Sauf surprise, le parc éolien sera opérationnel à la fin de l’année prochaine. Première «pierre».
Dix-huit ans après le lancement du projet – le site avait déjà été identifié comme favorable par une étude de la Confédération réalisée en 2004 –, le parc éolien Sur Grati, porté par VOé et les Communes de Vaulion, Premier et Vallorbe est entré dans sa phase de construction. Une cérémonie symbolique de la première pierre, ou plutôt du premier coup de pelle, a eu lieu mercredi matin sur le site.
Les conditions estivales qui régnaient avant-hier sur les hauts des communes partenaires étaient franchement favorables à l’énergie photovoltaïque, l’un des piliers incontournables de la transition énergétique. Mais la réalité est qu’on ne peut se passer de l’énergie éolienne. «En hiver, nous sommes trop dépendants des importations d’électricité», a rappelé Thierry Zeller, codirecteur général de VOé (180 collaborateurs), en ouvrant la partie officielle.
Les six machines, étalées sur une longueur de quelque 2,5 km, avec une interdistance moyenne de 500 m, devraient produire 45 GigaWattsheure (GWh) par année, soit l’équivalent de la consommation annuelle de 11 000 ménages.
Un investissement important
Pour VOé, anciennement VO Energies, groupe issu de la fusion de la Société électrique du Châtelard (Vallorbe) et des Usines de l’Orbe (Orbe), ce projet fait figure d’investissement du siècle puisqu’il se chiffre à 75 millions de francs. Son originalité réside dans le fait que les trois communes partenaires s’y sont engagées, avec l’appui de leur organe délibérant respectif.
Le parc éolien Sur Grati s’inscrit pleinement dans le programme de la Confédération Energie 2050, voté par le peuple en 2017, a rappelé Thierry Zeller. Et d’ajouter: «C’est le complément idéal pour assurer une production d’énergie cent pour cent renouvelable.»
La démocratie a été respectée
Vice-président de VOé et syndic de Vallorbe, Stéphane Costantini a rappelé que ce projet «a été voulu et porté par les trois communes de Vaulion, Premier et Vallorbe». C’est d’ailleurs son originalité par rapport à celui de Sainte-Croix, aujourd’hui en service, qui émanait de Romande Energie.
Plutôt que déplorer les «dix-huit années de maturation», le vice-président de VOé, après avoir tout de même estimé «que c’était long, trop long», s’est réjoui du respect des processus démocratiques. Car le dialogue a permis d’avancer, et d’améliorer le projet.
Ces prochains mois, les plateformes et les accès seront aménagés, puis viendra le temps d’installer les machines. À fin 2026, elles devraient être opérationnelles. Puis dans les mois qui suivront, la remise en état des lieux sera opérée. «Maintenant on y va, on bosse et on regarde en avant», a conclu le syndic de Vallorbe.
Opportunité pour les infrastructures
Hors partie officielle, Stéphane Costantini nous confiait que ce projet va permettre de réaliser le bouclage des réseaux d’eau de Vallorbe et Vaulion dans un premier temps, puis de Premier. Les conduites seront placées dans la même fouille qui accueille le raccordement électrique du parc à la Cité du fer.
Chef de projet, et spécialiste des études environnementales – il a conduit celles de Juraparc et des Grottes de Vallorbe –, Pierre Honsberger relevait pour sa part que toutes les mesures ont été prises pour protéger ce qui doit l’être. Ainsi, des rosiers d’une espèce particulière ont été préservés, voire déplacés, pour éviter qu’ils ne soient détruits au cours des travaux.
En ce qui concerne les chauves-souris, le risque de mortalité est réduit. Elles évoluent au-dessous des pâles, dont le bas est à 90 m.
Ni arbitraire, ni déni de justice selon le Tribunal fédéral
Si l’ambiance était bon enfant à Sur Grati, cela tenait non seulement à l’importance du moment, mais sans doute aussi au fait que le Tribunal fédéral a rejeté la dernière tentative des opposants d’empêcher la construction de ce parc éolien. Mais lors de la partie officielle, aucun mot n’a été dit sur cette procédure. C’est sans doute dans un esprit d’apaisement que le vice-président de VOé Stéphane Costantini a parlé à plusieurs reprises d’humilité.
Dans un arrêt datant de début mai, mis en ligne hier sur le site du Tribunal cantonal, le Tribunal fédéral a rejeté les recours déposés par la Fédération Paysage Libre Suisse, la Fédération Paysage-Libre Vaud, et SOS Jura.
Ces trois groupes ont recouru contre la décision de la Cour de droit administratif et public (CDAP) du Tribunal cantonal qui, dans un arrêt d’avril 2024, a déclaré leur recours irrecevable.
La Cour cantonale relevait que la Fédération Paysage Libre Suisse n’était pas une association cantonale et ne figurait pas encore sur la liste annexée de l’ordonnance de 1990 relative à la désignation des organisations habilitées à recourir dans les domaines de la protection de l’environnement, de la protection de la nature et du paysage (ODO). Ce n’est qu’en octobre 2024 que le Conseil fédéral a ajouté cette fédération à la liste des organisations habilitées à recourir. Cette modification est postérieure à l’arrêt cantonal attaqué. De plus, cette Fédération et Paysage-Libre Vaud n’ont pas pas fait opposition durant la mise à l’enquête de mars 2023. Enfin SOS Jura ne remplit pas les conditions, et n’est pas active depuis dix ans au moins.
Les recourants plaidaient l’arbitraire et le déni de justice. Ils ont été désavoués par le Tribunal fédéral.