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Vert de rage
© Michel Duperrex

Vert de rage

30 avril 2020 | Edition N°2726

Yverdon Sport est privé de promotion. Le président Mario Di Pietrantonio nage en plein cauchemar. «On me met un coup de poignard dans la gorge.»

Les mots qui sortent de la bouche de Mario Di Pietrantonio ne sont pas tendres. Son club, Yverdon Sport, vient d’être privé de cette promotion en Challenge League tant attendue et pourtant mille fois méritée sur le terrain jusqu’ici. L’Association suisse de football a décidé de stopper les championnats non professionnels et, surtout, de ne pas accorder de promotion en-dessous de la Challenge League… sauvant du coup de la relégation les équipes du deuxième échelon national (Chiasso est dernier à l’heure actuelle) menacées de culbute en Promotion League.

Le président yverdonnois est incrédule. Il ne comprend pas comment on peut essayer de relancer les championnats de Super League et de Challenge League dans les conditions du moment, «dans une telle crise». Comment il est possible «de prendre de tels risques» alors qu’il n’y aura pas relégué de Challenge League. «Si j’étais le président de Chiasso, je ferais jouer les vétérans», lance son homologue d’YS.

Et Mario Di Pietrantonio de préciser sa pensée: «Cette décision est d’une imbécillité totale. C’est la pire variante qui existe. C’est un cauchemar. Je n’ai pas encore réalisé, débite-t-il, vert de rage. Ces championnats de l’élite ne devraient jamais recommencer. Et moi, je viens de mettre deux millions de francs dans le stade, deux autres pour le budget d’YS. Alors que des gens crèvent de faim, en pleine crise, on me dit prenez quatre millions et demi et mettez-les dans le feu de cheminée. On me met un coup de poignard dans la gorge.»

Quel avenir pour YS?

Le boss des Verts assure qu’il aurait compris qu’on lui refuse une promotion pour des raisons «justifiées, logiques». «J’aurai pu tout accepter, du moment que cela avait du sens. Dans un tel cas, je remobiliserais mon comité, les joueurs, et on redémarrerait pour la saison prochaine. Mais dans les conditions telles qu’annoncées, non.»

Le président d’YS est d’autant plus remonté qu’il a appris la nouvelle par voie de presse. «Quel est le club le plus lésé de Suisse à l’heure actuelle? Le mien. Moins on parle de moi, mieux je me porte, mais je m’attendais à un minimum de respect pour tous ceux qui, comme moi, mettent de leur poche. L’argent investi, c’est le mien. Pas celui d’un grand groupe.»

Après deux mois de confinement, Mario Di Pietrantonio fait le constat que les choses sont devenues bien tristes, que les gens ont besoin de pratiquer, de voir du sport. Et plutôt que de recevoir de quoi l’encourager à poursuivre le travail, il constate qu’on «appuie encore plus fort». «Les gens qui ont pris ces décisions n’aiment pas le sport. C’est la mise à mort d’un club. Vais-je recourir? Honnêtement, là, je n’ai même pas envie de discuter avec ces gens. Je ne vais pas tendre la deuxième joue. Je préfère donner à ceux qui crèvent de faim.»

 

Développement dans notre édition papier.

Manuel Gremion