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Vendanges 2024 : une année de défis
Un grand travail de tri doit être effectué au moment de la récolte des grappes.

Vendanges 2024 : une année de défis

11 octobre 2024 | Textes: Robin Badoux | Photos: Michel Duperrex
Edition N°3807

La vigne a souffert des abondantes précipitations de cette année, impactant une partie des cépages les plus fragiles. Malgré tout, les efforts des viticulteurs de la région ont sauvé la plupart des grappes. Assurant une cuvée plus que raisonnable pour 2024 ? Témoignages de plusieurs viticulteurs de la région, à Champagne, Arnex, Mathod et Cheyres.

«Ça a tout de même été difficile cette année. Je pense que personne n’a été épargné. Nous sommes tous touchés à des degrés divers » , estime Simon Guignard, viticulteur à Champagne.

Un témoignage qui concorde avec ceux de la plupart des acteurs du domaine de la vigne. La faute à un été entrecoupé de nombreux épisodes pluvieux qui ont favorisé le développement de maladies, notamment le mildiou. « On a dû fournir une grande quantité de travail, continue Simon Guignard. Les pluies ont entraîné un lessivage fréquent des produits, tout en augmentant la masse des feuillages. Il fallait donc traiter la vigne en continu. » Le viticulteur de Champagne a ainsi augmenté de 50% le nombre de traitements effectués, passant de huit en 2023 à douze en 2024, ce qui implique, évidemment, des coûts supplémentaires pour les vignerons et viticulteurs.

En revanche, du côté du gel et de la grêle, la région de Champagne s’en sort plutôt bien. « C’était très localisé. Il y en a plus eu du côté de Fiez. Ce qui ne nous a pas empêchés d’avoir quelques sueurs froides lors des épisodes orageux. »

Jusqu’à 100% de pertes

Les différentes sortes de cépages qui composent les domaines viticoles de la région ont toutefois réagi différemment aux conditions météo de cette année. Il fallait par exemple particulièrement surveiller le pinot noir, plus sensible que d’autres cépages comme le chasselas ou le gamay. En comptant l’ensemble des cépages, certains domaines ont perdu jusqu’à, en moyenne, 30% de leur récolte.

C’est le cas notamment à Mathod : « C’est une année difficile pour la vigne avec cet été pluvieux, témoigne Valérie Marendaz, de la Cave de la Combe. Nous avons par exemple perdu 100% de notre merlot, car c’est un cépage plus sensible. C’était assez violent. » A noter que le gel, davantage présent au printemps du côté de Mathod, a contribué à fragiliser les vignes.

Des efforts jusqu’au bout

De manière générale, il a donc fallu être aux petits soins, et fournir davantage de travail cette année pour maintenir la santé de la vigne.

Par la suite, la pluie est encore venue mettre son grain de sel lors des vendanges, qui sont encore en cours sur certains domaines. « La météo actuelle complique un peu les travaux. On doit jongler avec un temps imprécis et des terrains détrempés » , continue la viticultrice. Sans compter qu’il faut parfois jouer les équilibristes afin de récolter les grappes avant qu’elles ne pourrissent, mais assez tard pour qu’elles mûrissent convenablement.

« Nous avons commencé nos vendanges le 30 septembre. Il fallait presque agir en urgence parce que certaines de nos parcelles étaient en train de pourrir » , indique de son côté Simon Guignard, qui ajoute qu’un travail de triage considérable a dû être effectué au moment de la récolte, afin de séparer les grains sains des grains abîmés ou pourris.

Le sentiment est relativement le même du côté d’Arnex, où la météo de ces derniers jours complique l’avancée des vendanges, sans réellement entamer l’enthousiasme des viticulteurs. « On est obligés de transporter le raisin à la brouette, car l’état du sol ne permet pas d’y accéder en tracteur » , explique Bernard Gauthey, de la cave du même nom. L’Arnésien s’en est d’ailleurs bien tiré cette année sur son domaine : « Nous avons réussi à bien protéger nos vignes. On arrive à 80% de notre quota, ce qui est à peu près ce que nous visons. On préfère toujours favoriser la qualité que la quantité. »

Vers un bon millésime ?

Malgré toutes les difficultés imposées par la météo, les viticulteurs demeurent unanimes : il y a largement de quoi fournir de bons nectars en 2024. «Le vin est moins riche que certaines années, mais il a quand même du fruit. Ce sera un millésime très intéressant » , estime Bernard Gauthey.

« C’était un challenge par rapport aux années précédentes, ajoute de son côté Valérie Marendaz. Je suis quand même contente de la qualité du raisin à la fin, même si on aurait préféré qu’il soit un peu plus sucré, mais c’était de toute façon difficile sans le soleil. »

Même son de cloche du côté de Champagne : « On obtient quand même une quantité convenable de raisin. Le chasselas est particulièrement bon cette année, comme le gamay et le garanoir, qui sont des cépages qui résistent bien aux maladies et réguliers au fil des ans. C’est rare de ne pas arriver aux quotas avec ces cépages » , estime Simon Guignard.