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Une voix pour les sans-voix
Paul Schneider a réalisé sa première anesthésie générale sur la table de cuisine d’une ferme foraine, très jeune, sous les ordres de son père.  mario del curto / DR

Une voix pour les sans-voix

23 janvier 2025 | Méribé Estermann
Edition N°3876

Médecin chirurgien, Paul Schneider a dirigé pendant trente ans l’Hôpital de Sainte-Croix et se bat aujourd’hui encore en faveur de la santé des migrants. Témoignage d’une vie d’engagements, le Plan-Fixe qui lui est consacré sera diffusé prochainement au Cinéma Royal.

C’est dans son salon, chez lui à Sainte-Croix, que Paul Schneider, 89 ans, partage son parcours de vie à la caméra. Et quel parcours: l’ancien médecin chef et chirurgien aura successivement dirigé et sauvé un hôpital menacé de fermeture, participé à la réindustrialisation de la commune et cofondé l’association Médecins Action Santé Migrant·e·s (MASM) – aujourd’hui le grand combat de sa vie.

Humaniste et chrétien – ancien président du Synode de l’Église réformée vaudoise, vice-président de la Fédération suisse des Églises protestantes –, Paul Schneider est né en Emmental, dans un petit village où son père, médecin suisse romand, avait émigré. Dès l’âge de 8 ans, il l’accompagne dans ses visites. «Je portais sa valise et les paysans  demandaient: tu viens avec ton assistant? Je le croyais presque», se souvient Paul Schneider. Une vocation qu’il finit par réaliser, après une formation entre Genève, Berne et l’Allemagne.

Sauver l’Hôpital de Sainte-Croix

C’est à l’âge de 35 ans qu’il est engagé comme médecin chef à l’Hôpital de Sainte-Croix, alors menacé de fermeture. Pourtant, il est toujours là: c’est qu’aux côtés des Saintes-Crix, Paul Schneider résiste, mettant sur pied un projet pilote préconisant notamment le redimensionnement de l’établissement et sa métamorphose en Réseau Santé. «Sans administration, nous avons autogéré cet établissement, qui a survécu dans de bonnes conditions, expose-t-il. Le projet pilote a été soutenu par de grands fonctionnaires de l’époque, qui ont reconnu qu’il s’agissait d’un projet visionnaire, et on a pu garder cet hôpital alors que tous les autres ont fermé. Maintenant, ce que nous avons réalisé est en train de se mettre en place dans d’autres hôpitaux, 20 ans plus tard.»

Un combat humanitaire

Mais l’engagement de Paul Schneider n’en reste pas là, même après sa retraite. En 2019, il cofonde le MASM, qui réunit des médecins romands de différentes spécialités, tous témoins du vécu et de la souffrance des migrants. Indigné, il affirme que notre pays n’a pas de politique migratoire digne de ce nom. «Notre but, dit-il, est de changer les lois en vigueur, la loi sur l’asile, la loi sur les étrangers et l’intégration.» En ouverture de ce Plan-Fixe, Paul Schneider ne mâche ainsi pas ses mots pour évoquer avec force les ambitions de l’association, qui entend bien agir pour la défense et le respect des droits de l’homme. Pour Jacques Poget qui modère cette belle rencontre, Paul Schneider est un passeur, un bâtisseur de ponts – une voix pour les sans-voix.


Infos pratiques

«Première» en présence de Paul Schneider et de son interlocuteur, Jacques Poget, le samedi 1er février à 18h, au Cinéma Royal. Entrée libre.