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Une voix de fée qui enchante

10 novembre 2016 | Edition N°1868

Yverdon-les-bains – La chanteuse valaisanne revient avec «Alpine Blues & le blues des alpages», un nouvel album qui condense un parcours artistique étincelant.

Laurence Revey, voix de cristal et grâce éthérée, sera bientôt à Yverdon-les-Bains. ©DR-Serge Hoeltschi

Laurence Revey, voix de cristal et grâce éthérée, sera bientôt à Yverdon-les-Bains.

Une voix. D’abord une voix. Juste une voix. Une voix qui monte, pure, éthérée. Une voix de sirène à laquelle aucun Ulysse ne saurait résister. Une voix à faire péter le cristal, à faire sortir les loups de leurs tanières et les ours de leurs antres. Une voix à suspendre le temps dans l’apnée d’une trille. Puis une autre tessiture, davantage grenée, plus charnue, plus chaude, plus sensuelle. Une voix plus animale, plus viscérale. Un son vigoureux et lourd qui subjugue par sa densité. Puis une chanteuse, une femme longiligne qui oscille comme un roseau sous la caresse de l’onde, une femme qui déploie une vibration puissante, organique, presque animale.

Ainsi chante, ainsi s’exprime Laurence Revey au fil des compositions ou des reprises du nouvel album qui sortira le 16 novembre. Juste à l’aube des deux concerts exceptionnels, qu’elle donnera les 18 et 19 novembre prochains au Théâtre Benno Besson d’Yverdon-les-Bains.

Albatros

Mais avant de montrer cette maîtrise et cette créativité, Laurence Revey l’aura un peu cherché, cette voix qui couvre trois octaves et demies. «Elle était là, mais j’avais zéro technique. Je chantais dans les mariages, aux scouts ou dans les églises, mais il y avait en moi quelque chose de l’albatros », glisse-t-elle dans un petit rire que l’on s’attend presque à voir décoller en vocalise.

Ainsi les ailes de géant de sa voix l’empêchaient presque de trouver sa voie. Alors l’albatros de Baudelaire, s’en est allé planer du côté de chez Brassens. Cet autre poète qui dit que «sans technique un don n’est rien qu’une sale manie». Alors elle a bossé Laurence. Cours de chant classique et même de chant africain, de jazz, travail technique… Elle conjugue cet apprentissage en chantant du Gainsourg ou du Marilyn dans les bistrots parisiens. Pooh-pooh-pidooh…

Transe

Elle a acquis cet impressionnant bagage presqu’en autodidacte et ainsi elle a conquis sa liberté d’expression. Et ce nouveau disque traduit cette singularité artistique et vocale. «C’est le fruit de vingt ans de travail, le reflet de cette envie, de cette capacité à tenir les chevaux pour aller vers ces extravagances rythmiques», confie-t-elle, serrant les poings comme pour tenir les rênes de cette voix qu’accompagnent des orchestrations à dominante rock et tribale dont on trouvera la quintessence sur le titre «Preyièn».

La voix de Laurence Revey s’harmonise avec une batterie sauvage et ferroviaire, emballée et endiablée. La transe n’est pas loin. Pour l’accompagner, elle a choisi le batteur de hard rock norvégien Kenneth Kapstad. Parce que ses influences sont multiples : blues, jazz, rock, rythmes africains, chants sacrés, world music… partout elle cherche la métrique et le scansion. Jusque dans la langue vernaculaire de ses origines.

Une langue qu’elle ne renie pas «même si me réduire au patois valaisan, c’est aussi m’amputer de tout le reste», souligne-t-elle. En allant écouter Laurence Revey, c’est remonter le temps d’une carrière dont le fil conducteur reste ancré dans «blues des Alpages» tandis que son chemin reste jalonné de rencontres les plus diverses.

De sa voix unique, Laurence Revey livre dans ce disque, et la tournée qui va l’accompagner, quelque chose d’originel et d’intime.

En concert au Théâtre Benno Besson le vendredi 18 et le samedi 19 novembre 2016 à 20h. Plein tarif : 30 francs, réduit : 25 francs, moins de 26 ans : 25 francs. Réservations au 024 423 65 84 ou sur www.theatrebennobesson.ch/

Philippe Villard