande et de Berne. C’était en effet la route existante la plus directe.

Intérêt archéologique

Ce qu’on peut voir sur place est un tronçon d’environ 200 mètres de longueur avec un espacement entre les ornières de 1,20 mètre. L’existence de ces vestiges était connue depuis très longtemps mais c’est le premier archéologue cantonal vaudois, Albert Naef, qui s’y intéressa et qui fit déblayer deux tronçons en 1900. Mais il faudra pourtant attendre 71 ans pour qu’un de ses successeurs, Edgar Pélichet, décide la mise en valeur du site. Cette voie romaine, dans sa totalité, reliait Aventicum (Avenches) à Abiolica (Pontarlier) en passant par Eburodunum (Yverdon) et le col de Jougne, un axe important du trajet Gaule – Italie qui passait aussi par le col du Saint-Bernard.

Quand on arrive sur place, on ne peut la manquer car elle est clairement signalée avec un petit parking à proximité. On peut voir aussi un sympathique petit clin d’œil sous la forme d’un écriteau jaune, genre tourisme pédestre, qui indique à gauche «Paris 390 km » et à droite « Rome 720 km » . L’endroit est agréable et ombragé. C’est le but rêvé d’une petite excursion pédestre de décou- verte ou de redécouverte. A profiter pour la fin de cet été!