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Verte et mûre pour la présidence

23 juillet 2014

Fraîchement élue à la tête du Conseil communal d’Yverdon-les-Bains, Carmen Tanner s’engage totalement pour la cause environnementale.

A l’heure de l’interview, Carmen Tanner déguste son thé... vert, bien évidemment.

A l’heure de l’interview, Carmen Tanner déguste son thé… vert, bien évidemment.

A 32 ans seulement, Carmen Tanner entame un nouveau défi politique, qui consiste à assurer, une année durant, la présidence du Conseil communal d’Yverdon-les-Bains. Alors, fidèle à ses principes, la jeune femme se prépare méticuleusement dans l’optique de la rentrée. «Je me suis fabriqué un memory avec les 100 conseillers et je visionne les dernières séances», déclare- t-elle.

Elle voit dans ce mandat qui lui est confié une bonne opportunité de «faire évoluer son engagement civique », sans cacher qu’au départ, l’hésitation était de mise. «Je ne me retrouve pas forcément dans le côté très procédurier. Cependant, les élections au Bureau ont eu lieu au moment de la révolution du Printemps arabe. Je me suis alors dit que j’avais une chance de pouvoir participer au bon fonctionnement d’une démocratie où tout va bien», relève-t-elle. Carmen Tanner se réjouit aussi de découvrir la commune sous un autre angle, de sortir des cercles qu’elle connaît et de rencontrer les sociétés locales, «les gens qui font Yverdon et prennent part à la vie dans cette ville».

La Verte a élu domicile dans la Cité thermale dans une colocation avec des copines à l’âge de 20 ans. Elle y habite désormais avec son ami, avec lequel elle est en couple depuis douze ans. «Nous avons racheté la maison de ses parents et l’avons rénovée avec des matériaux durables», précise-t-elle.

«Je crois que j’ai toujours eu ce fond de révolte lié aux problèmes environnementaux», indique Carmen Tanner, un exemple criant à l’appui : «A l’âge de 8 ou 10 ans, j’ai été choquée de voir des déchets dans les champs. J’ai donc réalisé vingt fois le même dessin pour sensibiliser mes amis».

Celle qui se faisait appeler «camarade » à l’école a fait ses premiers pas dans la politique au sein du Conseil des délégués du Gymnase d’Yverdon- les-Bains. A 18 ans, elle a rejoint le Conseil général de Mathod. «Je trouvais important de voir ce qui se passait dans mon village. Cela n’a pas été évident, je ne comprenais rien», se souvient-elle.

Au grand dam de son papa

Au bénéfice d’une formation en sciences sociales de l’Université de Lausanne, Carmen Tanner estime que sa volonté de s’engager civiquement est héréditaire. «Mon grandpapa était municipal à Essertines et mon père, syndicaliste. Dans les familles de mes parents, les gens s’impliquent pour la communauté», remarque- t-elle.

Teintée de Vert, «une évidence, au grand dam de mon papa socialiste», plaisante-t-elle, sa mobilisation politique lui permet de donner une autre dimension à son investissement pour l’environnement. «J’avais besoin de faire plus que des gestes dans la vie de tous les jours, comme les achats durables ou le fait de privilégier les déplacements à vélo.»

Carmen Tanner fait son entrée au Conseil communal d’Yverdon-les-Bains à 24 ans, en même temps que d’autres élues de sa génération. «Je regardais avec intérêt la création du groupe des Verts qui s’est faite en automne 2005. Et là, je me suis décidée de manière plus officielle en m’inscrivant au parti et sur les listes. Au début, il y avait peu de jeunes femmes. On nous tirait les chaises aux séances de commission», s’amuse- t-elle.

D’abord membre du parti Solidarité et écologie, la jeune femme bascule chez les Verts, une nouvelle force politique bien décidée à ne pas faire que de la figuration. «Nous avions pour objectif de soumettre une motion ou un postulat à chaque séance du Conseil communal», indique Carmen Tanner, qui a déjà un certain nombre de luttes politiques à son actif. Elle cite notamment les dossiers des caméras de surveillance, de la route de contournement et de l’introduction de la taxe au sac. «L’abandon du projet des bassins nautiques constitue un grand succès, même si, en général, je défends une opposition constructive, où des alternatives sont proposées. En revanche, je nourris des regrets concernant le rejet de ma motion pour la création d’un écoquartier à Coteau-Est», ajoute-t-elle.

Verte de parti, Carmen Tanner l’est aussi d’un point de vue professionnel, puisqu’elle travaille depuis 3 ans comme responsable des programmes jeunes et enfants au sein du WWF Suisse romande. Hormis les questions environnementales, la mobilité et la sécurité sont ses autres chevaux de bataille. Des inclinations étroitement liées à son passé. «A quinze ans, je me suis faite shooter par une voiture. J’ai eu un pied arraché et me suis retrouvée en chaise roulante pendant deux à trois mois. On ne pensait pas que j’allais remarcher un jour.» Son post-grade en urbanisme en poche depuis le début de cette année, elle n’exclut pas de se reconvertir professionnellement dans ce domaine, précisément pour l’impact qu’il exerce sur la mobilité.

Le profil de milicienne de Carmen Tanner se complète par sa qualité de membre du comité de l’association Pro Vélo et de représentante nordvaudoise au comité de l’Association transports et environnement Vaud. Elle veille toutefois à garder du temps pour la course à pied et ses amis. Quant aux voyages, elle trouve «important d’aller voir ce qui se passe dans d’autres pays», à condition d’utiliser un minimum l’avion. Son expérience à la tête du conseil lui donnera une corde supplémentaire à son arc pour les élections cantonales -elle a déjà tenté sans succès de rejoindre le Grand Conseil- ou pour, qui sait, briguer un siège à la Municipalité, même si elle avoue ne pas penser, pour l’heure, à ces échéances électorales.

Ludovic Pillonel