Vers davantage de zones 20 et 30
28 mars 2025 | Textes: Lena VulliamyEdition N°3918
Pour aménager des zones modérées dans la Cité thermale – dont la moitié du territoire est déjà concerné –, la Municipalité soumet au Conseil communal un crédit de 2,8 millions de francs. Une étude pour la réduction du bruit routier est également proposée.
«L’objectif est d’améliorer la qualité de vie, mais aussi d’absorber la croissance démographique, de sécuriser les quartiers, de réduire les nuisances sonores et de favoriser la mobilité multimodale», résumait la municipale de la mobilité, de l’environnement et des infrastructures Brenda Tuosto hier matin. Autre objectif avoué de cette stratégie de modération: la facilité de stationnement.
«L’abaissement de la vitesse est une mesure simple et efficace pour répondre à ces enjeux», a déclaré l’élue socialiste, soulignant que de nombreuses demandes avaient été faites par des habitants via des pétitions ou des mails, ainsi que par le Conseil communal. La conseillère Sophie Mayor avait en effet déposé un postulat en ce sens en mai 2024 et le préavis déposé par la Municipalité entend répondre à cette problématique.
De nombreuses rues impliquées
Certaines zones modérées déjà existantes feraient l’objet d’une consolidation. En effet, le dispositif minimal (panneaux et marquage par exemple) ne s’est pas révélé suffisant pour garantir des comportements adaptés. Les rues Edouard-Verdan, des Uttins, de Montagny et Roger-de-Guimps sont concernées, tout comme les rues de Saint-Georges et des Chasserons, la rue des Chaînettes, la rue du Canal, le quartier Buron, le chemin de Fontenay et du 24-janvier.
Parmi les nouvelles zones étudiées, citons les quartiers Bellevue/Floreyres, Montchoisi, le quartier Calamin, Champs-Lovats le quartier Hôpital et le quartier des Quatre-Marroniers, ainsi que les villages de Sermuz et Gressy. Des zones de rencontre, limitées à 20 km/h avec priorité aux piétons, seront aussi créées «de manière très localisée». La Municipalité cite les petites rues de quartier sans aménagements pour les piétons, les abords des écoles ou certaines zones du centre-ville, à l’image des mesures déjà annoncées aux Casernes et dans le goulet du Casino.
Vers plus de sécurité
Dans ces 2,8 millions à valider par le Conseil communal sont compris 2 069 000 pour un crédit d’investissement pour les travaux liés à la consolidation des zones modérées existantes et au déploiement progressif des zones modérées dans les quartiers de la ville. Plus en détail, l’objectif est premièrement d’améliorer la sécurité routière: en passant de 50 à 30 km/h, on réduirait d’au moins un tiers les accidents graves. La raison? Un meilleur angle de vision et la réduction de la distance de freinage. Il a aussi été démontré que réduire les écarts de vitesse entre automobilistes, cyclistes et piétons offre de véritables résultats en termes de sécurité, de santé publique et de qualité des espaces publics. Le trafic serait par ailleurs fluidifié, selon des études.
Un autre objectif est de viser la convivialité des quartiers et la dynamisation de l’espace urbain: «La rue n’est plus vue seulement comme un lieu de passage, mais également comme un lieu de vie. Des arbres peuvent également être plantés sur les espaces libérés et donc contribuer à lutter contre les îlots de chaleur.»
Moins de bruit
Les 740 000 francs restants sont pour une demande de crédit d’étude pour financer les études relatives au déploiement des zones modérées, mais aussi pour l’actualisation des études relatives à l’assainissement du bruit routier. En passant de 50 à 30 km/h, on diminuerait les nuisances de 3 décibels en moyenne. Cela constitue par ailleurs une mise en œuvre partielle des mesures prévues dans le cadre de l’assainissement du bruit routier. En effet, ceci est une exigence de l’Ordonnance sur la protection contre le bruit (OPB) à laquelle la Ville d’Yverdon-les-Bains, comme toutes les autres collectivités publiques, doit se conformer. Une étude permettra d’identifier les rues sur lesquelles des mesures supplémentaires devront être prises pour respecter les normes en la matière.
Pas trop de bancs!
Concernant la démarche participative de la rue du Canal, qui fait aussi l’objet du préavis, l’aménagement définitif de la rue est en cours. «On a relevé que le stationnement était important pour les riverains. Il a aussi été noté que les gens n’ont pas envie d’avoir trop de bancs devant chez eux, donc la version finale comportera davantage de bacs et de végétalisation, et moins d’assises.»
La démarche avait reçu l’aval du Conseil communal en 2021 au titre d’une des quatre stratégies sectorielles de la vision directrice de mobilité durable. Elle s’inscrit également dans le cadre des objectifs des Plans climat vaudois et yverdonnois, en termes de réduction d’émissions des gaz à effet de serre, ainsi que du Projet d’agglomération. À noter également qu’en 2022, la législation fédérale a été adaptée afin de faciliter la mise en œuvre des zones de modération sur les axes qui ne sont pas dédiés prioritairement au trafic. Le préavis pourrait être débattu au Conseil communal cet été.
Trois types de zones déployés
Il existe trois types de zones de modération, rappelait Benoît Corday, responsable mobilité au sein du MEI (mobilité, environnement et infrastructures): la zone 30, la zone de rencontre (20 km/h) et la zone piétonne, telles que définies par l’Ordonnance sur la signalisation routière (OSR) et l’Ordonnance du DETEC sur les zones 30 et les zones de rencontre.
La zone 30 sera principalement déployée sur les rues de quartier et, parfois, sur les rues commerçantes. Les véhicules et les cycles y sont prioritaires. En général, il n’y a pas de passage pour les piétonnes et piétons excepté aux abords des écoles. Ces derniers peuvent donc traverser n’importe où, idéalement aux endroits offrant la meilleure visibilité. La priorité de droite est de rigueur aux carrefours.
Les zones de rencontre, limitées à 20 km/h avec priorité aux piétons, seront déployées de manière très localisée, dans les rues de quartier de faible gabarit sans aménagements pour les piétons notamment – cela est par exemple déjà le cas aux Chainettes et aux Isles –, et pour assurer la sécurité aux abords des écoles ou encore renforcer l’attractivité du centre-ville (mesures déjà annoncées aux Casernes et dans le goulet du Casino).
La rue des Moulins et sa dizaine d’opposants
La Région en parlait dans son édition du 6 février: la réfection de la rue des Moulins devait être le projet phare de la législature en matière de mobilité, avec de larges espaces pour les piétons et les vélos, de la verdure, et la disparition d’une bonne partie des places de parc. Mais il n’a pas séduit tous les riverains. «La réfection du trottoir et de la route est nécessaire. Mais il faut conserver l’alignement des tilleuls et renforcer cette ligne de végétation. On peut densifier le végétal et conserver le stationnement en épi si on introduit un sens unique», déclarait l’un d’eux. La dizaine d’opposants sont entendus un par un par la Municipalité dans le cadre des séances de conciliation. «On suit le processus normal, déclare Brenda Tuosto. On proposera ensuite des réponses aux oppositions.» Le préavis devrait arriver sur la table du Conseil communal cet automne.